Texte grec :
[34] πλὴν ὑπ' οὐδενὸς ἐκινήθη τῶν τοιούτων ὁ Περικλῆς, ἀλλὰ πρᾴως
καὶ σιωπῇ τὴν ἀδοξίαν καὶ τὴν ἀπέχθειαν ὑφιστάμενος, καὶ νεῶν ἑκατὸν
ἐπὶ τὴν Πελοπόννησον στόλον ἐκπέμπῶν αὐτὸς οὐ συνεξέπλευσεν, ἀλλ'
ἔμεινεν οἰκουρῶν καὶ διὰ χειρὸς ἔχων τὴν πόλιν, ἕως ἀπηλλάγησαν οἱ
Πελοποννήσιοι. θεραπεύων δὲ τοὺς πολλοὺς ὅμως ἀσχάλλοντας ἐπὶ τῷ
πολέμῳ, διανομαῖς τε χρημάτων ἀνελάμβανε καὶ κληρουχίας ἔγραφεν·
Αἰγινήτας γὰρ ἐξελάσας ἅπαντας διένειμε τὴν νῆσον Ἀθηναίων τοῖς
λαχοῦσιν. ἦν δέ τις παρηγορία καὶ ἀφ' ὧν ἔπασχον οἱ πολέμιοι. (2) καὶ γὰρ
οἱ περιπλέοντες τὴν Πελοπόννησον χώραν τε πολλὴν κώμας τε καὶ
πόλεις μικρὰς διεπόρθησαν, καὶ κατὰ γῆν αὐτὸς ἐμβαλὼν εἰς τὴν
Μεγαρικὴν ἔφθειρε πᾶσαν. ᾗ καὶ δῆλον ἦν ὅτι πολλὰ μὲν δρῶντες κατὰ
γῆν κακὰ τοὺς Ἀθηναίους, πολλὰ δὲ πάσχοντες ὑπ' ἐκείνων ἐκ θαλάττης,
οὐκ ἂν εἰς μῆκος πολέμου τοσοῦτον προὔβησαν, ἀλλὰ ταχέως ἀπεῖπον,
ὥσπερ ἐξ ἀρχῆς ὁ Περικλῆς προηγόρευσεν, εἰ μή τι δαιμόνιον
ὑπηναντιώθη τοῖς ἀνθρωπίνοις λογισμοῖς. (3) νῦν δὲ πρῶτον μὲν ἡ
λοιμώδης ἐνέπεσε φθορὰ καὶ κατενεμήθη τὴν ἀκμάζουσαν ἡλικίαν καὶ
δύναμιν· ὑφ' ἧς καὶ τὰ σώματα κακούμενοι καὶ τὰς ψυχὰς παντάπασιν
ἠγριώθησαν πρὸς τὸν Περικλέα, καὶ καθάπερ ἰατρὸν ἢ πατέρα τῇ νόσῳ
παραφρονήσαντες ἀδικεῖν ἐπεχείρησαν, ἀναπεισθέντες ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν
ὡς τὴν μὲν νόσον ἡ τοῦ χωριτικοῦ πλήθους εἰς τὸ ἄστυ συμφόρησις
ἀπεργάζεται, (4) θέρους ὥρᾳ πολλῶν ὁμοῦ χύδην ἐν οἰκήμασι μικροῖς καὶ
σκηνώμασι πνιγηροῖς ἠναγκασμένων διαιτᾶσθαι δίαιταν οἰκουρὸν καὶ
ἀργὴν ἀντὶ καθαρᾶς καὶ ἀναπεπταμένης τῆς πρότερον, τούτου δ' αἴτιος ὁ
τῷ πολέμῳ τὸν ἀπὸ τῆς χώρας ὄχλον εἰς τὰ τείχη καταχεάμενος καὶ πρὸς
οὐδὲν ἀνθρώποις τοσούτοις χρώμενος, ἀλλ' ἐῶν ὥσπερ βοσκήματα
καθειργμένους ἀναπίμπλασθαι φθορᾶς ἀπ' ἀλλήλων, καὶ μηδεμίαν
μεταβολὴν μηδ' ἀναψυχὴν ἐκπορίζων.
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Traduction française :
[34] XXXIV. Mais rien ne put émouvoir Périclès ; supportant avec calme et en silence les injures
de ses ennemis, il fit partir pour le Péloponnèse une flotte de cent vaisseaux ; et, au lieu d'en
prendre le commandement, il se tint tranquille dans sa maison, afin de contenir la ville jusqu'à
ce que les Péloponnésiens se fussent retirés. En attendant, pour consoler le peuple, affligé de
cette guerre, et pour soutenir son courage, il lui fit des distributions d'argent et de terres. Il
chassa les Eginètes de leurs îles, et en distribua le territoire, par la voie du sort, à des citoyens
d'Athènes. Ils avaient encore un motif de consolation dans ce que souffraient leurs ennemis.
La flotte envoyée dans le Péloponnèse avait ravagé une grande étendue de pays, et ruiné
beaucoup de bourgs et de petites villes ; Périclès lui-même, étant entré par terre dans le pays
des Mégariens, y mit tout à feu et à sang. Les ennemis, à qui les Athéniens faisaient
autant de mal sur mer qu'ils en souffraient eux-mêmes par terre, n'auraient pas soutenu si
longtemps cette guerre ruineuse, et s'en seraient lassés beaucoup plus tôt, comme Périclès
l'avait annoncé dès le commencement, si une puissance surnaturelle n'eût rendu inutiles
tous les conseils de la prudence humaine.
D'abord une peste cruelle vint affliger la ville, et, en moissonnant la fleur de la jeunesse, elle
affaiblit sensiblement les forces des citoyens. La maladie affecta tout à la fois les corps
et les esprits : les Athéniens s'aigrirent tellement contre Périclès, que, semblables à des
frénétiques qui s'emportent contre leur médecin ou contre leur père, ils le traitèrent avec la
dernière injustice. Une telle conduite leur était inspirée par ses ennemis, qui attribuaient cette
contagion à la multitude des habitants des bourgs qui s'étaient retirés dans la ville, et qui,
accoutumés à respirer un air libre et pur, se trouvaient, au fort de l'été, entassés pêle-mêle
dans de petites maisons et sous des tentes étouffées, où ils passaient des journées entières. Ils
en rejetaient la faute sur celui qui, pendant la guerre, avait, disaient-ils, attiré dans leurs murs
ce déluge de gens de campagne qu'il n'employait à rien, qu'il tenait renfermés comme des
troupeaux, et qu'il laissait s'infecter les uns les autres sans leur procurer aucun changement de
situation, sans leur donner aucun rafraîchissement.
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