Texte grec :
[5] τοῦτον ὑπερφυῶς τὸν ἄνδρα θαυμάσας ὁ Περικλῆς καὶ τῆς
λεγομένης μετεωρολογίας καὶ μεταρσιολεσχίας ὑποπιμπλάμενος, οὐ
μόνον, ὡς ἔοικε, τὸ φρόνημα σοβαρὸν καὶ τὸν λόγον ὑψηλὸν εἶχε καὶ
καθαρὸν ὀχλικῆς καὶ πανούργου βωμολοχίας, ἀλλὰ καὶ προσώπου
σύστασις ἄθρυπτος εἰς γέλωτα καὶ πρᾳότης πορείας καὶ καταστολὴ
περιβολῆς πρὸς οὐδὲν ἐκταραττομένη πάθος ἐν τῷ λέγειν καὶ πλάσμα
φωνῆς ἀθόρυβον, καὶ ὅσα τοιαῦτα πάντας θαυμαστῶς ἐξέπληττε. (2)
λοιδορούμενος γοῦν ποτε καὶ κακῶς ἀκούων ὑπό τινος τῶν βδελυρῶν καὶ
ἀκολάστων ὅλην ἡμέραν ὑπέμεινε σιωπῇ κατ' ἀγοράν, ἅμα τι τῶν
ἐπειγόντων καταπραττόμενος· ἑσπέρας δ' ἀπῄει κοσμίως οἴκαδε
παρακολουθοῦντος τοῦ ἀνθρώπου καὶ πάσῃ χρωμένου βλασφημίᾳ πρὸς
αὐτόν. (3) ὡς δ' ἔμελλεν εἰσιέναι σκότους ὄντος ἤδη, προσέταξέ τινι τῶν
οἰκετῶν φῶς λαβόντι παραπέμψαι καὶ καταστῆσαι πρὸς τὴν οἰκίαν τὸν
ἄνθρωπον. ὁ δὲ ποιητὴς Ἴων μοθωνικήν φησι τὴν ὁμιλίαν καὶ ὑπότυφον
εἶναι τοῦ Περικλέους, καὶ ταῖς μεγαλαυχίαις αὐτοῦ πολλὴν ὑπεροψίαν
ἀναμεμῖχθαι καὶ περιφρόνησιν τῶν ἄλλων· ἐπαινεῖ δὲ τὸ Κίμωνος
ἐμμελὲς καὶ ὑγρὸν καὶ μεμουσωμένον ἐν ταῖς περιφοραῖς. (4) ἀλλ' Ἴωνα
μέν, ὥσπερ τραγικὴν διδασκαλίαν, ἀξιοῦντα τὴν ἀρετὴν ἔχειν τι πάντως
καὶ σατυρικὸν μέρος ἐῶμεν· τοὺς δὲ τοῦ Περικλέους τὴν σεμνότητα
δοξοκοπίαν τε καὶ τῦφον ἀποκαλοῦντας ὁ Ζήνων παρεκάλει καὶ αὐτούς τι
τοιοῦτο δοξοκοπεῖν, ὡς τῆς προσποιήσεως αὐτῆς τῶν καλῶν ὑποποιούσης
τινὰ λεληθότως ζῆλον καὶ συνήθειαν.
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Traduction française :
[5] V. Mais l'ami le plus intime de Périclès, celui qui contribua le plus à lui donner cette
élévation, cette fierté de sentiments peu appropriées, il est vrai, à un gouvernement populaire,
celui enfin qui lui inspira cette grandeur d'âme qui le distinguait, cette dignité qu'il faisait
éclater dans toute sa conduite, ce fut Anaxagore de Clazomène, que ses contemporains
appelaient l'Intelligence, soit par admiration pour ses connaissances sublimes et sa
subtilité à pénétrer les secrets de la nature, soit parce qu'il avait le premier établi pour principe
de la formation du monde, non le hasard ou la nécessité, mais une intelligence pure et simple
qui avait tiré du chaos les substances homogènes. Pénétré de l'estime la plus profonde pour ce
grand personnage, instruit à son école dans la connaissance des sciences naturelles et des
phénomènes célestes, Périclès puisa dans son commerce non seulement une élévation d'esprit,
une éloquence sublime, éloignée de l'affectation et de la bassesse du style populaire, mais
encore un extérieur grave et sévère que le rire ne tempérait jamais, une démarche ferme et
tranquille, un son de voix toujours égal, une modestie dans son port, dans son geste et dans
son habillement, que l'action la plus véhémente, lorsqu'il parlait en public, ne pouvait jamais
altérer. Ces qualités, relevées par beaucoup d'autres, frappaient tout le inonde d'admiration.
On raconte qu'étant insulté par un homme bas et insolent, qui ne cessa, durant toute une
journée, de lui dire des injures, il les supporta patiemment sans lui répondre un seul mot, et se
tint constamment dans la place à expédier les affaires pressées. Le soir il se retira
tranquillement chez lui, toujours suivi par cet homme, qui l'accablait d'injures. Quand il fut à
la porte de sa maison, comme il faisait déjà nuit, il commanda à un de ses esclaves de prendre
un flambeau et de reconduire cet homme chez lui. Le poète Ion dit pourtant que son ton et
ses manières respiraient l'arrogance et la fierté ; qu'il mêlait à sa dignité beaucoup de hauteur
et de mépris pour les autres. Au contraire, il loue fort la politesse, la douceur et l'honnêteté de
Cimon dans le commerce de la vie. Mais laissons le poète Ion, qui veut que dans la vertu,
comme dans les tragédies, il y ait toujours une partie destinée à la satire. Quand Zénon
entendait quelqu'un traiter de faste et d'arrogance la gravité de Périclès, il l'exhortait à avoir
lui-même un pareil orgueil, et il l'assurait que cette imitation produirait en lui l'émulation et
l'habitude des bonnes choses.
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