HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Vie de Paul-Émile

πολλῶν



Texte grec :

[36] Οὐ μὴν ἀλλ´ ὁ Αἰμίλιος, ὀρθῶς λογιζόμενος ἀνδρείας καὶ θαρραλεότητος ἀνθρώποις οὐ πρὸς ὅπλα καὶ σαρίσας χρῆσιν εἶναι μόνον, ἀλλὰ πρὸς πᾶσαν ὁμαλῶς τύχης ἀντίστασιν, οὕτως ἡρμόσατο καὶ κατεκόσμησε τὴν τῶν παρόντων σύγκρασιν, ὥστε τοῖς ἀγαθοῖς τὰ φαῦλα καὶ τὰ οἰκεῖα τοῖς δημοσίοις ἐναφανισθέντα μὴ ταπεινῶσαι τὸ μέγεθος μηδὲ καθυβρίσαι τὸ ἀξίωμα τῆς νίκης. τὸν μὲν γὰρ πρότερον τῶν παίδων ἀποθανόντα θάψας εὐθὺς ἐθριάμβευσεν, ὡς λέλεκται· τοῦ δὲ δευτέρου μετὰ τὸν θρίαμβον τελευτήσαντος, συναγαγὼν εἰς ἐκκλησίαν τὸν Ῥωμαίων δῆμον, ἐχρήσατο λόγοις ἀνδρὸς οὐ δεομένου παραμυθίας, ἀλλὰ παραμυθουμένου τοὺς πολίτας, δυσπαθοῦντας ἐφ´ οἷς ἐκεῖνος ἐδυστύχησεν. ἔφη γάρ, ὅτι τῶν ἀνθρωπίνων οὐδὲν οὐδέποτε δείσας, τῶν δὲ θείων ὡς ἀπιστότατον καὶ ποικιλώτατον πρᾶγμα τὴν Τύχην ἀεὶ φοβηθείς, μάλιστα περὶ τοῦτον αὐτῆς τὸν πόλεμον ὥσπερ πνεύματος λαμπροῦ ταῖς πράξεσι παρούσης, διατελοίη μεταβολήν τινα καὶ παλίρροιαν προσδεχόμενος. „μιᾷ μὲν γὰρ“ εἶπεν „ἡμέρᾳ τὸν Ἰόνιον ἀπὸ Βρεντεσίου περάσας, εἰς Κέρκυραν κατήχθην· πεμπταῖος δ´ ἐκεῖθεν ἐν Δελφοῖς τῷ θεῷ θύσας, ἑτέραις αὖθις αὖ πέντε τὴν δύναμιν ἐν Μακεδονίᾳ παρέλαβον, καὶ τὸν εἰωθότα συντελέσας καθαρμὸν αὐτῆς καὶ τῶν πράξεων εὐθὺς ἐναρξάμενος, ἐν ἡμέραις ἄλλαις πεντεκαίδεκα τὸ κάλλιστον ἐπέθηκα τῷ πολέμῳ τέλος. ἀπιστῶν δὲ τῇ Τύχῃ διὰ τὴν εὔροιαν τῶν πραγμάτων, ὡς ἄδεια πολλὴ καὶ κίνδυνος οὐδεὶς ἦν ἀπὸ τῶν πολεμίων, μάλιστα κατὰ πλοῦν ἐδεδίειν τὴν μεταβολὴν τοῦ δαίμονος ἐπ´ εὐτυχίᾳ τοσαύτῃ, τοσοῦτον στρατὸν νενικηκότα καὶ λάφυρα καὶ βασιλεῖς αἰχμαλώτους κομίζων. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ σωθεὶς πρὸς ὑμᾶς, καὶ τὴν πόλιν ὁρῶν εὐφροσύνης καὶ ζήλου καὶ θυσιῶν γέμουσαν, ἔτι τὴν Τύχην δι´ ὑποψίας εἶχον, εἰδὼς οὐδὲν εἰλικρινὲς οὐδ´ ἀνεμέσητον ἀνθρώποις τῶν μεγάλων χαριζομένην. καὶ τοῦτον οὐ πρότερον ἡ ψυχὴ τὸν φόβον ὠδίνουσα καὶ περισκοπουμένη τὸ μέλλον ὑπὲρ τῆς πόλεως ἀφῆκεν, ἢ τηλικαύτῃ με προσπταῖσαι δυστυχίᾳ περὶ τὸν οἶκον, υἱῶν ἀρίστων, οὓς ἐμαυτῷ μόνους ἐλιπόμην διαδόχους, ταφὰς ἐπαλλήλους ἐν ἡμέραις ἱεραῖς μεταχειρισάμενον. νῦν οὖν ἀκίνδυνός εἰμι τὰ μέγιστα καὶ θαρρῶ, καὶ νομίζω τὴν Τύχην ὑμῖν παραμενεῖν ἀβλαβῆ καὶ βέβαιον. ἱκανῶς γὰρ ἐμοὶ καὶ τοῖς ἐμοῖς κακοῖς εἰς τὴν τῶν κατωρθωμένων ἀποκέχρηται νέμεσιν, οὐκ ἀφανέστερον ἔχουσα παράδειγμα τῆς ἀνθρωπίνης ἀσθενείας τοῦ θριαμβευομένου τὸν θριαμβεύοντα· πλὴν ὅτι Περσεὺς μὲν ἔχει καὶ νενικημένος τοὺς παῖδας, Αἰμίλιος δὲ τοὺς αὑτοῦ νικήσας ἀπέβαλεν.“

Traduction française :

[36] Cependant Paul-Émile, réfléchissant à bon droit que les hommes n'ont pas seulement à déployer du courage et de la hardiesse contre les armes et les piques, mais sans distinction contre tous les coups du sort, sut équilibrer si bien des circonstances adverses que le mal fut éclipsé par le bien et les deuils de famille par les avantages de l'État. Ainsi, la grandeur du triomphe ne fut pas amoindrie, ni le prestige de la victoire atténué. En tout cas, aussitôt après avoir enseveli le premier de ses enfants qui était mort, il triompha, comme je l'ai dit. Le second ayant succombé après le triomphe, il réunit en assemblée le peuple romain et lui tint le langage d'un homme qui n'avait pas besoin de consolation, mais, au contraire, consolait ses concitoyens affligés de sa propre infortune. Il dit d'abord que n'ayant jamais jusque-là rien craint des choses humaines, mais en revanche redoutant toujours ce qui, dans le domaine des affaires divines, est le plus douteux et le plus sujet aux vicissitudes, la Fortune, d'autant plus qu'en cette guerre elle n'avait cessé de le pousser en avant, comme un souffle favorable, il s'attendait toujours à un retournement et à un reflux. «Car en un seul jour, continua-t-il, ayant traversé la mer Ionienne, je suis passé de Brindes à Corcyre ; et, à cinq jours de là, j'ai été à Delphes, où j'ai sacrifié au dieu. Il m'a fallu cinq jours encore pour aller en Macédoine prendre le commandement de mon armée ; j'ai procédé à la purification habituelle et, commençant dès lors mon action, j'ai, en quinze autres jours, donné à la guerre le terme le plus glorieux. Je me méfiais de la Fortune précisément à cause de l'heureuse issue de ma campagne ; et, ma tranquillité assurée du côté des ennemis, qui n'étaient plus à craindre, je redoutais surtout, pendant la traversée, un retour offensif de la mauvaise chance, quand je ramenais une si grande armée victorieuse, du butin et des Rois prisonniers. Cependant, même arrivé chez nous sain et sauf, et voyant la Ville pleine de joie, d'enthousiasme et de sacrifices d'action de grâces, je tenais encore la Fortune en suspicion, car je sais qu'elle n'accorde aucun des grands biens dont elle dispose, dans toute sa pureté et hors des atteintes de l'envie. Et cette crainte, mon âme, pleine d'angoisse et qui envisageait avec inquiétude l'avenir de l'État, ne s'en est pas défaite avant que je ne me fusse heurté à un si grand désastre pour ma famille : j'ai dû, coup sur coup, préparer, dans ces jours sacrés, les funérailles de fils parfaits, les seuls que je me réservais comme héritiers de mon nom. Me voilà donc maintenant à l'abri des plus grands dangers ; je reprends courage, et je crois que la Fortune vous restera fidèle et hors d'atteinte. C'en est assez de mes malheurs ; en épuisant ses coups sur moi, elle a pris sa revanche de mes succès. Elle possède un exemple non moins éclatant de la faiblesse humaine dans le triomphateur que dans le captif mené en triomphe, sauf que Persée, même vaincu, garde ses enfants, et que Paul-Émile vainqueur a perdu les siens. »





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Dernière mise à jour : 24/08/2005