HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Vie de Paul-Émile

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] Ἀντίγονος μέγιστον δυνηθεὶς τῶν Ἀλεξάνδρου διαδόχων καὶ στρατηγῶν, κτησάμενος ἑαυτῷ καὶ γένει τὴν τοῦ βασιλέως προσηγορίαν, υἱὸν ἔσχε Δημήτριον, οὗ παῖς Ἀντίγονος ἦν Γονατᾶς ἐπονομασθείς· τούτου δὲ Δημήτριος, ὃς αὐτός τε βασιλεύσας χρόνον οὐ πολύν, υἱόν τε παῖδα τὴν ἡλικίαν ἀπολιπὼν Φίλιππον, ἐτελεύτησε. δείσαντες δὲ τὴν ἀναρχίαν οἱ πρῶτοι Μακεδόνων Ἀντίγονον ἐπάγονται, τοῦ τεθνηκότος ἀνεψιὸν ὄντα, καὶ συνοικίσαντες αὐτῷ τὴν μητέρα τοῦ Φιλίππου, πρῶτον μὲν ἐπίτροπον καὶ στρατηγόν, εἶτα πειρώμενοι μετρίου καὶ κοινωφελοῦς βασιλέα προσηγόρευσαν· ἐπεκλήθη δὲ Δώσων ὡς ἐπαγγελτικὸς μέν, οὐ τελεσιουργὸς δὲ τῶν ὑποσχέσεων. μετὰ τοῦτον βασιλεύσας Φίλιππος ἤνθησεν ἐν τοῖς μάλιστα τῶν βασιλέων ἔτι μειράκιον ὤν, καὶ δόξαν ἔσχεν ὡς ἀναστήσων Μακεδονίαν εἰς τὸ παλαιὸν ἀξίωμα, καὶ μόνος ἐπὶ πάντας ἤδη τὴν Ῥωμαίων δύναμιν αἰρομένην καθέξων. ἡττηθεὶς δὲ μεγάλῃ μάχῃ περὶ Σκοτοῦσσαν ὑπὸ Τίτου Φλαμινίνου, τότε μὲν ἔπτηξε καὶ πάντα τὰ καθ´ ἑαυτὸν ἐπέτρεψε Ῥωμαίοις, καὶ τυχὼν ἐπιτιμήσεως μετρίας ἠγάπησεν. ὕστερον δὲ βαρέως φέρων, καὶ τὸ βασιλεύειν χάριτι Ῥωμαίων ἡγούμενος αἰχμαλώτου τρυφὴν ἀγαπῶντος εἶναι μᾶλλον φρόνημα καὶ θυμὸν ἔχοντος ἀνδρός, ἐπεῖχε τῷ πολέμῳ τὴν γνώμην καὶ συνετάττετο λάθρα καὶ πανούργως. τῶν γὰρ πόλεων τὰς ἐνοδίους καὶ παραθαλαττίους ἀσθενεῖς γενομένας περιορῶν καὶ ὑπερήμους ὡς καταφρονεῖσθαι, πολλὴν ἄνω συνῆγε δύναμιν, καὶ τὰ μεσόγεια χωρία καὶ φρούρια καὶ πόλεις ὅπλων καὶ χρημάτων πολλῶν καὶ σωμάτων ἀκμαζόντων ἐμπεπληκώς, ἐσωμάσκει τὸν πόλεμον καὶ συνεῖχεν ὥσπερ ἐγκεκρυμμένον ἀδήλως. ὅπλων μὲν γὰρ ἀργούντων ἀπέκειντο τρεῖς μυριάδες, ὀκτακόσιαι δὲ σίτου μεδίμνων ἦσαν ἐγκατῳκοδομημένου τοῖς τείχεσι, χρημάτων δὲ πλῆθος ὅσον ἤρκει μισθοφόρους ἔτη δέκα μυρίους τρέφειν προπολεμοῦντας τῆς χώρας. ἀλλ´ ἐκεῖνος μὲν οὐκ ἔφθη ταῦτα κινῆσαι καὶ προαγαγεῖν εἰς ἔργον, ὑπὸ λύπης καὶ δυσθυμίας προέμενος τὸν βίον· ἔγνω γὰρ ἀδίκως τὸν ἕτερον τῶν υἱῶν Δημήτριον ἐκ διαβολῆς τοῦ χείρονος ἀνῃρηκώς. δ´ ὑπολειπόμενος υἱὸς αὐτοῦ Περσεὺς ἅμα τῇ βασιλείᾳ διεδέξατο τὴν πρὸς Ῥωμαίους ἔχθραν, οὐκ ὢν ἐχέγγυος διενεγκεῖν διὰ μικρότητα καὶ μοχθηρίαν ἤθους, ἐν παθῶν τε παντοδαπῶν καὶ νοσημάτων ἐνόντων ἐπρώτευεν φιλαργυρία. λέγεται δὲ μηδὲ γνήσιος φῦναι, λαβεῖν δ´ αὐτὸν συνοικοῦσα τῷ Φιλίππῳ νεογνὸν ἀκεστρίας τινὸς Ἀργολικῆς Γναθαινίου τοὔνομα τεκούσης, καὶ λαθεῖν ὑποβαλομένη. δι´ καὶ μάλιστα δοκεῖ τὸν Δημήτριον φοβηθεὶς ἀποκτεῖναι, μὴ γνήσιον ἔχων οἶκος διάδοχον ἀποκαλύψῃ τὴν ἐκείνου νοθείαν. [8] Antigone, le plus puissant des successeurs et des lieutenants d’Alexandre, s’était assuré, pour lui et ses descendants, le titre de Roi. Il eut pour fils Démétrios, dont le fils fut Antigone, surnommé Gonatas, dont vint Démétrios qui, ayant lui-même régné peu de temps, mourut en laissant un fils en bas âge, Philippe. Redoutant l’anarchie, les grands de Macédoine appelèrent Antigone, qui était le cousin du défunt, et lui firent épouser la mère de Philippe. Ils le nommèrent d’abord régent et généralissime ; puis, éprouvant sa modération et son souci du bien public, Roi. Il fut surnommé Doson (celui qui donnera), parce qu’il faisait des promesses sans les tenir. Après lui Philippe régna. Il eut d’abord un règne des plus prospères, étant encore un tout jeune homme, et donna à penser qu’il rendrait à la Macédoine son rang d’autrefois, et contiendrait à lui seul la puissance des Romains, qui déjà se dressait contre tous les peuples. Mais, vaincu dans un grand combat à Scotusse, par Titus Flamininus, il prit peur, livra toutes ses possessions aux Romains et s’estima heureux d’en être quitte pour une sanction bénigne. Plus tard, se résignant mal à cette situation et comprenant que régner par la grâce des Romains, c’était bon pour un captif épris des douceurs de la vie et non pour un homme doué d’intelligence et de coeur, il porta ses vues sur la guerre, qu’il se mit à préparer en secret, avec toutes les précautions possibles. Laissant affaiblies et presque désertes, pour que l’ennemi les méprisât, les villes situées sur les grandes routes et sur les bords de la mer, il réunit, dans la partie haute du royaume, des troupes considérables. Il remplit les régions intérieures, les forteresses et les villes, d’armes, d’argent et d’hommes pleins de vigueur. Il engraissait la guerre et la tenait, pour ainsi, dire, cachée dans l’ombre. Il avait trente mille armures qui ne faisaient rien pour le moment, huit millions de médimnes de blé en réserve dans ses magasins, et assez d’argent pour entretenir, pendant dix ans, dix mille mercenaires destinés à défendre le pays. Mais il n’eut pas le temps de mettre ces ressources en branle et en action, le chagrin et le découragement ayant hâté la fin de sa vie ; car il reconnut avoir injustement sacrifié l’un de ses fils, Démétrios, aux calomnies de l’autre, celui qui valait le moins. Le survivant, Persée, reçut en héritage, avec le trône, la haine de son père pour les Romains, sans être capable d’en porter le poids, à cause de la petitesse et de la mesquinerie d’un caractère où, entre des vices et des passions de toute sorte, dominait l’avarice. On dit qu’il n’était même pas de naissance royale et que sa mère, une couturière d’Argolide, nommée Gnaethénion, l’avait cédé, tout nouveau-né, à la femme de Philippe, qui le présenta comme son propre fils. C’est le principal motif pour lequel il semble avoir causé la mort de Démétrios, dans la crainte que la famille royale, ayant un héritier légitime, ne découvrît sa bâtardise, à lui.


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Dernière mise à jour : 24/08/2005