[6] Ὁ δ´ Αἰμίλιος ὕπατος ἀποδειχθεὶς ἐστράτευσεν ἐπὶ τοὺς παραλπίους
Λίγυας, οὓς ἔνιοι καὶ Λιγυστίνους ὀνομάζουσι, μάχιμον καὶ θυμοειδὲς
ἔθνος, ἐμπείρως δὲ πολεμεῖν διδασκόμενον ὑπὸ Ῥωμαίων διὰ τὴν γειτνίασιν.
τὰ γὰρ ἔσχατα τῆς Ἰταλίας καὶ καταλήγοντα πρὸς τὰς Ἄλπεις αὐτῶν
τε τῶν Ἄλπεων τὰ κλυζόμενα τῷ Τυρρηνικῷ πελάγει καὶ πρὸς τὴν
Λιβύην ἀνταίροντα νέμονται, μεμειγμένοι Γαλάταις καὶ τοῖς παραλίοις
Ἰβήρων. τότε δὲ καὶ τῆς θαλάσσης ἁψάμενοι, σκάφεσι πειρατικοῖς ἀφῃροῦντο
καὶ περιέκοπτον τὰς ἐμπορίας, ἄχρι στηλῶν Ἡρακλείων ἀναπλέοντες.
ἐπιόντος οὖν τοῦ Αἰμιλίου, τετρακισμύριοι γενόμενοι τὸ πλῆθος
ὑπέστησαν· ὁ δὲ τοὺς σύμπαντας ὀκτακισχιλίους ἔχων πενταπλασίοις
οὖσιν αὐτοῖς συνέβαλε, καὶ τρεψάμενος καὶ κατακλείσας εἰς τὰ τείχη,
διέδωκε λόγον φιλάνθρωπον καὶ συμβατικόν· οὐ γὰρ ἦν βουλομένοις τοῖς
Ῥωμαίοις παντάπασιν ἐκκόψαι τὸ Λιγύων ἔθνος, ὥσπερ ἕρκος ἢ πρόβολον
ἐμποδὼν κείμενον τοῖς Γαλατικοῖς κινήμασιν, ἐπαιωρουμένοις ἀεὶ περὶ
τὴν Ἰταλίαν. πιστεύσαντες οὖν τῷ Αἰμιλίῳ τάς τε ναῦς καὶ τὰς πόλεις
ἐνεχείρισαν. ὁ δὲ τὰς μὲν πόλεις οὐδὲν ἀδικήσας, ἢ μόνον τὰ τείχη περιελών,
ἀπέδωκε, τὰς δὲ ναῦς ἁπάσας ἀφείλετο, καὶ πλοῖον οὐδὲν αὐτοῖς
τρισκάλμου μεῖζον ἀπέλιπε· τοὺς δ´ ἡλωκότας ὑπ´ αὐτῶν κατὰ γῆν ἢ
κατὰ θάλατταν ἀνεσώσατο πολλοὺς καὶ ξένους καὶ Ῥωμαίους εὑρεθέντας.
ἐκείνη μὲν οὖν ἡ ὑπατεία τὰς εἰρημένας πράξεις ἐπιφανεῖς ἔσχεν.
Ὕστερον δὲ πολλάκις ποιήσας φανερὸν αὑτὸν αὖθις ὑπατεῦσαι βουλόμενον,
καί ποτε καὶ παραγγείλας, ὡς ἀπέτυχε καὶ παρώφθη, τὸ λοιπὸν
ἡσυχίαν εἶχε, τῶν ἱερῶν ἐπιμελούμενος, καὶ τοὺς παῖδας ἀσκῶν τὴν μὲν
ἐπιχώριον παιδείαν καὶ πάτριον ὥσπερ αὐτὸς ἤσκητο, τὴν δ´ Ἑλληνικὴν
φιλοτιμότερον. οὐ γὰρ μόνον γραμματικοὶ καὶ σοφισταὶ καὶ ῥήτορες, ἀλλὰ
καὶ πλάσται καὶ ζωγράφοι καὶ πώλων καὶ σκυλάκων ἐπιστάται καὶ διδάσκαλοι
θήρας Ἕλληνες ἦσαν περὶ τοὺς νεανίσκους. ὁ δὲ πατήρ, εἰ μή τι
δημόσιον ἐμποδὼν εἴη, παρῆν ἀεὶ μελετῶσι καὶ γυμναζομένοις, φιλοτεκνότατος
Ῥωμαίων γενόμενος.
| [6] Paul-Emile, élu consul, fit une expédition contre les Ligures, nation limitrophe des Alpes,
que quelques-uns appellent aussi Ligustins. C’était une race guerrière et passionnée, à
qui le voisinage des Romains apprit la tactique. Les Ligures habitent les confins de l’Italie,
qui expirent aux Alpes, et, dans les Alpes mêmes, les régions baignées par la mer
Tyrrhénienne et qui regardent vers l’Afrique ; ils sont mêlés aux Gaulois et aux Ibères
établis sur la côte. Mais alors, passant la mer sur des barques de pirates, ils ruinaient le
commerce par leurs pillages jusqu’aux colonnes d’Hercule. Lors de l’invasion de Paul-Emile,
ils lui opposèrent la résistance de quarante mille hommes. Il n’avait en tout que huit mille
soldats pour s’attaquer à des effectifs cinq fois supérieurs. Il les attaqua pourtant, les défit, et
les cerna dans leurs remparts. Il leur fit ensuite des ouvertures pleines de bienveillance en vue
d’une conciliation ; car il n’était pas dans la volonté des Romains d’anéantir la nation ligure,
qu’ils considéraient comme une barrière ou une palissade dressée pour arrêter les
mouvements des Gaulois, peuple toujours en effervescence autour de l’Italie. Ils eurent donc
confiance en Paul-Emile, auquel ils remirent leurs vaisseaux et leurs villes. Lui, sans avoir fait
d’autre mal aux villes que de raser les remparts, les leur rendit ; quant aux vaisseaux, il les
leur ôta tous absolument et ne leur laissa pas d’embarcations plus grandes que des barques à
trois rangs de rames. Pour les prisonniers qu’ils avaient faits sur terre et sur mer, il les
libéra tous, et il en trouva beaucoup, tant Grecs que Romains. Ce consulat eut donc de
remarquables les actions que j’ai dites. Par la suite, il fit voir souvent son désir de redevenir
consul et posa même sa candidature une fois. Il échoua, et, après cette déconvenue, resta
tranquille le reste du temps, s’occupant de ses fonctions sacerdotales et donnant à ses enfants
la même éducation nationale et traditionnelle qu’il avait reçue. Il leur dispensait aussi la
culture grecque avec plus de zèle encore. Car il entretenait autour de ces jeunes gens non
seulement des grammairiens, des sophistes et des rhéteurs, mais encore des sculpteurs, des
peintres, des dresseurs de chevaux et de chiens, des maîtres de vénerie, tous Grecs. Et le père,
à moins d’être retenu par une affaire d’Etat, assistait toujours aux leçons et aux exercices,
étant, de tous les Romains, le plus attaché à ses enfants.
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