[41] Καθαρῶν οὖν καὶ δικαίων ἐν τοῖς πράγμασιν ἀμφοτέρων γεγονότων,
Αἰμίλιος μὲν ὑπὸ τῶν νόμων καὶ τῆς πατρίδος οὕτως ἔοικεν εὐθὺς
ἀφικέσθαι παρεσκευασμένος, Τιμολέων δὲ τοιοῦτον αὐτὸς ἑαυτὸν παρέσχε.
τούτου τεκμήριον, ὅτι Ῥωμαῖοι μὲν ὁμαλῶς ἐν τῷ τότε χρόνῳ πάντες
ἦσαν εὔτακτοι καὶ ὑποχείριοι τοῖς ἐθισμοῖς, καὶ τοὺς νόμους δεδιότες καὶ
τοὺς ἄρχοντας, Ἑλλήνων δ´ οὐδεὶς ἡγεμών ἐστιν οὐδὲ στρατηγός, ὃς οὐ
διεφθάρη τότε Σικελίας ἁψάμενος, ἔξω Δίωνος. καίτοι καὶ Δίωνα πολλοὶ
μοναρχίας ὀρέγεσθαι καὶ βασιλείαν τινὰ Λακωνικὴν ὀνειροπολεῖν
ὑπενόουν. Τίμαιος δὲ καὶ Γύλιππον ἀκλεῶς φησι καὶ
ἀτίμως ἀποπέμψαι Συρακοσίους, φιλοπλουτίαν αὐτοῦ καὶ ἀπληστίαν ἐν
τῇ στρατηγίᾳ κατεγνωκότας. ἃ δὲ Φάραξ ὁ Σπαρτιάτης καὶ Κάλλιππος
ὁ Ἀθηναῖος ἐλπίσαντες ἄρξειν Σικελίας παρενόμησαν καὶ παρεσπόνδησαν,
ὑπὸ πολλῶν ἀναγέγραπται. καίτοι τίνες ἢ πηλίκων κύριοι πραγμάτων
ὄντες οὗτοι τοιαῦτ´ ἤλπισαν; ὧν ὁ μὲν ἐκπεπτωκότα Συρακουσῶν ἐθεράπευε
Διονύσιον, Κάλλιππος δ´ εἷς ἦν τῶν περὶ Δίωνα ξεναγῶν. ἀλλὰ Τιμολέων
αἰτησαμένοις καὶ δεηθεῖσιν αὐτοκράτωρ πεμφθεὶς Συρακοσίοις, καὶ
δύναμιν οὐ ζητῶν, ἀλλ´ ἔχειν ὀφείλων ἣν ἔλαβε βουλομένων καὶ διδόντων,
πέρας ἐποιήσατο τῆς αὑτοῦ στρατηγίας καὶ ἀρχῆς τὴν τῶν παρὰ νόμον
ἀρχόντων κατάλυσιν. ἐκεῖνο μέντοι τοῦ Αἰμιλίου θαυμαστόν, ὅτι τηλικαύτην
βασιλείαν καταστρεψάμενος οὐδὲ δραχμῇ μείζονα τὴν οὐσίαν
ἐποίησεν οὐδ´ εἶδεν οὐδ´ ἥψατο τῶν χρημάτων, καίτοι πολλὰ δοὺς ἑτέροις
καὶ δωρησάμενος. οὐ λέγω δ´ ὅτι Τιμολέων μεμπτός ἐστιν οἰκίαν τε καλὴν
λαβὼν καὶ χωρίον· οὐ γὰρ τὸ λαβεῖν ἐκ τοιούτων αἰσχρόν, ἀλλὰ τὸ μὴ λαβεῖν
κρεῖττον, καὶ περιουσία τις ἀρετῆς ἐν οἷς ἔξεστιν ἐπιδεικνυμένης τὸ
μὴ δεόμενον. ἐπεὶ δ´, ὡς σώματος ῥῖγος ἢ θάλπος φέρειν δυναμένου τὸ
πρὸς ἀμφοτέρας εὖ πεφυκὸς ὁμοῦ τὰς μεταβολὰς ῥωμαλεώτερον, οὕτω
ψυχῆς ἄκρατος εὐρωστία καὶ ἰσχύς, ἣν οὔτε τὸ εὐτυχεῖν ὕβρει θρύπτει καὶ
ἀνίησιν οὔτε συμφοραὶ ταπεινοῦσι, φαίνεται τελειότερος ὁ Αἰμίλιος, ἐν
χαλεπῇ τύχῃ καὶ πάθει μεγάλῳ τῷ περὶ τοὺς παῖδας οὐδέν τι μικρότερος
οὐδ´ ἀσεμνότερος ἢ διὰ τῶν εὐτυχημάτων ὁραθείς. Τιμολέων δὲ γενναῖα
πράξας περὶ τὸν ἀδελφὸν οὐκ ἀντέσχε τῷ λογισμῷ πρὸς τὸ πάθος, ἀλλὰ
μετανοίᾳ καὶ λύπῃ ταπεινωθεὶς ἐτῶν εἴκοσι τὸ βῆμα καὶ τὴν ἀγορὰν ἰδεῖν
οὐχ ὑπέμεινε. δεῖ δὲ τὰ αἰσχρὰ φεύγειν καὶ αἰδεῖσθαι· τὸ δὲ πρὸς πᾶσαν
ἀδοξίαν εὐλαβὲς ἐπιεικοῦς μὲν ἤθους καὶ ἁπαλοῦ, μέγεθος δ´ οὐκ ἔχοντος.
| [41] Si tous deux furent honnêtes et justes dans le maniement des affaires,
Paul-Émile put s'élever tout de suite à ce niveau grâce à la formation que lui
assurèrent les lois romaines et la patrie, mais Timoléon se rendit tel par lui-même.
La preuve en est que les Romains, au temps de Paul-Émile, étaient tous
indistinctement disciplinés, soumis aux coutumes, pleins de la crainte des lois et
de leurs concitoyens. Au contraire les Grecs, au temps de Timoléon, n'avaient
ni chef, ni général, Dion excepté, qui ne se laissât corrompre, sitôt qu'il avait mis
le pied en Sicile : encore bien des gens soupçonnaient-ils Dion d'aspirer au
pouvoir personnel et de rêver d'une royauté à la mode de Laconie. Timée dit
même que Gylippe fut renvoyé sans gloire et sans honneur par les Syracusains,
qui condamnaient l'amour de l'argent et l'avidité insatiable montrés par lui
dans sa campagne. Quant aux illégalités et aux forfaitures commises par le
Spartiate Pharax et l'Athénien Callippe, poussés par l'espoir de régner sur la
Sicile, beaucoup d'historiens les ont rapportées. Et cependant, quels étaient ces
gens-là, et à la tête de quelles affaires importantes, pour avoir de telles
espérances ? Pharax faisait sa cour à Denys, déjà exilé de Syracuse ; et
Callippe était au nombre des officiers qui commandaient les mercenaires de
Dion. Au contraire Timoléon, envoyé avec pleins pouvoirs aux Syracusains sur
leur demande et leur prière, et n'ayant pas à chercher, mais à recevoir une
troupe de volontaires qu'on lui offrait spontanément, mit comme terme à son
commandement et à son pouvoir la chute des usurpateurs. Cependant,
l'admirable chez Paul-Émile, cÊest qu'après avoir conquis un si grand
royaume, il n'augmenta pas même d'une drachme sa fortune, qu'il ne vit pas
l'argent et n'y toucha pas, bien qu'il en eût fait de grandes largesses à autrui. Je ne dis
pas que Timoléon soit blâmable pour avoir accepté une belle maison et une
terre, car accepter dans de pareilles conditions n'est pas honteux. Toutefois ne
pas accepter vaut mieux encore, et cÊest un surcroît de mérite que de savoir se
passer de ce qui est permis. Mais puisque, le corps pouvant supporter, soit le
froid, soit le chaud, le tempérament propre à subir aussi bien l'un que l'autre
est le plus vigoureux, de même la force et la vigueur de l'âme sont inaltérables
si le succès ne l'enfle pas plus que l'orgueil ne la relâche ou que les malheurs
ne l'humilient. Il est donc visible que Paul-Émile est le plus parfait des deux,
puisque, dans des circonstances pénibles et lors de la grande catastrophe que
fut la mort de ses enfants, on ne le vit en rien plus faible ou moins digne que
dans ses succès. Timoléon, lui, après s'être noblement conduit envers son
frère, ne sut pas faire appel à la raison pour résister à sa douleur. Abattu par le
repentir et le chagrin, il resta vingt ans sans oser même jeter les yeux sur la
tribune et l'agora. Il faut éviter le mal et en rougir ; toutefois se méfier de tout ce
qui pourrait entraîner une déconsidération est d'un caractère conciliant et doux,
mais dépourvu de grandeur.
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