HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Vie de Paul-Émile

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Ἐνοχλουμένων δὲ τῶν ἀνθρώπων μάλιστα περὶ τὴν τοῦ ποτοῦ χρείανκαὶ γὰρ ὀλίγον καὶ πονηρὸν ἐπίδυε καὶ συνελείβετο παρ´ αὐτὴν τὴν θάλατταν—, ὁρῶν Αἰμίλιος μέγα καὶ κατηρεφὲς δένδρεσιν ὄρος τὸν Ὄλυμπον ἐπικείμενον, καὶ τεκμαιρόμενος τῇ χλωρότητι τῆς ὕλης ναμάτων ἔχειν ἀρχὰς διὰ βάθους ὑποφερομένων, ἀναπνοὰς αὐτοῖς καὶ φρέατα πολλὰ παρὰ τὴν ὑπώρειαν ὤρυττε. τὰ δ´ εὐθὺς ἐπίμπλατο ῥευμάτων καθαρῶν, ἐπισυνδιδόντος ὁλκῇ καὶ φορᾷ τοῦ θλιβομένου πρὸς τὸ κενούμενον. Καίτοι τινὲς οὔ φασιν ὑδάτων ἑτοίμων κεκρυμμένων πηγὰς ἐναποκεῖσθαι τοῖς τόποις ἐξ ὧν ῥέουσιν, οὐδ´ ἀποκάλυψιν οὐδὲ ῥῆξιν εἶναι τὴν ἐκβολὴν αὐτῶν, ἀλλὰ γένεσιν καὶ σύστασιν, ἐνταῦθα τῆς ὕλης ἐξυγραινομένης· ἐξυγραίνεσθαι δὲ πυκνότητι καὶ ψυχρότητι τὴν νοτερὰν ἀναθυμίασιν, ὅταν ἐν βάθει καταθλιβεῖσα ῥευστικὴ γένηται. καθάπερ γὰρ οἱ μαστοὶ τῶν γυναικῶν οὐχ ὥσπερ ἀγγεῖα πλήρεις εἰσὶν ἐπιρρέοντος ἑτοίμου γάλακτος, ἀλλὰ μεταβάλλοντες τὴν τροφὴν ἐν αὑτοῖς ἐργάζονται γάλα καὶ διηθοῦσιν, οὕτως οἱ περίψυκτοι καὶ πιδακώδεις τόποι τῆς γῆς ὕδωρ μὲν οὐκ ἔχουσι καλυπτόμενον οὐδὲ κόλπους ῥεύματα καὶ βάθη ποταμῶν τοσούτων ἐξ ἑτοίμης καὶ ὑποκειμένης ἀφιέντας ἀρχῆς, τὸ δὲ πνεῦμα καὶ τὸν ἀέρα τῷ πιέζειν καὶ καταπυκνοῦν ἀποθλίβοντες εἰς ὕδωρ τρέπουσι. τὰ γοῦν ὀρυττόμενα τῶν χωρίων μᾶλλον ἀναπιδύει καὶ διανάει πρὸς τὴν τοιαύτην ψηλάφησιν, ὥσπερ οἱ μαστοὶ τῶν γυναικῶν πρὸς τὸν θηλασμόν, ἀνυγραίνοντα καὶ μαλάττοντα τὴν ἀναθυμίασιν· ὅσα δ´ ἀργὰ τῆς γῆς συμπέφρακται, τυφλὰ πρὸς γένεσιν ὑδάτων ἐστίν, οὐκ ἔχοντα τὴν ἐργαζομένην τὸ ὑγρὸν κίνησιν. οἱ δὲ ταῦτα λέγοντες ἐπιχειρεῖν δεδώκασι τοῖς ἀπορητικοῖς, ὡς οὐδὲ τὸ αἷμα τοῖς ζῴοις ἔνεστιν, ἀλλὰ γεννᾶται πρὸς τὰ τραύματα πνεύματός τινος σαρκῶν μεταβολῇ, ῥύσιν ἀπεργασαμένῃ καὶ σύντηξιν. ἐλέγχονται δὲ τοῖς πρὸς τοὺς ὑπονόμους καὶ τὰς μεταλλείας ἀπαντῶσιν εἰς βάθη ποταμοῖς, οὐ κατ´ ὀλίγον συλλεγομένοις, ὥσπερ εἰκός ἐστιν εἰ γένεσιν ἐκ τοῦ παραχρῆμα κινουμένης τῆς γῆς λαμβάνουσιν, ἀλλ´ ἀθρόοις ἀναχεομένοις. † ὀρῶν δὲ καὶ πέτρας πληγῇ ῥαγείσης ἐξεπήδησε ῥεῦμα λάβρον ὕδατος, εἶτ´ ἐπέλιπε. ταῦτα μὲν περὶ τούτων. [14] Les hommes étaient surtout incommodés par le manque de boisson ; car l’eau était rare et mauvaise, et coulait goutte à goutte le long de la mer. Paul-Émile, voyant une grande montagne ombragée d’arbres tout auprès (c’était l’Olympe), conclut, de l’aspect verdoyant de la forêt, à la présence de nappes d’eau souterraines. Il creusa donc pour ces eaux des soupiraux et des puits nombreux au pied de la montagne. Ils furent aussitôt remplis d’une eau pure, qui, resserrée jusqu’alors, affluait maintenant, sous l’influence de l’attraction et de la pesanteur, vers les vides qu’on lui ménageait. Et cependant, au dire de quelques savants, il n’y a pas d’eaux prêtes à jaillir de sources cachées dans les lieux d’où elles coulent. Ces courants ne révèlent pas un réservoir. Il n’y a pas épanchement, mais génération et afflux, causés par l’humidité locale de la forêt, dont les exhalaisons se liquéfient sous l’action de la densité et de la fraîcheur. La compression en profondeur produit donc une masse fluide. Car, de même que les mamelles des femmes ne sont pas, comme des vases, pleines d’un lait prêt à couler, et qu’opérant, au contraire, une transmutation intérieure de leur nourriture, elles font le lait, puis le filtrent, ainsi les endroits de la terre rafraîchis et, en apparence, remplis de sources, n’ont pas d’eaux cachées, ni de sinuosités qui laissent échapper les eaux courantes. Tous ces fleuves profonds ne viennent pas d’une nappe d’eau souterraine, toute prête : en réalité, le vent et l’air, comprimant l’humidité par la pression et la condensation, la changent en eau. En tout cas, les endroits que l’on creuse font sourdre et couler davantage l’eau quand on les tâte ainsi, comme les mamelles des femmes répandent le lait quand on les tète, parce qu’ils mouillent et amollissent l’exhalaison. Au contraire, les terrains auxquels on ne touche pas ont une solide protection contre la naissance des eaux, étant à l’abri du mouvement qui produit l’humidité. Ceux qui soutiennent la théorie précitée ont donné prise à cette objection des sceptiques : « On pourrait dire, à ce compte, que le sang même n’existe pas chez les animaux et qu’il naît au moment des blessures, par le changement de l’esprit ou des chairs qui produit un écoulement et une dissolution. » Mais à cette réfutation par l’absurde on peut opposer un fait : dans la profondeur des conduits souterrains et des mines, on rencontre des fleuves qui, au lieu de grossir petit à petit, comme cela serait naturel s’ils naissaient du mouvement imprimé soudain à la terre, coulent à flots pressés. Bien plus, il arrive que, des montagnes ou des rochers ayant été fendus par un coup violent, un flot impétueux en jaillisse pour s’arrêter ensuite. En voilà assez sur ce point.


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Dernière mise à jour : 24/08/2005