[12] Αἰμίλιον δὲ Παῦλον, ὡς ἐξώρμησεν ἐπὶ στρατείαν, πλοῦ μὲν
εὐτυχίᾳ καὶ ῥᾳστώνῃ χρήσασθαι πορείας κατὰ δαίμονα τίθημι, σὺν τάχει
καὶ μετ´ ἀσφαλείας ἐπὶ τὸ στρατόπεδον κομισθέντα· τοῦ δὲ πολέμου καὶ
τῆς στρατηγίας αὐτοῦ τὸ μὲν τόλμης ὀξύτητι, τὸ δὲ βουλεύμασι χρηστοῖς,
τὸ δὲ φίλων ἐκθύμοις ὑπηρεσίαις, τὸ δὲ τῷ παρὰ τὰ δεινὰ θαρρεῖν καὶ
χρῆσθαι λογισμοῖς ἀραρόσιν ὁρῶν διαπεπραγμένον, οὐκ ἔχω τῇ λεγομένῃ
τοῦ ἀνδρὸς εὐτυχίᾳ λαμπρὸν ἀποδοῦναι καὶ διάσημον ἔργον, οἷον ἑτέρων
στρατηγῶν, εἰ μή τις ἄρα τὴν Περσέως φιλαργυρίαν Αἰμιλίῳ τύχην
ἀγαθὴν περὶ τὰ πράγματα γενέσθαι φησίν, ᾗ λαμπρὰ καὶ μεγάλα πρὸς τὸν
πόλεμον ἀρθέντα ταῖς ἐλπίσι τὰ Μακεδόνων ἀνέτρεψε καὶ κατέβαλε,
πρὸς ἀργύριον ἀποδειλιάσας. ἧκον μὲν γὰρ αὐτῷ δεηθέντι Βαστέρναι,
μύριοι μὲν ἱππεῖς, μύριοι δὲ παραβάται, μισθοφόροι πάντες, ἄνδρες οὐ
γεωργεῖν εἰδότες, οὐ πλεῖν, οὐκ ἀπὸ ποιμνίων ζῆν νέμοντες, ἀλλ´ ἓν ἔργον
καὶ μίαν τέχνην μελετῶντες ἀεὶ μάχεσθαι καὶ κρατεῖν τῶν ἀντιταττομένων.
ὡς δὲ περὶ τὴν Μαιδικὴν καταστρατοπεδεύσαντες ἐπεμείγνυντο τοῖς
παρὰ τοῦ βασιλέως, ἄνδρες ὑψηλοὶ μὲν τὰ σώματα, θαυμαστοὶ δὲ τὰς
μελέτας, μεγάλαυχοι δὲ καὶ λαμπροὶ ταῖς κατὰ τῶν πολεμίων ἀπειλαῖς,
θάρσος παρέστησαν τοῖς Μακεδόσι καὶ δόξαν, ὡς τῶν Ῥωμαίων οὐχ
ὑπομενούντων, ἀλλ´ ἐκπλαγησομένων τὴν ὄψιν αὐτὴν καὶ τὴν κίνησιν,
ἔκφυλον οὖσαν καὶ δυσπρόσοπτον. οὕτω διαθεὶς τοὺς ἀνθρώπους ὁ Περσεύς,
καὶ τοιούτων ἐμπλήσας ἐλπίδων, αἰτούμενος καθ´ ἕκαστον ἡγεμόνα
χιλίους, πρὸς τὸ γιγνόμενον τοῦ χρυσίου πλῆθος ἰλιγγιάσας καὶ παραφρονήσας
ὑπὸ μικρολογίας, ἀπείπατο καὶ προήκατο τὴν συμμαχίαν, ὥσπερ
οἰκονομῶν, οὐ πολεμῶν Ῥωμαίοις, καὶ λογισμὸν ἀποδώσων ἀκριβῆ τῆς
εἰς τὸν πόλεμον δαπάνης οἷς ἐπολέμει· καίτοι διδασκάλους εἶχεν ***
ἐκείνους, οἷς ἄνευ τῆς ἄλλης παρασκευῆς *** τῶν δέκα μυριάδων ἦσαν
ἠθροισμέναι καὶ παρεστῶσαι ταῖς χρείαις. ὁ δὲ πρὸς δύναμιν ἀνταίρων
τηλικαύτην καὶ πόλεμον, οὗ τοσοῦτον ἦν τὸ παρατρεφόμενον, διεμέτρει
καὶ παρεσημαίνετο τὸ χρυσίον, ἅψασθαι δεδιὼς ὥσπερ ἀλλοτρίων. καὶ
ταῦτ´ ἔπραττεν οὐ Λυδῶν τινος οὐδὲ Φοινίκων γεγονώς, ἀλλὰ τῆς Ἀλεξάνδρου
καὶ Φιλίππου κατὰ συγγένειαν ἀρετῆς μεταποιούμενος, οἳ τῷ τὰ
πράγματα τῶν χρημάτων ὠνητά, μὴ τὰ χρήματα τῶν πραγμάτων ἡγεῖσθαι,
πάντων ἐκράτησαν. ἐρρέθη γοῦν ὅτι τὰς πόλεις αἱρεῖ τῶν Ἑλλήνων
οὐ Φίλιππος, ἀλλὰ τὸ Φιλίππου χρυσίον. Ἀλέξανδρος δὲ τῆς ἐπ´ Ἰνδοὺς
στρατείας ἁπτόμενος, καὶ βαρὺν ὁρῶν καὶ δύσογκον ἤδη τὸν Περσικὸν
ἐφελκομένους πλοῦτον τοὺς Μακεδόνας, πρώτας ὑπέπρησε τὰς βασιλικὰς
ἁμάξας, εἶτα τοὺς ἄλλους ἔπεισε ταὐτὸ ποιήσαντας ἐλαφροὺς ἀναζεῦξαι
πρὸς τὸν πόλεμον ὥσπερ λελυμένους. Περσεὺς δὲ τὸν χρυσὸν αὐτὸς
αὑτοῦ καὶ τέκνων καὶ βασιλείας καταχεάμενος, οὐκ ἠθέλησε δι´ ὀλίγων
σωθῆναι χρημάτων, ἀλλὰ μετὰ πολλῶν κομισθεὶς ὁ πλούσιος αἰχμάλωτος
ἐπιδείξασθαι Ῥωμαίοις ὅσα φεισάμενος ἐτήρησεν αὐτοῖς.
| [12] Que Paul-Émile, après son embarquement, ait joui d’une heureuse navigation et fait une
traversée facile, j’attribue cet avantage à la Fortune, qui l’amena bien vite et sûrement au
camp. Mais si, me reportant à la guerre, j’envisage la stratégie, si je considère que, soit par la
promptitude de son action audacieuse, soit par ses mesures excellentes, soit par le concours
zélé de ses amis, soit par son courage dans les périls et ses raisonnements appropriés aux
circonstances, il est venu à bout de sa mission, je ne puis donner la chance pour cause à ce
résultat brillant et éclatant, comme dans le cas d’autres généraux. A moins de dire
précisément que l’avarice de Persée a été pour Paul-Émile une bonne fortune en renversant la
situation des Macédoniens, qui était grande, magnifique, et faisait concevoir pour la guerre les
plus belles espérances. Tout fut ruiné, parce que Persée avait peur de donner de l’argent. Les
Basternes avaient répondu à son appel. Ils étaient dix mille cavaliers et dix mille fantassins
légers, tous mercenaires, gens qui ne connaissaient ni l’agriculture, ni la navigation, ni la
pâture des bestiaux et ne pratiquaient qu’une seule besogne et qu’un seul métier, la guerre
continuelle et la victoire sur leurs adversaires. Lorsqu’ayant établi leur camp en Médique
ils prirent contact avec les soldats envoyés par le Roi, la seule présence de ces hommes de
haute taille, d’une adresse merveilleuse au maniement des armes, arrogants et hautains dans
leurs menaces à l’égard des ennemis, donna de l’audace aux Macédoniens et leur fit croire
que les Romains, loin de résister, trembleraient à ce terrible aspect et à la vue de ces
mouvements étranges et formidables. Voilà les dispositions que Persée inspirait à ses soldats
et les espérances dont il les enflait. Mais comme on lui réclamait mille drachmes par
capitaine, il eut le vertige à l’idée d’une si grande quantité d’or ; il en perdit la tête et, par
lésinerie, refusa. Il sacrifiait ainsi cette alliance. On eût dit qu’il faisait les affaires des
Romains au lieu de leur faire la guerre, et qu’il devait rendre à ses ennemis un compte exact
des dépenses de la campagne. Il pouvait pourtant les prendre pour maîtres, eux qui, en dehors
de leurs autres préparatifs, avaient cent mille soldats rassemblés et à pied d’oeuvre pour les
besoins urgents. Et malgré tout, lui qui avait à s’opposer à une armée si grande et devait
soutenir une guerre si largement financée par l’ennemi, comptait son or, marquait d’un signe
chaque pièce et craignait d’y toucher comme si c’eût été le bien d’un autre. Et il faisait cela
sans être issu de Lydiens ou de Phéniciens. Au contraire, en raison d’une parenté avec
Alexandre et Philippe, il prétendait s’approprier leur courage. Seulement, ces Princes
dominaient tout parce qu’à leurs yeux le succès s’achetait par l’argent, et non l’argent par le
succès. On disait, en tout cas, que les villes grecques, ce n’était pas Philippe qui les prenait,
mais l’or de Philippe. Et Alexandre au départ de son expédition contre les Indiens,
s’apercevant que les Macédoniens traînaient après eux les richesses pesantes et encombrantes
des Perses, commença par brûler les chars du Grand Roi, devenus les siens, et décida ensuite
ses officiers à faire de même et à partir pour la guerre allégés et comme affranchis. Persée, au
contraire, qui répandait l’or pour lui, ses enfants et sa cour, ne voulut pas acheter son salut
moyennant une faible somme, et ce riche, emmené prisonnier avec une grande fortune,
préféra étaler aux yeux des Romains tout ce que son avarice lui avait fait garder pour eux.
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