HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lycurgue

ἀπέκρυπτον



Texte grec :

[28] (1) Ἐν μὲν οὖν τούτοις οὐδέν ἐστιν ἀδικίας ἴχνος οὐδὲ πλεονεξίας, ἣν ἐγκαλοῦσιν ἔνιοι τοῖς Λυκούργου νόμοις, ὡς ἱκανῶς ἔχουσι πρὸς ἀνδρείαν, ἐνδεῶς δὲ πρὸς δικαιοσύνην. (2) ἡ δὲ καλουμένη κρυπτεία παρ´ αὐτοῖς, εἴ γε δὴ τοῦτο τῶν Λυκούργου πολιτευμάτων ἕν ἐστιν, ὡς Ἀριστοτέλης ἱστόρηκε, ταύτην ἂν εἴη καὶ τῷ Πλάτωνι περὶ τῆς πολιτείας καὶ τοῦ ἀνδρὸς ἐνειργασμένη δόξαν. (3) ἦν δὲ τοιαύτη· τῶν νέων οἱ ἄρχοντες διὰ χρόνου τοὺς μάλιστα νοῦν ἔχειν δοκοῦντας εἰς τὴν χώραν ἄλλως ἐξέπεμπον, ἔχοντας ἐγχειρίδια καὶ τροφὴν ἀναγκαίαν, ἄλλο δὲ οὐδέν· (4) οἱ δὲ μεθ´ ἡμέραν μὲν εἰς ἀσυνδήλους διασπειρόμενοι τόπους, ἀπέκρυπτον ἑαυτοὺς καὶ ἀνεπαύοντο, νύκτωρ δὲ κατιόντες εἰς τὰς ὁδοὺς τῶν εἱλώτων τὸν ἁλισκόμενον ἀπέσφαττον. (5) πολλάκις δὲ καὶ τοῖς ἀγροῖς ἐπιπορευόμενοι τοὺς ῥωμαλεωτάτους καὶ κρατίστους αὐτῶν ἀνῄρουν. (6) ὥσπερ καὶ Θουκυδίδης ἐν τοῖς Πελοποννησιακοῖς ἱστορεῖ τοὺς ἐπ´ ἀνδρείᾳ προκριθέντας ὑπὸ τῶν Σπαρτιατῶν στεφανώσασθαι μὲν ὡς ἐλευθέρους γεγονότας καὶ περιελθεῖν τὰ τῶν θεῶν ἱερά, μικρὸν δὲ ὕστερον ἅπαντας ἀφανεῖς γενέσθαι, πλείονας ἢ δισχιλίους ὄντας, ὡς μήτε παραχρῆμα μήτε ὕστερον ἔχειν τινὰ λέγειν ὅτῳ τρόπῳ διεφθάρησαν. (7) Ἀριστοτέλης δὲ μάλιστά φησι καὶ τοὺς ἐφόρους, ὅταν εἰς τὴν ἀρχὴν καταστῶσι πρῶτον, τοῖς εἵλωσι καταγγέλλειν πόλεμον, ὅπως εὐαγὲς ᾖ τὸ ἀνελεῖν. (8) Καὶ τἆλλα δὲ τραχέως προσεφέροντο καὶ σκληρῶς αὐτοῖς, ὥστε καὶ πίνειν ἀναγκάζοντες πολὺν ἄκρατον εἰς τὰ συσσίτια παρεισῆγον, ἐπιδεικνύμενοι τὸ μεθύειν οἷόν ἐστι τοῖς νέοις. (9) καὶ ᾠδὰς ἐκέλευον ᾄδειν καὶ χορείας χορεύειν ἀγεννεῖς καὶ καταγελάστους, ἀπέχεσθαι δὲ τῶν ἐλευθέρων. (10) διὸ καί φασιν ὕστερον ἐν τῇ Θηβαίων εἰς τὴν Λακωνικὴν στρατείᾳ τοὺς ἁλισκομένους εἵλωτας κελευομένους ᾄδειν τὰ Τερπάνδρου καὶ Ἀλκμᾶνος καὶ Σπένδοντος τοῦ Λάκωνος παραιτεῖσθαι, φάσκοντας οὐκ ἐθέλειν τοὺς δεσποσύνους. (11) ὥστε τοὺς λέγοντας, ἐν Λακεδαίμονι καὶ τὸν ἐλεύθερον μάλιστα ἐλεύθερον εἶναι καὶ τὸν δοῦλον μάλιστα δοῦλον, οὐ φαύλως τεθεωρηκέναι τὴν διαφοράν. (12) τὰς μὲν οὖν τοιαύτας χαλεπότητας ὕστερον ἐγγενέσθαι τοῖς Σπαρτιάταις νομίζω, μάλιστα μετὰ τὸν μέγαν σεισμόν, ᾧ συνεπιθέσθαι τοὺς εἵλωτας μετὰ Μεσσηνίων ἱστοροῦσι, καὶ πλεῖστα κακὰ τὴν χώραν ἐργάσασθαι καὶ μέγιστον τῇ πόλει περιστῆσαι κίνδυνον. (13) οὐ γὰρ ἂν ἔγωγε προσθείην Λυκούργῳ μιαρὸν οὕτω τῆς κρυπτείας ἔργον ἀπὸ τῆς ἄλλης αὐτοῦ πρᾳότητος καὶ δικαιοσύνης τεκμαιρόμενος τὸν τρόπον, ᾧ καὶ τὸ δαιμόνιον ἐπεμαρτύρησε.

Traduction française :

[28] (1) Il n'y a donc pas trace, dans ces mesures, de l'injustice, ni de l'absolutisme que reprochent quelques auteurs aux lois de Lycurgue, qui seraient, d'après eux, efficaces pour inspirer le courage, mais insuffisantes en matière de justice. (2) Mais quant à ce qu'on appelle chez les Spartiates la cryptie, si c'est bien réellement une des institutions de Lycurgue, comme Aristote le rapporte, elle aurait fait concevoir à Platon cette idée de la Constitution spartiate et de son auteur. (3) Les magistrats envoyaient de temps à autre ceux des jeunes gens qui paraissaient les plus intelligents en différents endroits, avec des poignards et la nourriture indispensable, mais sans rien d'autre; (4) et ces jeunes gens, en plein jour, se dispersaient dans des endroits écartés, où ils se cachaient et se reposaient; mais, la nuit venue, ils descendaient sur les routes, où ils égorgeaient tout hilote qu'ils pouvaient prendre. (5) Souvent même ils allaient dans les champs, où ils tuaient les plus robustes et les plus forts de cette catégorie. (6) Thucydide rapporte même dans sa "Guerre du Péloponnèse",, que certains hilotes en raison de leur vaillance, avaient été jugés par les Spartiates dignes de se couronner, comme des citoyens libres qu'ils étaient devenus. On leur fit donc faire le tour des temples des dieux; mais, peu de temps après, tous sans exception disparurent, (et ils étaient plus de deux mille!) sans que, ni sur le moment, ni plus tard, personne pût indiquer comment ils étaient morts. (7) Aristote affirme même que les éphores, quand ils entrent en charge, déclarent la guerre aux hilotes, pour qu'il soit possible de les tuer sans contracter de souillure. (8) Même en dehors de ces excès les Spartiates se comportaient à l'égard des hilotes d'une façon dure et cruelle, puisqu'on les forçait de boire beaucoup de vin pur et qu'on les introduisait ensuite dans les réfectoires publics, afin de montrer aux jeunes gens ce que c'était que l'ivresse; (9) on leur faisait chanter des chansons et exécuter des danses ignobles et ridicules, en leur interdisant ce qui avait de la noblesse. (10) Aussi affirme-t-on que, plus tard, les hilotes pris dans la campagne des Thébains en Laconie, et que l'on invitait à chanter les oeuvres de Terpandre, d'Alcman et de Spendon le Laconien s'y refusaient, en déclarant que leurs maîtres ne le voulaient pas. (11) Ainsi donc ceux qui disent qu'à Lacédémone l'homme libre est plus libre et l'esclave plus esclave que partout ailleurs, ont-ils une assez bonne idée de la différence entre cet État et les autres. (12) Néanmoins je pense que les rigueurs de ce genre se produisirent plus tard chez les Spartiates, et surtout après le grand tremblement de terre, où l'on rapporte que les hilotes, de concert avec les Messéniens, se soulevèrent, firent beaucoup de mal au pays et mirent l'État en très grand danger. (13) Car, pour moi, je ne saurais attribuer à Lycurgue une institution aussi criminelle que la cryptie, jugeant de son caractère, auquel la divinité elle-même rendit témoignage, par la douceur et la justice de ses actes avérés.





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Dernière mise à jour : 20/05/2005