HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lucullus

Γορδυηνῶν



Texte grec :

[25] Τιγράνῃ δ´ ὡς ὁ πρῶτος ἀγγείλας ἥκοντα Λεύκολλον οὐκ ἐχαίρησεν, ἀλλ´ ἀπετέτμητο τὴν κεφαλήν, οὐδεὶς ἄλλος ἔφραζεν, ἀλλ´ ἀγνοῶν καθῆστο περικαιόμενος ἤδη τῷ πολεμίῳ πυρί, λόγους ἀκούων πρὸς χάριν ὡς μέγαν ἂν ὄντα Λεύκολλον στρατηγόν, εἰ πρὸς Ἐφέσῳ Τιγράνην ὑποσταίη καὶ μὴ φεύγων εὐθὺς ἐξ Ἀσίας οἴχοιτο, τὰς τοσαύτας μυριάδας ἰδών. οὕτως οὔτε σώματος παντός ἐστι πολὺν ἄκρατον ἐνεγκεῖν, οὔτε διανοίας τῆς τυχούσης ἐν εὐτυχήμασι μεγάλοις μὴ ἐκστῆναι τῶν λογισμῶν. πρῶτος δ´ αὐτῷ τῶν φίλων ἐτόλμησε Μιθροβαρζάνης φράσαι τὸ ἀληθές. οὐδ´ οὗτος δὲ χρηστὸν ἠνέγκατο γέρας τῆς παρρησίας· ἐπέμφθη γὰρ εὐθὺς ἐπὶ τὸν Λεύκολλον σὺν ἱππεῦσι τρισχιλίοις, πεζοῖς δὲ παμπόλλοις, κελευσθεὶς τὸν μὲν στρατηγὸν ἄγειν ζῶντα, τοὺς δ´ ἄλλους καταπατῆσαι. Λευκόλλῳ δὲ τῆς στρατιᾶς ἡ μὲν ἤδη κατεζεύγνυεν, ἡ δ´ ἔτι προσῄει. τῶν δὲ σκοπῶν αὐτῷ φρασάντων ἐπελαύνοντα τὸν βάρβαρον, ἔδεισε μὴ χωρὶς ὄντας καὶ οὐκ ἐν τάξει προσπεσὼν ταράξῃ, καὶ αὐτὸς μὲν καθίστατο τὴν στρατοπεδείαν, Σεξτίλιον δὲ πρεσβευτὴν ἔπεμψεν, ἱππεῖς ἔχοντα χιλίους ἑξακοσίους, ὁπλίτας δὲ καὶ ψιλοὺς οὐ πολλῷ πλείονας, κελεύσας ἐγγὺς προσελθόντα τοῖς πολεμίοις μένειν, ἕως ἂν πύθηται τοὺς μετ´ αὐτοῦ κατεστρατοπεδευκότας. ἐβούλετο μὲν οὖν ὁ Σεξτίλιος ταῦτα ποιεῖν, ἐβιάσθη δ´ ὑπὸ τοῦ Μιθροβαρζάνου θρασέως ἐπελαύνοντος εἰς χεῖρας ἐλθεῖν, καὶ γενομένης μάχης ὁ μὲν Μιθροβαρζάνης ἔπεσεν ἀγωνιζόμενος, οἱ δ´ ἄλλοι φεύγοντες ἀπώλοντο πλὴν ὀλίγων ἅπαντες. Ἐκ τούτου Τιγράνης μὲν ἐκλιπὼν Τιγρανόκερτα, μεγάλην πόλιν ἐκτισμένην ὑπ´ αὐτοῦ, πρὸς τὸν Ταῦρον ἀνεχώρησε, καὶ τὰς δυνάμεις πανταχόθεν ἐνταῦθα συνῆγε· Λεύκολλος δὲ τῇ παρασκευῇ χρόνον οὐ διδούς, Μουρήναν μὲν ἐξέπεμψεν ἐνοχλήσοντα καὶ περικόψοντα τοὺς ἀθροιζομένους πρὸς τὸν Τιγράνην, Σεξτίλιον δὲ πάλιν Ἀράβων χεῖρα μεγάλην ἀνείρξοντα βασιλεῖ προσιοῦσαν. ὁμοῦ δὲ Σεξτίλιος μὲν ἐπιπεσὼν στρατόπεδον ποιουμένοις τοῖς Ἄραψι τοὺς πλείστους διέφθειρε, Μουρήνας δ´ ἑπόμενος Τιγράνῃ, τραχὺν αὐλῶνα καὶ στενόπορον στρατῷ μακρῷ διεκβάλλοντι, καιροῦ παρασχόντος ἐπιτίθεται, καὶ φεύγει μὲν αὐτὸς Τιγράνης, προέμενος τὴν ἀποσκευὴν ἅπασαν, ἀποθνῄσκουσι δὲ πολλοὶ καὶ πλείονες ἁλίσκονται τῶν Ἀρμενίων.

Traduction française :

[25] XXV. Le premier qui annonça l'arrivée de Lucullus à Tigrane n'eut pas à s'en réjouir : au contraire, on lui trancha la tête. Aussi personne d'autre ne donna-t-il d'indication à ce Prince, qui, sans rien savoir, restait oisif. Bien qu'environné déjà du feu de la guerre, il écou- tait ceux qui lui disaient, pour le flatter : « Lucullus sera déjà un grand général, s'il ose rester à Éphèse pour y soutenir ton choc, au lieu de s'enfuir sur le champ de l'Asie, quand il aura vu tant de dizaines de milliers de combattants. » Tant il est vrai qu'il n'appartient pas à tous les tempéraments de supporter le vin pur, ni à la première intelligence venue, dans les grandes prospérités, de garder son équilibre ! Mithrobarzane fut le premier des amis du Roi qui osa lui dire la vérité. Lui aussi fut mal récompensé de sa franchise, car on l'envoya aussitôt contre Lucullus, à la tête de trois mille cavaliers et d'un nombre considérable de fantassins, avec ordre de ramener le général en chef vivant et d'écraser le reste de l'armée. Une partie des troupes de Lucullus avait déjà pris position; l'autre était encore en marche. Mais, informé par ses espions que le Barbare marchait contre ses soldats, il craignit que celui-ci, en les attaquant isolément et sans qu'ils fussent rangés en bataille, ne jetât la confusion parmi eux. Lui-même installa son camp; et il envoya son lieutenant Sextilius avec seize cents cavaliers et des troupes d'infanterie tant lourde que légère, en nombre à peine plus considérable, avec ordre de tenir l'ennemi en respect jusqu'au moment où il apprendrait que le gros de l'armée était à pied d'oeuvre. Sextilius voulait se conformer à ces instructions; mais il fut contraint par Mithrobarzane, qui l'attaquait hardiment, à en venir aux mains. II y eut un combat. Mithrobarzane tomba dans l'action; les autres prirent la fuite, et, sauf un petit nombre, périrent tous. A la suite de cet échec, Tigrane, abandonnant Tigranocerte, la grande ville qu'il avait fondée, se retira sur le Taurus, où il rassembla ses troupes, venues de tous côtés. Lucullus, lui, sans consacrer de temps aux préparatifs, envoya Muréna harceler et couper les détachements qui se groupaient autour de Tigrane, et Lucullus barrer le passage à une quantité considérable d'Arabes, qui allaient le rejoindre. Simultanément Sextilius, tombant sur les Arabes au moment où ils installaient leur camp, tua la plupart d'entre eux; et Muréna, suivant Tigrane, qui, avec une longue file de soldats, s'était jeté dans un étroit défilé, profita de l'occasion pour l'attaquer. Tigrane prit la fuite en abandonnant tout son matériel; beaucoup d'entre les Arméniens furent tués, et plus encore, faits prisonniers.





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Dernière mise à jour : 14/09/2006