HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lucullus

κρύφα



Texte grec :

[27] Ὡς δ´ ὑπερβαλὼν τὸν Ταῦρον ἄθρους κατεφάνη καὶ κατεῖδε πρὸς τοῖς Τιγρανοκέρτοις ἐπικαθήμενον τὸ στράτευμα τῶν Ῥωμαίων, ὁ μὲν ἐν τῇ πόλει βάρβαρος ὅμιλος ὀλολυγῇ καὶ κρότῳ τὴν ὄψιν ἐδέξατο, καὶ τοῖς Ῥωμαίοις ἀπὸ τῶν τειχῶν ἀπειλοῦντες ἐδείκνυσαν τοὺς Ἀρμενίους· Λευκόλλῳ δὲ σκοποῦντι περὶ τῆς μάχης οἱ μὲν ἄγειν ἐπὶ Τιγράνην ἐάσαντα τὴν πολιορκίαν συνεβούλευον, οἱ δὲ μὴ καταλιπεῖν ὀπίσω πολεμίους τοσούτους μηδ´ ἀνεῖναι τὴν πολιορκίαν. ὁ δ´ εἰπὼν ἑκατέρους μὲν οὐκ ὀρθῶς, ἀμφοτέρους δὲ καλῶς παραινεῖν, διεῖλε τὴν στρατιάν, καὶ Μουρήναν μὲν ἑξακισχιλίους ἔχοντα πεζοὺς ἐπὶ τῆς πολιορκίας ἀπέλιπεν, αὐτὸς δὲ τέσσαρας καὶ εἴκοσι σπείρας ἀναλαβών, ἐν αἷς οὐ πλείονες ἦσαν μυρίων ὁπλιτῶν, καὶ τοὺς ἱππεῖς ἅπαντας καὶ σφενδονήτας καὶ τοξότας περὶ χιλίους ἐχώρει. καὶ παρὰ τὸν ποταμὸν ἐν πεδίῳ μεγάλῳ καταστρατοπεδεύσας, παντάπασι μικρὸς ἐφάνη Τιγράνῃ, καὶ τοῖς κολακεύουσιν αὐτὸν διατριβὴν παρεῖχεν. οἱ μὲν γὰρ ἔσκωπτον, οἱ δ´ ὑπὲρ τῶν λαφύρων ἐν παιδιᾷ διεβάλλοντο κλῆρον, τῶν δὲ στρατηγῶν καὶ βασιλέων ἕκαστος ᾐτεῖτο προσιὼν αὐτοῦ μόνου γενέσθαι τὸ ἔργον, ἐκεῖνον δὲ καθέζεσθαι θεατήν. βουλόμενος δέ τι καὶ αὐτὸς ὁ Τιγράνης χαρίεις εἶναι καὶ σκωπτικός, εἶπε τὸ θρυλούμενον· ‘εἰ μὲν ὡς πρεσβευταί, πολλοὶ πάρεισιν· εἰ δ´ ὡς στρατιῶται, ὀλίγοι.’ καὶ τότε μὲν οὕτως εἰρωνευόμενοι καὶ παίζοντες διετέλεσαν. Ἅμα δ´ ἡμέρᾳ Λεύκολλος ὡπλισμένην τὴν δύναμιν ἐξῆγε, καὶ πρὸς ἕω μὲν ἦν τοῦ ποταμοῦ τὸ βαρβαρικὸν στράτευμα, τοῦ δὲ ῥεύματος ἀποστροφὴν λαμβάνοντος ἐπὶ τὰς δύσεις, ᾗ μάλιστα περάσιμον ἦν, ἀντιπαρεξάγων τὴν δύναμιν καὶ σπεύδων, ἔδοξεν ἀποχωρεῖν τῷ Τιγράνῃ, καὶ καλέσας τὸν Ταξίλην ἅμα γέλωτι ‘τοὺς ἀμάχους’ ἔφη ‘Ῥωμαίων ὁπλίτας οὐχ ὁρᾷς φεύγοντας;’ καὶ ὁ Ταξίλης ‘βουλοίμην ἄν’ εἶπεν ‘ὦ βασιλεῦ γενέσθαι τι τῷ σῷ δαίμονι τῶν παραλόγων, ἀλλ´ οὔτ´ ἐσθῆτα λαμπρὰν οἱ ἄνδρες λαμβάνουσιν ὁδοιποροῦντες, οὔτε θυρεοῖς ἐκκεκαθαρμένοις χρῶνται καὶ κράνεσι γυμνοῖς, ὥσπερ νῦν τὰ σκύτινα τῶν ὅπλων σκεπάσματα περισπάσαντες, ἀλλὰ μαχουμένων ἐστὶν ἡ λαμπρότης αὕτη καὶ βαδιζόντων ἤδη πρὸς τοὺς πολεμίους.’ ταῦτα λέγοντος ἔτι τοῦ Ταξίλου, καταφανὴς ἦν ὁ πρῶτος ἀετὸς ἐπιστρέφοντος τοῦ Λευκόλλου καὶ τάξιν αἱ σπεῖραι κατὰ λόχους λαμβάνουσαι πρὸς τὴν διάβασιν, καὶ μόλις ὥσπερ ἐκ μέθης τινὸς ἀναφέρων ὁ Τιγράνης δὶς ἢ τρὶς ἐξέκραγεν ‘ἐφ´ ἡμᾶς οἱ ἄνδρες;’ ὥστε θορύβῳ πολλῷ τὸ πλῆθος εἰς τάξιν καθίστασθαι, βασιλέως μὲν αὐτοῦ τὸ μέσον ἔχοντος, τῶν δὲ κεράτων τὸ μὲν ἀριστερὸν τῷ Ἀδιαβηνῷ, τὸ δὲ δεξιὸν τῷ Μήδῳ παραδόντος, ἐφ´ οὗ καὶ τῶν καταφράκτων ἐν προτάγματι τὸ πλεῖστον ἦν. Λευκόλλῳ δὲ μέλλοντι διαβαίνειν τὸν ποταμὸν ἔνιοι τῶν ἡγεμόνων παρῄνουν φυλάττεσθαι τὴν ἡμέραν, μίαν οὖσαν τῶν ἀποφράδων ἃς μελαίνας καλοῦσιν· ἐν ἐκείνῃ γὰρ {τῇ ἡμέρᾳ} ἡ μετὰ Καιπίωνος ἀπώλετο στρατιὰ συμβαλοῦσα Κίμβροις. ὁ δ´ ἀπεκρίνατο τὴν μνημονευομένην φωνήν· ‘ἐγὼ γάρ’ ἔφη ‘καὶ ταύτην εὐτυχῆ ποιήσω Ῥωμαίοις τὴν ἡμέραν.’ ἦν δ´ ἡ πρὸ μιᾶς νωνῶν Ὀκτωβρίων.

Traduction française :

[27] XXVII. Lorsqu'ayant passé le Taurus, Tigrane put se montrer à la tête de toutes ses forces concentrées et voir en bas l'armée romaine devant Tigranocerte, l'agglomération barbare de la ville salua son apparition par des cris d'enthousiasme et des applaudissements; et du haut des murs, les assiégés désignaient aux Romains les Arméniens d'un air menaçant. Comme Lucullus délibérait sur l'opportunité du combat, les uns lui conseillaient d'abandonner le siège et de marcher contre Tigrane; les autres, de ne pas laisser derrière lui tant d'ennemis et de ne pas remettre le siège. Il répondit qu'aucun de ces avis n'était bon séparément, mais que, réunis, ils proposaient une excellente ligne de conduite. Il divisa donc son armée. Il laissa Muréna, avec six mille fantassins, continuer le siège; et lui-même partit avec vingt-quatre compagnies, ce qui ne faisait pas plus de dix mille hommes de pied, toute sa cavalerie, mille frondeurs et archers. Il établit son camp le long du fleuve, dans une grande plaine, et Tigrane constata la faiblesse de son armée, qui fournit même aux flatteurs de ce Prince une occasion de propos piquants. Les uns se moquaient de Lucullus; les autres, par plaisanterie, tiraient d'avance les dépouilles au sort; chacun des généraux et des Princes sollicitait la faveur d'accomplir la besogne à lui seul, le Roi des Rois devant rester simple spectateur. Afin de ne pas être en reste d'esprit et d'ironie, Tigrane dit le mot fameux : « Pour des ambassadeurs, ils sont bien nombreux; pour des soldats, ils sont bien peu. » Au début, ils s'occupaient donc à faire des mots et à plaisanter; mais, au lever du jour, Lucullus mit en marche son armée tout équipée. L'armée barbare se trouvait campée à l'Est du fleuve; mais comme ce fleuve faisait un coude à l'Ouest, où il était le plus guéable, Lucullus mena en hâte ses troupes dans ce sens. Tigrane en conclut qu'il battait en retraite; il appela Taxile et lui dit en riant : « Ne vois-tu pas que les invincibles fantassins de Rome s'enfuient? » Taxile lui répondit : « Je voudrais bien, Roi, pour ton bonheur, qu'il en fût ainsi; mais ce serait là quelque chose d'invraisemblable. Les soldats en déplacement ne prennent pas de vêtements brillants et ne se servent ni de boucliers bien astiqués, ni de casques nus; ils ne tirent pas, comme aujourd'hui, leurs armes du fourreau. L'éclat de cette tenue indique des combattants et des hommes qui marchent déjà contre l'ennemi. » Comme Taxile parlait encore, on vit la première aigle de l'armée de Lucullus faire volte-face, et les unités se ranger par centuries pour le passage. C'est à peine si Tigrane, comme arraché à son ivresse, put crier deux ou trois fois : « Ils viennent sur nous, ces hommes? » Aussi c'est dans un grand trouble que la foule de ses soldats se mit en rangs. Le Roi occupait le centre; il avait donné l'aile gauche au Roi d'Adiabène, et l'autre au Roi des Mèdes, qui commandait aussi la plus grande partie des cuirassiers de l'avant-garde. Comme Lucullus allait passer le fleuve, quelques-uns de ses officiers l'engageaient à se méfier du jour, qui était un des néfastes qualifiés, à Rome, de noirs; car c'est à pareil jour que l'armée de Cépion avait été anéantie dans un combat contre les Cimbres. Il répondit par le mot connu : « Non ! Car moi, ce jour-là, je le rendrai heureux pour les Romains ! » C'était la veille des nones d'octobre.





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Dernière mise à jour : 14/09/2006