HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lucullus

φλὸξ



Texte grec :

[21] Ἄππιος δὲ Κλώδιος, ὁ πεμφθεὶς πρὸς Τιγράνην - ἦν δ´ ὁ Κλώδιος ἀδελφὸς τῆς τότε Λευκόλλῳ συνοικούσης - πρῶτον μὲν ὑπὸ τῶν βασιλικῶν ὁδηγῶν κύκλον τινὰ καὶ περιβολὴν ἔχουσαν οὐκ ἀναγκαίαν καὶ πολυήμερον ὁδὸν διὰ τῆς ἄνω χώρας ἀγόμενος, μηνύσαντος αὐτῷ τὴν εὐθεῖαν ὁδὸν ἀπελευθέρου Σύρου τὸ γένος, ἐκτρέπεται τῆς μακρᾶς ἐκείνης καὶ σοφιστικῆς, ἐρρῶσθαι φράσας πολλὰ τοῖς βαρβάροις ἀγωγοῖς, καὶ δι´ ἡμερῶν ὀλίγων τὸν Εὐφράτην περάσας, εἰς Ἀντιόχειαν ἧκε τὴν ἐπὶ Δάφνης. ἔπειτα δὲ Τιγράνην αὐτοῦ κελευσθεὶς περιμένειν - ἀπῆν γὰρ ἐνίας ἔτι τῶν ἐν Φοινίκῃ πόλεων καταστρεφόμενος - , πολλοὺς μὲν ᾠκειώσατο τῶν ὑπούλως ἀκροωμένων τοῦ Ἀρμενίου δυναστῶν, ὧν εἷς ἦν καὶ Ζαρβιηνὸς ὁ τῆς Γορδυηνῆς βασιλεύς, πολλαῖς δὲ κρύφα τῶν δεδουλωμένων πόλεων διαπεμπομέναις πρὸς αὐτὸν ὑπέσχετο τὴν Λευκόλλου βοήθειαν, ἐν τῷ παρόντι κελεύσας ἡσυχάζειν. ἦν γὰρ οὐκ ἀνασχετὸς ἡ τῶν Ἀρμενίων ἀρχὴ τοῖς Ἕλλησιν, ἀλλὰ χαλεπή, καὶ μάλιστα τοῦ βασιλέως αὐτοῦ τὸ φρόνημα τραγικὸν καὶ ὑπέρογκον ἐν ταῖς μεγάλαις εὐτυχίαις ἐγεγόνει, πάντων ὅσα ζηλοῦσιν οἱ πολλοὶ καὶ θαυμάζουσιν οὐ μόνον ὄντων περὶ αὐτόν, ἀλλὰ καὶ δι´ αὐτὸν γεγονέναι δοκούντων. ἀρξάμενος γὰρ ἀπὸ μικρᾶς καὶ καταφρονουμένης ἐλπίδος, ἔθνη πολλὰ κατεστρέψατο, καὶ τὴν Πάρθων ὡς ἄλλος οὐδεὶς δύναμιν ἐταπείνωσεν, Ἑλλήνων δὲ τὴν Μεσοποταμίαν ἐνέπλησε, πολλοὺς μὲν ἐκ Κιλικίας, πολλοὺς δ´ ἐκ Καππαδοκίας ἀνασπάστους κατοικίζων. ἐκίνησε δ´ ἐξ ἠθῶν καὶ Ἄραβας τοὺς Σκηνίτας, μεταγαγὼν καὶ πλησίον ἱδρύσας, ὅπως χρῷτο δι´ ἐκείνων ταῖς ἐμπορίαις. βασιλεῖς δὲ πολλοὶ μὲν ἦσαν οἱ θεραπεύοντες αὐτόν, τέσσαρες δ´ οὓς ἀεὶ περὶ αὑτὸν εἶχεν ὥσπερ ὀπαδοὺς ἢ δορυφόρους, ἱππότῃ μὲν ἐλαύνοντι πεζοὺς παραθέοντας ἐν χιτωνίσκοις, καθημένῳ δὲ καὶ χρηματίζοντι περιεστῶτας ἐπηλλαγμέναις δι´ ἀλλήλων ταῖς χερσίν, ὅπερ ἐδόκει μάλιστα τῶν σχημάτων ἐξομολόγησις εἶναι δουλείας, οἷον ἀποδομένων τὴν ἐλευθερίαν καὶ τὸ σῶμα τῷ κυρίῳ παρεχόντων παθεῖν ἑτοιμότερον ἢ ποιῆσαι. Ταύτην μέντοι τὴν τραγῳδίαν οὐχ ὑποτρέσας οὐδ´ ἐκπλαγεὶς ὁ Ἄππιος, ὡς ἔτυχε λόγου πρῶτον, ἄντικρυς ἥκειν ἔφη Μιθριδάτην ἀπάξων, ὀφειλόμενον τοῖς Λευκόλλου θριάμβοις, ἢ καταγγελῶν Τιγράνῃ πόλεμον, ὥστε τὸν Τιγράνην, καίπερ ἐν διαχύσει τοῦ προσώπου καὶ μειδιάματι πεπλασμένῳ πειρώμενον ἀκούειν τῶν λόγων, μὴ λαθεῖν τοὺς παρόντας ἠλλοιωμένον τῇ παρρησίᾳ τοῦ νεανίσκου, φωνῆς σχεδὸν ἐλευθέρας ἀκούοντα διὰ πέντε καὶ εἴκοσιν ἐτῶν· τοσαῦτα γὰρ ἐβασίλευσε, μᾶλλον δ´ ὕβρισεν. ἀπεκρίνατο μὲν οὖν τῷ Ἀππίῳ μὴ προήσεσθαι Μιθριδάτην, καὶ Ῥωμαίους πολέμου ἄρχοντας ἀμυνεῖσθαι. Λευκόλλῳ δ´ ὀργιζόμενος, ὅτι βασιλέα μόνον αὐτόν, οὐ βασιλέα βασιλέων ἐν τῇ ἐπιστολῇ προσηγόρευσεν, οὐδ´ αὐτὸς ἀντιγράφων αὐτοκράτορα προσεῖπεν. ἔπεμψε δὲ δῶρα τῷ Ἀππίῳ λαμπρά, καὶ μὴ λαβόντος, ἄλλα πλείω προσέθηκεν. ἐκ τούτων ὁ Ἄππιος, οὐκ ἐθέλων δοκεῖν ἔχθρᾳ τινὶ διωθεῖσθαι, φιάλην δεξάμενος μίαν ἀπέπεμψε τὰ λοιπά, καὶ διὰ ταχέων ἀπήλαυνε πρὸς τὸν αὐτοκράτορα.

Traduction française :

[21] XXI. Appius Clodius, le frère de l'épouse actuelle de Lucullus, qui avait été envoyé à Tigrane, prit d'abord pour guides des sujets du Roi. Ils le conduisirent à travers le haut pays par une route sinueuse, qui faisait des détours inutiles. Au bout de plusieurs jours, un affranchi d'origine syrienne lui indiqua la route directe. Alors, il se détourna de l'autre, qui était longue et embrouillée, fit bien ses adieux aux guides barbares, et, en peu de jours, ayant passé l'Euphrate, il parvint à Antioche près Daphné. Prié d'y attendre Tigrane (car celui-ci se trouvait absent, en train de soumettre encore quelques-unes des villes de Phénicie), il gagna plusieurs des petits souverains qui obéissaient à l'Arménien avec des arrière-pensées : parmi eux était Zarbiénos, roi de Gordyène. Il promit aussi à plusieurs des villes asservies, qui lui envoyaient des messagers clandestins, le secours de Lucullus, en leur prescrivant de se tenir tranquilles pour le moment. Car la domination des Arméniens, loin de paraître supportable aux Grecs, leur était pénible. Et surtout la morgue théâtrale du Roi et son immense orgueil s'étaient exaltés dans les grands succès; tout ce qu'envie et admire la foule non seulement l'entourait, mais paraissait n'exister que pour lui. En effet, parti d'une situation méprisée et avec de faibles espérances, il avait soumis bien des peuples, abaissé la puissance des Parthes comme personne avant lui, et rempli de Grecs la Mésopotamie, en y établissant beaucoup d'émigrés de Cappadoce et de Cilicie. Il fit même sortir de leurs habitudes les Arabes Scénites, qu'il établit près de ses États, afin d'exercer le commerce par leur intermédiaire. Nombreux étaient les Rois qui lui faisaient la cour; et il y en avait quatre qu'il gardait toujours auprès de lui comme suivants et écuyers. Ceux-là, quand il montait à cheval, couraient à ses côtés en tunique courte, et, s'il était assis en train d'expédier les affaires, on les voyait debout, les mains entrecroisées, c'est-à-dire dans l'attitude la plus propre à constituer un aveu d'esclavage; car elle signifiait qu'ayant vendu leur liberté, ils offraient au maître leur corps, plutôt en vue du sacrifice que de l'action. Sans trembler devant cette mise en scène et sans en être frappé, Appius, dès qu'il eut la parole, déclara directement qu'il était venu pour emmener Mithridate, dû au triomphe de Lucullus, ou déclarer la guerre à Tigrane. Ce Prince, malgré l'altération de ses traits, s'efforça d'écouter la sommation avec un sourire affecté. Il ne put toutefois dissimuler aux assistants son trouble devant la franchise du jeune homme, dont la voix était à peu près la seule libre qu'il eût entendue en vingt-cinq ans; car telle avait été la durée de son règne, ou plutôt de ses abus de pouvoir. Il répondit enfin à Appius qu'il n'abandonnerait pas Mithridate, et que, si les Romains prenaient l'initiative de la guerre, il se défendrait. Irrité contre Lucullus, parce que celui-ci, dans sa lettre, ne lui avait donné que le titre de Roi, et non de Roi des Rois, il ne lui donna pas non plus celui d'Imperator dans sa réponse; mais il envoya de riches présents à Appius; et, comme celui-ci ne les avait pas pris, il en ajouta d'autres, en plus grande quantité. Là-dessus Appius, ne voulant pas paraître repousser un cadeau par inimitié, accepta une coupe, et renvoya le reste. Il revint, en peu de jours, auprès du général en chef.





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Dernière mise à jour : 14/09/2006