Texte grec :
[19] Ἐλάσας δ´ ἄχρι Ταλαύρων, ἔνθεν ἡμέρᾳ τετάρτῃ
πρότερον ἐφθάκει Μιθριδάτης εἰς Ἀρμενίαν πρὸς Τιγράνην
πεφευγώς, ἀποτρέπεται. καταστρεψάμενος δὲ
Χαλδαίους καὶ Τιβαρηνούς, καὶ τὴν μικρὰν Ἀρμενίαν
παραλαβών, καὶ φρούρια καὶ πόλεις παραστησάμενος,
Ἄππιον μὲν ἔπεμψε πρὸς Τιγράνην ἐξαιτῶν Μιθριδάτην,
αὐτὸς δ´ ἧκε πρὸς Ἀμισὸν ἔτι πολιορκουμένην.
αἴτιος δ´ ἦν Καλλίμαχος ὁ στρατηγός, ἐμπειρίᾳ μηχανικῆς
παρασκευῆς καὶ δεινότητι πανουργίας ὅσην πολιορκία
δέχεται πλεῖστα λυπήσας Ῥωμαίους· ὧν ὕστερον
ἔδωκε δίκην. τότε δ´ ὑπὸ Λευκόλλου καταστρατηγηθείς,
ὑφ´ ἣν ἔθος εἶχεν ὥραν τῆς ἡμέρας ἀπάγειν καὶ ἀναπαύειν
τοὺς στρατιώτας, ἐν ἐκείνῃ προσβαλόντος αἰφνιδίως
καὶ κατασχόντος οὐ πολὺ μέρος τοῦ τείχους, αὐτὸς
ἐκλιπὼν τὴν πόλιν ὑφῆψεν, εἴτε φθονῶν ὠφεληθῆναι
Ῥωμαίοις, εἴτε ῥᾳστώνην φυγῆς ἑαυτῷ μηχανώμενος.
οὐδεὶς γὰρ ἐφρόντιζε τῶν ἐκπλεόντων, ἀλλὰ καὶ ὡς ἡ
φλὸξ ἀναδραμοῦσα πολλὴ τὰ τείχη περιέσχεν, οἱ μὲν
στρατιῶται παρεσκευάζοντο πρὸς ἁρπαγήν, ὁ δὲ Λεύκολλος
οἰκτίρων ἀπολλυμένην τὴν πόλιν, ἔξωθεν ἐβοήθει
πρὸς τὸ πῦρ καὶ σβεννύναι παρεκάλει, μηδενὸς αὐτῷ
προσέχοντος, ἀλλ´ ἐξαιτουμένων τὰ χρήματα καὶ μετὰ
βοῆς τὰ ὅπλα κρουόντων, ἕως ἐκβιασθεὶς ἐπέτρεψεν,
ὡς αὐτήν γε τὴν πόλιν ἐξαιρησόμενος τοῦ πυρός. οἱ δὲ
τοὐναντίον ἔπραξαν. πάντα γὰρ ἐξερευνῶντες ὑπὸ λαμπάδων
καὶ πανταχοῦ φῶς ἐπιφέροντες, αὐτοὶ τὰ πλεῖστα
τῶν οἰκημάτων καθεῖλον, ὥστε τὸν Λεύκολλον εἰσελθόντα
μεθ´ ἡμέραν καὶ δακρύσαντα πρὸς τοὺς φίλους
εἰπεῖν, ὡς πολλάκις ἤδη Σύλλαν μακαρίσας, μάλιστα τῇ
σήμερον ἡμέρᾳ τὴν τἀνδρὸς εὐτυχίαν θαυμάσειεν, ὅτι
σῶσαι βουληθεὶς ἐδυνήθη τὰς Ἀθήνας. ‘ἐμὲ δέ’ ἔφη
‘τούτου ζηλωτὴν γενόμενον εἰς τὴν Μομμίου δόξαν ὁ
δαίμων περιέστησεν.’ οὐ μὴν ἀλλ´ ἐκ τῶν παρόντων
ἀναλαμβάνειν ἐπειρᾶτο τὴν πόλιν, καὶ τὸ μὲν πῦρ ὄμβροι
κατέσβεσαν, ἔκ τινος θείας τύχης περὶ τὴν ἅλωσιν
αὐτὴν συμπεσόντες, τὰ δὲ πλεῖστα τῶν ἀπολωλότων αὐτὸς
ἔτι παρὼν ἀνῳκοδόμησε, καὶ τοὺς φεύγοντας Ἀμισηνῶν
ἐδέξατο, καὶ τῶν ἄλλων Ἑλλήνων κατῴκισε τοὺς
βουλομένους, εἴκοσι καὶ ἑκατὸν σταδίων χώραν προσορίσας.
ἦν δ´ ἡ πόλις Ἀθηναίων ἄποικος, ἐν ἐκείνοις
ἄρα τοῖς καιροῖς, ἐν οἷς ἤκμαζεν ἡ δύναμις αὐτῶν καὶ
κατεῖχε τὴν θάλασσαν, οἰκισθεῖσα, καὶ διὰ τοῦτο πολλοὶ
τῶν τὴν Ἀριστίωνος τυραννίδα βουλομένων φεύγειν ἐκπλεύσαντες
αὐτοῦ κατῴκουν καὶ μετεῖχον τῆς πολιτείας, οἷς
συνέβη τὰ οἰκεῖα κακὰ φεύγουσιν ἀπολαῦσαι τῶν ἀλλοτρίων.
ἀλλὰ τούς γε σωθέντας αὐτῶν ὁ Λεύκολλος ἀμφιέσας
καλῶς καὶ διακοσίας ἑκάστῳ δραχμὰς ἐπιδοὺς ἀπέστειλε.
Τότε καὶ Τυραννίων ὁ γραμματικὸς ἑάλω· Μουρήνας
δ´ αὐτὸν ἐξῃτήσατο καὶ λαβὼν ἀπηλευθέρωσεν, ἀνελευθέρως
τῇ δωρεᾷ χρησάμενος. οὐ γὰρ ἠξίου Λεύκολλος
ἄνδρα διὰ παιδείαν ἐσπουδασμένον δοῦλον γενέσθαι πρότερον,
εἶτ´ ἐλεύθερον. ἀφαίρεσις γὰρ ἦν τῆς ὑπαρχούσης
ἡ τῆς δοκούσης ἐλευθερίας δόσις. ἀλλὰ Μουρήνας μὲν οὐκ ἐνταῦθα
μόνον ὤφθη πολὺ τῆς τοῦ στρατηγοῦ καλοκαγαθίας ἀποδέων.
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Traduction française :
[19] XIX. Après avoir poussé jusqu'à Talaures, d'où,
trois jours avant, Mithridate s'était enfui à la hâte en
Arménie chez Tigrane, il fit volte-face. Quand il eut
soumis les Chaldéens et les Tibaréniens, conquis la
Petite Arménie, pris des postes fortifiés et des villes, il
envoya Appius réclamer Mithridate à Tigrane, et lui-même
revint devant Amisos encore assiégée. Celui qui
prolongeait la résistance était le général Callimaque,
grâce à ses connaissances en matière d'artillerie et à son
habileté dans toutes les manoeuvres que comporte la
défense d'une forteresse. Il fit par là beaucoup de mal
aux Romains. Il en fut puni, mais plus tard. En attendant,
surpris par Lucullus, qui profita de l'heure où il
avait l'habitude de ramener ses soldats à l'intérieur des
murs et de leur donner du repos, pour l'attaquer soudain
et occuper une partie peu considérable du rempart, il
abandonna la ville et y mit le feu, soit pour ôter une
ressource aux Romains, soit pour faciliter sa fuite. Nul,
en effet, ne se souciait des fugitifs; et lorsque la flamme,
s'élevant avec violence, environna les remparts, les
soldats se préparaient au pillage. Lucullus, pris de pitié
pour cette ville qui périssait, portait, du dehors, secours
contre le feu et exhortait à l'éteindre, sans que nul
l'écoutât : au contraire, les soldats réclamaient leur part
de butin et, avec des clameurs, ils entrechoquaient leurs
armes, si bien qu'il fut contraint de permettre le pillage,
espérant à ce prix sauver du moins la ville elle-même
de l'incendie. Mais ils trompèrent son attente. Car,
fouillant tout avec des flambeaux et portant partout la
lumière, ils détruisirent eux-mêmes la plupart des habitations.
Aussi Lucullus, qui fit son entrée dans la ville le
jour suivant, dit-il en pleurant à ses amis : « J'ai déjà
proclamé Sylla heureux; mais c'est surtout aujourd'hui
que j'admire sa bonne fortune. Il voulait sauver Athènes,
et il l'a pu. Et moi, son émule, le destin m'a réservé la
réputation de Mummius!» Cependant il tâcha de
relever la ville de ses maux présents. Le feu fut éteint
par des pluies qui, par une coïncidence providentielle,
tombèrent au moment de la prise. Lucullus put faire
rebâtir, pendant qu'il était encore là, presque toutes les
maisons détruites. Il accueillit les Amiséniens qui s'étaient
enfuis, et permit à ceux des autres Grecs qui le voulurent
de s'établir dans un espace de cent vingt stades, qu'il
leur assigna. Amisos était une colonie athénienne, fondée
aux temps heureux de l'apogée de sa métropole, alors
maîtresse des mers. En raison de cette origine, beaucoup
d'Athéniens qui voulaient échapper à la tyrannie d'Aristion
s'y étaient rendus par mer, et ils y participaient
au droit de cité : ainsi, voulant échapper aux malheurs
de leur pays, ils subirent la conséquence de ceux d'autrui.
Du moins ceux d'entre eux qui furent sauvés
reçurent de Lucullus, avant leur départ, des vêtements
convenables, et deux cents drachmes chacun. C'est alors
aussi que le grammairien Tyrannion fut pris. Muréna le
réclama, et, l'ayant obtenu, l'affranchit : usage bien
grossier de ce don! Car Lucullus ne voulait pas qu'un
homme si recherché pour son instruction fût d'abord
esclave, pour devenir libre; et cette concession apparente
de la liberté en était plutôt le retrait. Mais ce n'est pas
seulement alors que l'on vit Muréna rester bien en arrière
des nobles sentiments de son général.
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