Texte grec :
[16] Ἦν δέ τις ἐν τῷ Μιθριδάτου στρατοπέδῳ Δανδαρίων
δυνάστης Ὀλθακὸς - γένος δ´ εἰσὶν οἱ Δανδάριοι
βαρβάρων τῶν περὶ τὴν Μαιῶτιν οἰκούντων - , ἀνὴρ
ὅσα χειρὸς ἔργα καὶ τόλμης ἐν πολέμῳ διαπρεπὴς ἅπαντα
καὶ γνώμην ἱκανὸς ἐν τοῖς μεγίστοις, ἔτι δ´ ἐμμελὴς
ὁμιλῆσαι καὶ θεραπευτικός. οὗτος ἔχων ἀεὶ πρός τινα
τῶν ὁμοφύλων δυναστῶν ἅμιλλαν ὑπὲρ πρωτείων καὶ
ζηλοτυπίαν, ὑπέσχετο τῷ Μιθριδάτῃ μέγα ἔργον, ἀποκτενεῖν
Λεύκολλον. ἐπαινέσαντος δὲ τοῦ βασιλέως καί
τινας αὐτῷ προσβαλόντος ἐπίτηδες ἀτιμίας εἰς προσποίησιν
ὀργῆς, ἀφιππάσατο πρὸς Λεύκολλον· ὁ δ´ ἄσμενος
ἐδέξατο (λόγος γὰρ ἦν αὐτοῦ πολὺς ἐν τῷ στρατοπέδῳ),
καὶ ταχὺ πειρώμενος ἠσπάζετο τήν τ´ ἀγχίνοιαν
αὐτοῦ καὶ τὸ λιπαρές, ὥστε τραπέζης καὶ συνεδρίου
ποτὲ ποιεῖσθαι κοινωνόν. ἐπεὶ δ´ ἐδόκει καιρὸν ἔχειν ὁ
Δανδάριος, τὸν μὲν ἵππον ἔξω τοῦ χάρακος ἐκέλευσε προαγαγεῖν
τοὺς παῖδας, αὐτὸς δὲ μεσημβρίας οὔσης καὶ
τῶν στρατιωτῶν ἐνδιαζόντων καὶ ἀναπαυομένων ἐβάδιζεν
ἐπὶ τὴν στρατηγικὴν σκηνήν, ὡς οὐδενὸς κωλύσοντος
εἰσελθεῖν ἄνδρα συνήθη καὶ λόγους τινὰς ἀξίους σπουδῆς
τῷ στρατηγῷ κομίζειν φάσκοντα. κἂν εἰσῆλθεν ἀδεῶς,
εἰ μὴ ὁ πολλοὺς ἀνῃρηκὼς στρατηγοὺς ὕπνος Λεύκολλον
ἔσωσεν. ἐτύγχανε γὰρ καθεύδων, καὶ Μενέδημος, εἷς
τῶν κατευναστῶν, παρὰ ταῖς θύραις ἑστὼς οὐκ ἔφη
κατὰ καιρὸν ἥκειν τὸν Ὀλθακόν, ἄρτι Λευκόλλου πρὸς
ἀνάπαυσιν ἐκ μακρᾶς ἀγρυπνίας καὶ πόνων τοσούτων
δεδωκότος ἑαυτόν. ἐπεὶ δ´ οὐκ ἀπῄει κελεύοντος, ἀλλ´ ἔφη
καὶ κωλύοντος εἰσελεύσεσθαι, περὶ πράγματος ἀναγκαίου
καὶ μεγάλου διαλεχθῆναι βουλόμενος, ἤδη πρὸς
ὀργὴν ὁ Μενέδημος εἰπὼν ‘μηδὲν ἀναγκαιότερον τοῦ
σῴζεσθαι Λεύκολλον’, ἀπεώσατο τὸν ἄνθρωπον ἀμφοτέραις
ταῖς χερσίν. ὁ δὲ δείσας ὑπεξῆλθε τοῦ χάρακος,
καὶ λαβὼν τὸν ἵππον ἀπήλασεν εἰς τὸ Μιθριδάτου στρατόπεδον
ἄπρακτος. οὕτως ἄρα καὶ τοῖς πράγμασιν ὁ
καιρὸς ὥσπερ τοῖς φαρμάκοις καὶ τὴν σῴζουσαν καὶ
τὴν ἀναιροῦσαν ῥοπὴν προστίθησιν.
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Traduction française :
[16] XVI. Il y avait dans le camp de Mithridate un prince
des Dandariens, nommé Olthacos. (Les Dandariens sont
un peuple de Barbares, qui habitent sur les bords du
Palus-Méotide.) Il excellait, à la guerre, dans tous les
coups de main et les actes d'audace; il avait une capacité
intellectuelle égale aux plus grandes circonstances;
enfin, il était de relations agréables, et insinuant. Ainsi
fait, comme il disputait toujours le premier rang à l'un
des autres roitelets de sa race et rivalisait avec eux, il
promit à Mithridate d'accomplir un grand exploit :
tuer Lucullus. Le Roi l'approuva, et lui fit à dessein
quelques affronts, pour lui permettre de feindre la
colère. Là-dessus, montant à cheval, Olthacos alla trouver
Lucullus, qui l'accueillit avec beaucoup de bonne grâce;
car sa réputation était grande dans l'armée. Bientôt
le proconsul put l'apprécier par lui-même et fut tellement
séduit par sa finesse et sa ténacité qu'il le faisait quelque-fois
participer à sa table et à son conseil de guerre. Enfin,
croyant tenir l'occasion, le Dandarien fit mener son cheval
hors du retranchement par ses esclaves, et lui-même
se dirigea vers la tente du général. Comme il était midi,
les soldats se reposaient en faisant la sieste. Olthacos
pensait que nul ne refuserait l'entrée à un homme qui
était des familiers du proconsul et affirmerait lui apporter
des informations pressantes. II serait entré impunément,
si le sommeil, qui perdit tant de généraux, n'avait sauvé
Lucullus. Celui-ci était en train de dormir; et Ménédème,
un de ses valets de chambre, qui se tenait à la porte,
répondit qu'Olthacos arrivait mal à propos, Lucullus
venant de s'abandonner à un repos bien gagné après une
longue veille et de si grandes fatigues. Comme Olthacos ne
s'en allait pas, malgré les injonctions du serviteur, et
déclarait même qu'il entrerait malgré son opposition,
voulant avoir avec le général un entretien indispensable
sur une affaire importante, Ménédème se mit en colère
et répliqua : « Rien n'est plus indispensable que la
conservation de Lucullus. » En disant ces mots, il repoussa
l'homme des deux mains. Olthacos prit peur et s'échappa
du retranchement; il monta sur son cheval et revint
au camp de Mithridate sans avoir rien fait. Tant il est
vrai que l'opportunité donne aux actes, comme aux
remèdes, l'appoint qui sauve ou perd!
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