Texte grec :
[15] Ἐπὶ τοιούτων λογισμῶν γενόμενος ὁ Λεύκολλος
περί τε τὴν Ἀμισὸν διέτριψε, μαλακῶς τῇ πολιορκίᾳ
χρώμενος, καὶ μετὰ χειμῶνα Μουρήναν ἀπολιπὼν ἐπὶ
τῆς πολιορκίας, ἐβάδιζεν ἐπὶ Μιθριδάτην, καθήμενον ἐν
Καβήροις καὶ διανοούμενον ὑφίστασθαι τοὺς Ῥωμαίους,
ἠθροισμένης αὐτῷ δυνάμεως εἰς τετρακισμυρίους πεζούς,
ἱππεῖς δὲ τετρακισχιλίους, οἷς ἐθάρρει μάλιστα. καὶ διαβὰς
τὸν Λύκον ποταμὸν εἰς τὸ πεδίον προὐκαλεῖτο τοὺς
Ῥωμαίους. γενομένης δ´ ἱππομαχίας ἔφυγον οἱ Ῥωμαῖοι,
Πομπώνιος δ´ ἀνὴρ οὐκ ἄδοξος ἑάλω τετρωμένος καὶ πρὸς
τὸν Μιθριδάτην ἀνήχθη, κακῶς ὑπὸ τραυμάτων διακείμενος.
πυθομένου δὲ τοῦ βασιλέως εἰ σωθεὶς ὑπ´ αὐτοῦ
γενήσεται φίλος, ‘ἄν γε δή’ ἔφη ‘Ῥωμαίοις διαλλαγῇς·
εἰ δὲ μή, πολέμιος’. τοῦτον μὲν θαυμάσας ὁ Μιθριδάτης
οὐκ ἠδίκησε.
Τοῦ δὲ Λευκόλλου τὰ μὲν πεδία τῶν πολεμίων ἱπποκρατούντων
δεδιότος, τὴν δ´ ὀρεινὴν ὀκνοῦντος προϊέναι,
μακρὰν καὶ ὑλώδη καὶ δύσβατον οὖσαν, ἁλίσκονταί τινες
κατὰ τύχην Ἕλληνες, εἴς τι σπήλαιον καταφυγόντες,
ὧν ὁ πρεσβύτερος Ἀρτεμίδωρος ὑπέσχετο τὸν Λεύκολλον
ἄξειν καὶ καταστήσειν ἐπὶ τόπῳ ἀσφαλεῖ τῷ στρατοπέδῳ
καὶ φρούριον ἔχοντι τοῖς Καβήροις ἐπικρεμάμενον.
πιστεύσας δ´ ὁ Λεύκολλος ἅμα τῇ νυκτὶ πυρὰ καύσας
ἐκίνει, καὶ τὰ στενὰ παρελθὼν ἀσφαλῶς τὸ χωρίον εἶχε,
καὶ μεθ´ ἡμέραν ὑπερεφαίνετο τῶν πολεμίων ἱδρύων τὸν
στρατὸν ἐν τόποις οἳ μάχεσθαι βουλομένῳ προσαγωγὴν
ἐδίδοσαν καὶ τὸ μὴ βιασθῆναι παρεῖχον ἡσυχάζοντι.
Γνώμην μὲν οὖν οὐδέτερος εἶχεν ἔν γε τῷ παρόντι
διακινδυνεύειν· ἔλαφον δὲ λέγεται τῶν βασιλικῶν διωκόντων,
ὑποτεμνομένους ἀπαντῆσαι τοὺς Ῥωμαίους, ἐκ
δὲ τούτου συμπεσόντας ἀγωνίζεσθαι, πλειόνων ἑκατέροις
ἀεὶ προσγινομένων. τέλος δ´ ἐνίκων οἱ βασιλικοί, καὶ
τὴν φυγὴν ἐκ τοῦ χάρακος οἱ Ῥωμαῖοι καθορῶντες,
ἤσχαλλον καὶ συνέτρεχον πρὸς τὸν Λεύκολλον, ἄγειν
σφᾶς δεόμενοι καὶ σύνθημα πρὸς τὴν μάχην αἰτοῦντες.
ὁ δὲ βουλόμενος αὐτοὺς μαθεῖν, ἡλίκον ἐστὶν ἐν ἀγῶνι
πολέμου καὶ κινδύνῳ παρουσία καὶ ὄψις ἡγεμόνος ἔμφρονος,
ἐκείνους μὲν ἡσυχίαν ἄγειν ἐκέλευσεν, αὐτὸς δὲ
κατέβαινεν εἰς τὸ πεδίον καὶ τοῖς πρώτοις ἀπαντήσας
τῶν φευγόντων ἵστασθαι προσέταξε καὶ ἀναστρέφειν
μετ´ αὐτοῦ. πεισθέντων δὲ τούτων, καὶ οἱ λοιποὶ μεταβαλόμενοι
καὶ συστάντες ὀλίγῳ πόνῳ τρέπονται τοὺς
πολεμίους καὶ καταδιώκουσιν εἰς τὸ στρατόπεδον. ἐπανελθὼν
δὲ Λεύκολλος ἀτιμίαν τινὰ τοῖς φεύγουσι νενομισμένην
προσέβαλε, κελεύσας ἐν χιτῶσιν ἀζώστοις ὀρύξαι
δώδεκα ποδῶν τάφρον, ἐφεστώτων καὶ θεωμένων
τῶν ἄλλων στρατιωτῶν.
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Traduction française :
[15] XV. S'en tenant à des raisonnements de ce genre,
Lucullus s'attarda devant Amisos, dont il menait le
siège avec mollesse. Au bout d'un hiver, il laissa Muréna
continuer cette opération, et marcha contre Mithridate.
Ce Prince, alors installé à Cabires, songeait à résister
aux Romains; et, à cette fin, il avait réuni une armée
qui comprenait quarante mille fantassins et quatre mille
cavaliers, ces derniers, objet de sa confiance particulière.
Il traversa le Lycos, et, descendu dans la plaine, il
provoqua les Romains. Il y eut un combat de cavalerie,
où ceux-ci prirent la fuite. Pomponius, homme d'une
certaine notoriété, fut blessé, fait prisonnier et conduit
à Mithridate. Il souffrait beaucoup de ses blessures, et
le Roi lui demanda : « Si je te sauve la vie, seras-tu
mon ami? » Oui, répliqua Pomponius, si tu fais la paix
avec les Romains; sinon, je serai ton ennemi. » Mithridate
conçut pour lui de l'admiration, et ne lui fit pas de mal.
Si Lucullus craignait les plaines, en raison de la supériorité
de la cavalerie ennemie, il hésitait à prendre la
route des montagnes, qui était longue, pleine de forêts
et difficile. Sur ces entrefaites, on s'empara, par hasard,
de quelques Grecs, qui s'étaient réfugiés dans une grotte.
Le plus âgé, Artémidore, promit de servir de guide à
Lucullus et de le mener dans un endroit où il pourrait
camper en sécurité et qui lui offrirait un poste d'observation
surplombant Cabires. Lucullus l'en crut. A la
nuit, il alluma des feux et fit mouvement. Il passa les
défilés et occupa les positions en toute sûreté. Au jour,
on put voir que, dominant le camp ennemi, il s'était
établi solidement en un lieu qui, s'il voulait combattre,
lui donnait facilement accès chez l'adversaire, et lui permettait
de ne pas subir de contrainte, s'il se tenait tranquille.
Dans ces conditions, ni l'un, ni l'autre belligérant
n'était décidé, du moins pour le moment, à risquer la
bataille; mais on dit qu'un cerf, poursuivi par les soldats
du Roi, fut intercepté par les Romains, qui se trouvèrent
en face des ennemis. Là-dessus, la lutte s'engagea et
des renforts arrivaient continuellement aux deux partis.
A la fin, les soldats du Roi eurent le dessus. Le gros des
Romains, voyant du haut du retranchement la fuite
de leurs camarades, se fâchaient et couraient à Lucullus
pour le supplier de les mener à l'ennemi et réclamer le
signal du combat. Mais il voulut leur apprendre de
quelle importance est, dans une bataille où l'on risque
sa vie, la présence et le coup d'oeil d'un chef intelligent :
il leur dit donc de rester en repos, et lui-même descendit
dans la plaine. Là, rencontrant les premiers des fuyards,
il leur commanda de s'arrêter et de faire front avec lui.
Ils obéirent, et les autres aussi firent volte-face. Tous se
regroupèrent, et, sans beaucoup de peine, mirent en fuite
les ennemis, qu'ils poursuivirent jusqu'au camp.
A son retour, Lucullus infligea aux fuyards une punition infamante
conforme au règlement; il les fit mettre en tunique, sans
ceinture, et leur ordonna de creuser un fossé de douze
pieds, sous la surveillance et le regard des autres soldats.
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