HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lucullus

νῦν



Texte grec :

[14] Πολλῶν δὲ Λευκόλλῳ παραινούντων ἀναβαλέσθαι τὸν πόλεμον, οὐ φροντίσας ἐνέβαλε διὰ Βιθυνίας καὶ Γαλατίας εἰς τὴν βασιλικήν, ἐν ἀρχῇ μὲν ἐνδεὴς τῶν ἀναγκαίων, ὥστε Γαλάτας ἕπεσθαι τρισμυρίους, ἕκαστον ἐπὶ τῶν ὤμων κομίζοντα σίτου μέδιμνον, προϊὼν δὲ καὶ κρατῶν ἁπάντων εἰς τοσαύτην ἦλθεν εὐπορίαν, ὥστε τὸν μὲν βοῦν ἐν στρατοπέδῳ δραχμῆς, τὸ δ´ ἀνδράποδον τεττάρων ὤνιον εἶναι, τὴν δ´ ἄλλην λείαν ἐν οὐδενὶ λόγῳ τοὺς μὲν ἀπολείπειν, τοὺς δ´ ἀναλίσκειν. διάθεσις γὰρ οὐδενὸς ἦν πρὸς οὐδένα πάντων εὐπορούντων. ἀλλ´ ὅσον φθεῖραι καὶ κακῶσαι τὴν χώραν ἱππασάμενοι καὶ καταδραμόντες ἄχρι Θεμισκύρας καὶ τῶν περὶ Θερμώδοντα πεδίων, ᾐτιῶντο τὸν Λεύκολλον, ὅτι πάσας προσάγεται τὰς πόλεις, κατὰ κράτος δ´ οὐδεμίαν ᾕρηκεν οὐδὲ παρέσχηκεν αὐτοῖς ὠφεληθῆναι διαρπάσασιν. ‘ἀλλὰ καὶ νῦν’ ἔφασαν ‘Ἀμισόν, πόλιν εὐδαίμονα καὶ πλουσίαν, οὐ μέγα ὂν ἔργον εἴ τις ἐντείναι τὴν πολιορκίαν κατασχεῖν, ἀπολιπόντας ἡμᾶς ἄγει περὶ τὴν Τιβαρηνῶν καὶ Χαλδαίων ἐρημίαν Μιθριδάτῃ πολεμήσοντας.’ ἀλλὰ ταῦτα μὲν οὐκ ἂν ὁ Λεύκολλος ἐλπίσας εἰς τοσοῦτον ἀπονοίας τοὺς στρατιώτας παραγαγεῖν, ὅσον ὕστερον ἐξέφηναν, ὑπερεώρα καὶ οὐκ ἐφρόντιζεν, ἐκείνοις δ´ ἀπελογεῖτο μᾶλλον οἳ βραδυτῆτα κατηγόρουν αὐτοῦ, διατρίβοντος ἐνταῦθα περὶ κώμας καὶ πόλεις οὐ πολλοῦ τινος ἀξίας πολὺν χρόνον, ἐῶντος δ´ αὔξεσθαι Μιθριδάτην. ‘αὐτὸ γάρ’ ἔφη ‘τοῦτο καὶ βούλομαι καὶ κάθημαι τεχνάζων, μέγαν αὖθις γενέσθαι τὸν ἄνδρα καὶ συναγαγεῖν αὐτὸν ἀξιόμαχον δύναμιν, ἵνα μείνῃ καὶ μὴ φύγῃ προσιόντας ἡμᾶς. ἢ οὐχ ὁρᾶτε πολλὴν μὲν αὐτῷ καὶ ἀτέκμαρτον ἐρημίαν ὀπίσω παροῦσαν; ἐγγὺς δ´ ὁ Καύκασος καὶ ὄρη πολλὰ καὶ βαθέα καὶ μυρίους βασιλεῖς φυγομαχοῦντας ἀρκοῦντα κατακρύψαι καὶ περισχεῖν, ὀλίγων δ´ ἡμερῶν ὁδὸς εἰς Ἀρμενίαν ἐκ Καβήρων, καὶ ὑπὲρ Ἀρμενίας κάθηται Τιγράνης, βασιλεὺς βασιλέων, ἔχων δύναμιν ᾗ Πάρθους τε περικόπτει τῆς Ἀσίας καὶ πόλεις Ἑλληνίδας εἰς Μηδίαν ἀνακομίζει καὶ Συρίας κρατεῖ καὶ Παλαιστίνης καὶ τοὺς ἀπὸ Σελεύκου βασιλεῖς ἀποκτιννύει, θυγατέρας δ´ αὐτῶν ἄγει καὶ γυναῖκας ἀνασπάστους. οὗτος οἰκεῖός ἐστι Μιθριδάτου καὶ γαμβρός, οὐ περιόψεται δ´ αὐτὸν ἱκέτην ὑποδεξάμενος, ἀλλὰ πολεμήσει πρὸς ἡμᾶς, καὶ σπεύδοντες ἐκβάλλειν Μιθριδάτην, κινδυνεύσομεν ἐπισπάσασθαι Τιγράνην, πάλαι μὲν αἰτίας δεόμενον ἐφ´ ἡμᾶς, εὐπρεπεστέραν δ´ οὐκ ἂν λαβόντα τῆς ὑπὲρ ἀνδρὸς οἰκείου καὶ βασιλέως ἀναγκασθέντος ὑπουργεῖν αὐτῷ. τί οὖν δεῖ τοῦθ´ ἡμᾶς ἐξεργάσασθαι καὶ διδάξαι Μιθριδάτην ἀγνοοῦντα, μεθ´ ὧν ἐστιν αὐτῷ πρὸς ἡμᾶς πολεμητέον, καὶ μὴ βουλόμενον, ἀλλ´ ἀδοξοῦντα συνελαύνειν εἰς τὰς Τιγράνου χεῖρας, ἀλλ´ οὐχὶ δόντας αὐτῷ χρόνον ἐκ τῶν οἰκείων παρασκευάσασθαι καὶ ἀναθαρρῦναι, Κόλχοις καὶ Τιβαρηνοῖς καὶ Καππάδοξιν, ὧν πολλάκις κεκρατήκαμεν, μάχεσθαι μᾶλλον ἢ Μήδοις καὶ Ἀρμενίοις;’

Traduction française :

[14] XIV. Beaucoup de gens engageaient Lucullus à remettre la guerre. Loin de se rendre à leurs instances, il envahit les États du Roi en passant par la Bithynie et la Galatie. Au début, il manquait du nécessaire, en sorte que trente mille Galates le suivaient, portant chacun sur ses épaules un médimne de blé; mais, à force d'avancer et de tout conquérir, il parvint à un tel degré d'abondance qu'un boeuf, dans son armée, se vendait une drachme, et un esclave, quatre. Le reste du butin, on n'en faisait nul cas; les uns l'abandonnaient, les autres le gâchaient; car on ne pouvait l'échanger entre soldats, puisque tous étaient riches. On allait, soit à cheval, soit au pas de course, jusqu'à Thémixyre et aux plaines du Thermodon, en s'arrêtant juste le temps de ruiner et de dévaster le pays; mais les soldats accusaient Lucullus de soumettre toutes les villes sans en prendre une seule par la force et leur permettre de la piller à leur profit. « Maintenant encore, disaient-ils, Amisos, ville prospère et riche, qu'il n'était pas bien difficile de prendre en y mettant le siège, il nous force à la laisser et nous conduit dans les déserts de Tibarène et de Chaldée pour faire la guerre à Mithridate. » Lucullus, ne pensant pas que ces récriminations amèneraient les soldats au degré de folie qu'ils montrèrent par la suite, les dédaignait et s'en souciait peu. Il se justifiait plutôt devant ceux qui l'accusaient de lenteur en lui reprochant de s'attarder longtemps dans les bourgades et des villes sans grande importance, et de laisser Mithridate accroître ses forces : « C'est précisément, répondait-il, ce que je veux; et je reste à m'ingénier pour que ce personnage redevienne grand et rassemble de lui-même une force digne d'être combattue; je veux qu'il nous attende de pied ferme, au lieu de fuir à notre approche. Ne voyez-vous pas qu'il a derrière lui un vaste désert, où les traces se perdent? Tout près, le Caucase avec beaucoup de montagnes profondes, qui suffiraient à cacher dans leurs replis mille Rois, s'ils se refusaient au combat. Il y a peu de journées de marche de Cabires en Arménie; et, dans la région supérieure de l'Arménie, réside Tigrane, le Roi des Rois, çui, grâce à sa puissance, coupe les Parthes de l'Asie, transporte des villes grecques en Médie, domine la Syrie et la Palestine, tue les Rois de la lignée de Séleucus, enlève leurs filles et leurs femmes. C'est le parent et le gendre de Mithridate. Loin d'accueillir ses supplications avec indifférence, il nous fera la guerre. Ainsi donc, en nous pressant de chasser Mithridate, nous risquerons d'attirer sur nous Tigrane, qui, depuis longtemps, cherche un prétexte pour nous attaquer : or il ne saurait en trouver un plus spécieux que l'assistance due à un parent et à un Roi. Alors, pourquoi nous faudrait-il travailler à ce résultat d'apprendre à Mithridate, qui l'ignore, avec quels alliés il doit combattre contre nous? Allons-nous malgré lui, et quand il dédaigne cette ressource, le jeter dans les bras de Tigrane? Au contraire, si nous lui donnons le temps de s'équiper par ses propres moyens et de reprendre courage, nous aurons à combattre les gens de Colchide, les Tibarènes et les Cappadociens, que nous avons déjà vaincus souvent, à la place des Mèdes et des Arméniens. »





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Dernière mise à jour : 14/09/2006