Texte grec :
[9] Ἐν τούτῳ δὲ Μιθριδάτης ἐπεβούλευε Κυζικηνοῖς,
πεπληγόσιν ἐν τῇ περὶ Χαλκηδόνα μάχῃ· τρισχιλίων γὰρ
ἀνδρῶν καὶ δέκα νεῶν ἐστέρηντο. βουλόμενος οὖν λαθεῖν
τὸν Λεύκολλον, εὐθὺς ἀπὸ δείπνου νύκτα δυσφανῆ
καὶ νοτερὰν ἔχων ἐκίνει, καὶ φθάνει τῆς πόλεως ἄντικρυς
ἅμ´ ἡμέρᾳ περὶ τὸ τῆς Ἀδραστείας ὄρος ἱδρύσας
τὴν δύναμιν. ὁ δὲ Λεύκολλος αἰσθόμενος καὶ διώξας,
ἠγάπησε μὲν οὐκ ἐμπεσὼν ἀσύντακτος εἰς τοὺς πολεμίους,
καθίζει δὲ τὸν στρατὸν περὶ τὴν Θρᾳκίαν λεγομένην
κώμην ἐν τόπῳ κατὰ τῶν ὁδῶν ἄριστα πεφυκότι
καὶ τῶν χωρίων, ἀφ´ ὧν καὶ δι´ ὧν ἀναγκαῖον ἦν τοῖς
Μιθριδατικοῖς τὰ ἐπιτήδεια φοιτᾶν. διὸ καὶ περιλαβὼν
τῇ διανοίᾳ τὸ μέλλον, οὐκ ἀπεκρύψατο τοὺς στρατιώτας,
ἀλλ´ ἅμα τῷ θέσθαι τὸ στρατόπεδον καὶ ἀπὸ τῶν ἔργων
γενέσθαι συναγαγὼν αὐτοὺς ἐμεγαληγόρησεν, ὡς ὀλίγων
ἡμερῶν ἀναιμωτὶ τὸ νίκημα παραδώσων αὐτοῖς.
Κυζικηνοὺς δὲ Μιθριδάτης δέκα μὲν ἐκ γῆς στρατοπέδοις
περιλαβών, ταῖς δὲ ναυσὶν ἐκ θαλάσσης τὸν ἀπὸ
τῆς ἠπείρου διείργοντα τὴν πόλιν εὔριπον ἐμφράξας,
ἑκατέρωθεν ἐπολιόρκει, τὰ μὲν ἄλλα διακειμένους πρὸς
τὸν κίνδυνον εὐθαρσῶς καὶ πᾶν ἕνεκα Ῥωμαίων ἐγνωκότας
ἐκδέχεσθαι δυσχερές, ἀγνοοῦντας δ´ ὅπῃ Λεύκολλος
εἴη, καὶ τῷ μηδὲν περὶ αὐτοῦ πεπύσθαι ταραττομένους.
καίτοι καταφανὴς ἦν ἡ στρατοπεδεία καὶ ἄποπτος,
ἀλλ´ ὑπὸ τῶν Μιθριδατικῶν ἐξηπατῶντο. δεικνύντες γὰρ
αὐτοῖς τοὺς Ῥωμαίους ἄνω παρεμβεβληκότας ‘ὁρᾶτε
τούτους;’ ἔφασαν ‘Ἀρμενίων στρατός ἐστι καὶ Μήδων,
Τιγράνου Μιθριδάτῃ καταπέμψαντος ἐπικουρίαν’. οἱ δ´
ἐξεπλήσσοντο, τοσούτου πολέμου περικεχυμένου μηδ´ εἰ
παραγένοιτο Λεύκολλος χώραν ἔτι λελεῖφθαι βοηθείας
ἐλπίζοντες. οὐ μὴν ἀλλὰ πρῶτος αὐτοῖς εἰσπεμφθεὶς ὑπ´
Ἀρχελάου Δημῶναξ ἔφρασε τὴν τοῦ Λευκόλλου παρουσίαν.
τούτῳ δ´ ἀπιστούντων καὶ νομιζόντων αὐτὸν τῶν
παρόντων ἐπὶ παρηγορίᾳ πεπλασμένα λέγειν, ἧκε παιδάριον
αἰχμάλωτον ἐκ τῶν πολεμίων ἀποδεδρακός. πυνθανομένων
δ´ αὐτῶν ποῦ λέγοι τὸν Λεύκολλον εἶναι,
κατεγέλα παίζειν αὐτοὺς οἰόμενον. ὡς δ´ ἑώρα σπουδάζοντας,
ἐσήμηνε τῇ χειρὶ τὸν χάρακα τῶν Ῥωμαίων, οἱ
δ´ ἀνεθάρσησαν. τῆς δὲ Δασκυλίτιδος λίμνης πλεομένης
ἀκατίοις ἐπιεικῶς εὐμεγέθεσι, τὸ μέγιστον αὐτῶν ὁ Λεύκολλος
ἀνελκύσας καὶ διαγαγὼν ἁμάξῃ πρὸς τὴν θάλατταν,
ὅσους ἐχώρει στρατιώτας ἐνεβίβασεν. ἔλαθον δὲ νυκτὸς
διαπεράσαντες καὶ παρεισῆλθον εἰς τὴν πόλιν.
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Traduction française :
[9] IX. Cependant Mithridate dressait des plans contre
Cyzique, dont les citoyens avaient beaucoup souffert
dans le combat de Chalcédoine : leurs pertes s'élevaient
à trois mille hommes et dix vaisseaux. Voulant dissimuler
sa manoeuvre à Lucullus, il fit mouvement aussitôt
après dîner, à la faveur d'une nuit obscure et pluvieuse.
Arrivé devant la ville avec le jour, il se hâta d'établir
ses troupes sur la montagne d'Adrastée. Lucullus, qui
était au courant et le poursuivait, préféra ne pas tomber
sur les ennemis sans préparation. Il fit camper son armée
près du bourg de Thréicie, dans une position d'où il
pouvait fort bien observer les points de départ des convois
de ravitaillement de Mithridate et les chemins
qu'ils étaient forcés d'emprunter. Aussi, embrassant
l'avenir dans sa pensée, il ne dissimula pas son intention
à ses soldats. Au contraire, dès qu'on eut fini d'installer
le camp, il les rassembla et leur dit avec éloquence que,
sous peu de jours, il leur donnerait la victoire sans verser
de sang. Quant aux gens de Cyzique, Mithridate, du
côté de la terre, les avait entourés d'un cercle de dix
camps; et, par mer, il cernait, avec ses vaisseaux, le
détroit qui séparait la ville de la terre ferme. Il les
assiégeait ainsi des deux côtés; et quoiqu'ils fussent
prêts à envisager le péril avec courage et résolus à subir
tous les désagréments pour les Romains, comme ils
ignoraient où se trouvait Lucullus et ne savaient rien
de lui, ils étaient troublés. Cependant son armée était
bien en vue et sous leurs yeux, mais les soldats de Mithridate
les trompaient : car, en montrant les Romains
dans le haut, ils leur disaient : « Vous voyez ces troupes?
Ce sont celles d'Arménie et de Médie, que Tigrane a
envoyées en renfort à Mithridate. » Eux, étaient effrayés
en voyant que, dans le déchaînement d'une si grande
guerre, même si Lucullus surgissait, ils ne pouvaient
espérer qu'on lui eût laissé assez d'espace pour les secourir.
Cependant le premier Démonax, envoyé par Archélaos,
leur expliqua la présence de Lucullus. Comme ils ne voulaient
pas le croire, supposant que, pour les consoler
de la situation présente, il disait des mensonges, arriva
un garçonnet qui, fait prisonnier par les ennemis, avait
pu s'échapper. Ils lui demandèrent où il disait qu'était
Lucullus; et d'abord il rit de cette question, comme d'une
mauvaise plaisanterie. Mais ensuite, voyant qu'ils étaient
sérieux, il leur montra du doigt le retranchement des
Romains, ce qui leur rendit courage.
Le lac Darcylitide était sillonné de bateaux de pêche
de dimensions assez considérables. Lucullus remorqua
le plus grand; et, l'amenant sur un chariot à la mer, il
y embarqua tous les soldats qui pouvaient tenir dedans.
La nuit dissimula leur passage, et ils purent se glisser dans la ville.
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