HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lucullus

πλοῦτον



Texte grec :

[36] Ἔτι δὲ μᾶλλον ἐφάνη τὸ γινόμενον τοῖς ἐκεῖ παροῦσι νεμεσητόν. οὔτε γὰρ τιμῆς ὁ Λεύκολλος οὔτε τιμωρίας τῶν ἐν πολέμῳ κύριος ὑπῆρχεν, οὐδ´ εἴα τινὰ Πομπήιος βαδίζειν πρὸς αὐτὸν οὐδὲ προσέχειν οἷς ἐκεῖνος ἔγραφε καὶ διένεμε μετὰ τῶν δέκα πρέσβεων, ἀλλ´ ἐκώλυεν ἐκτιθεὶς διαγράμματα καὶ φοβερὸς παρὼν ἀπὸ μείζονος δυνάμεως. ὅμως δὲ τοῖς φίλοις ἔδοξε συναγαγεῖν αὐτούς, καὶ συνῆλθον ἐν κώμῃ τινὶ τῆς Γαλατίας καὶ προσεῖπον ἀλλήλους φιλοφρόνως καὶ συνήσθησαν ἐπὶ τοῖς κατωρθωμένοις ἑκατέρῳ, πρεσβύτερος μὲν ὢν ὁ Λεύκολλος, ἀξίωμα δ´ ἦν τὸ Πομπηίου μεῖζον ἀπὸ πλειόνων στρατηγιῶν καὶ δυεῖν θριάμβων. ῥάβδοι δ´ ἀμφοτέρων προηγοῦντο δαφνηφόροι διὰ τὰς νίκας, καὶ τοῦ γε Πομπηίου, μακρὰν ὁδὸν διὰ τόπων ἀνύδρων καὶ αὐχμηρῶν ὁδεύσαντος, τὰς δάφνας ξηρὰς περικειμένας ταῖς ῥάβδοις ἰδόντες οἱ τοῦ Λευκόλλου ῥαβδοφόροι φιλοφρονούμενοι τοῖς ἐκείνου μετέδωκαν ἐκ τῶν ἰδίων, προσφάτους καὶ θαλερὰς ἔχοντες. καὶ τὸ γινόμενον εἰς οἰωνὸν ἐτίθεντο χρηστὸν οἱ Πομπηίου φίλοι· τῷ γὰρ ὄντι τὴν ἐκείνου στρατηγίαν αἱ τούτου πράξεις ἐκόσμησαν. Ἐκ δὲ τῶν λόγων πρὸς οὐδὲν ἐπιεικὲς συνέβησαν, ἀλλ´ ἔτι μᾶλλον ἀλλοτριωθέντες πρὸς ἀλλήλους ἀπῆλθον, καὶ τὰς ὑπὸ τοῦ Λευκόλλου γενομένας διατάξεις ἠκύρωσεν ὁ Πομπήιος, στρατιώτας δὲ τοὺς ἄλλους ἀπαγαγών, μόνους αὐτῷ χιλίους ἑξακοσίους ἀπέλιπε συνθριαμβεύσοντας, οὐδὲ τούτους μάλα προθύμως ἑπομένους. οὕτω τις ἦν ἀφυὴς ἢ δυστυχὴς ὁ Λεύκολλος πρὸς τὸ πάντων ἐν ἡγεμονίᾳ πρῶτον καὶ μέγιστον· ὡς εἰ τοῦτο μετὰ τῶν ἄλλων ὑπῆρξεν αὐτῷ τηλικούτων ὄντων καὶ τοσούτων, μετ´ ἀνδρείας, ἐπιμελείας, συνέσεως, δικαιοσύνης, οὐκ ἂν εἶχεν ἡ Ῥωμαίων ἡγεμονία τὸν Εὐφράτην τῆς Ἀσίας ὅρον, ἀλλὰ τὰ ἔσχατα καὶ τὴν Ὑρκανίαν θάλασσαν, τῶν μὲν ἄλλων ἐθνῶν Τιγράνῃ προηττημένων, τῆς δὲ Πάρθων δυνάμεως οὐχ ὅση κατὰ Κράσσον ἐξεφάνη, τοσαύτης καὶ κατὰ Λεύκολλον οὔσης οὐδ´ ὁμοίως συνεστώσης, ἀλλ´ ὑπ´ ἐμφυλίων καὶ προσοίκων πολέμων οὐδ´ Ἀρμενίους ὑβρίζοντας ἐρρωμένης ἀμύνεσθαι. νῦν δέ μοι δοκεῖ Λεύκολλος, ὧν ὠφέλησε δι´ αὑτοῦ τὴν πατρίδα, βλάψαι μείζονα δι´ ἑτέρων. τὰ γὰρ ἐν Ἀρμενίᾳ τρόπαια Πάρθων πλησίον ἑστῶτα καὶ Τιγρανόκερτα καὶ Νίσιβις καὶ πλοῦτος ἐκ τούτων πολὺς εἰς Ῥώμην κομισθεὶς καὶ τὸ Τιγράνου διάδημα πομπευθὲν αἰχμάλωτον ἐπῆρε Κράσσον ἐπὶ τὴν Ἀσίαν, ὡς λάφυρα καὶ λείαν τοὺς βαρβάρους, ἄλλο δ´ οὐδὲν ὄντας. ταχὺ μέντοι τοῖς Πάρθων τοξεύμασιν ἐντυχών, ἐπέδειξε τὸν Λεύκολλον οὐκ ἀφροσύνῃ καὶ μαλακίᾳ τῶν πολεμίων, αὑτοῦ δὲ τόλμῃ καὶ δεινότητι περιγενόμενον. ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὕστερον.

Traduction française :

[36] XXXVI. La suite aggrava encore, pour ceux qui étaient là-bas, le caractère odieux de cette mesure. Car Lucullus n'était plus maître de récompenser ni de punir les actions de guerre; Pompée ne permettait à personne d'aller le trouver ni d'attacher de l'importance à ses lettres et aux dispositions arrêtées par lui avec les dix commissaires; il le défendait même par édits, et on craignait de lui désobéir, parce que son armée était plus nombreuse. Cependant leurs amis décidèrent de les réunir, et ils eurent une entrevue dans un bourg de Galatie. La conversation fut amicale au début, et ils se félicitèrent mutuellement de leurs succès. Lucullus était l'aîné, mais Pompée l'emportait en dignité, parce qu'il avait commandé plus d'expéditions et remporté deux triomphes. Les faisceaux de l'un et de l'autre ouvraient la marche, entourés de lauriers en signe de victoire. Et, comme Pompée avait fait une longue route à travers des endroits sans eau et desséchés, les licteurs de Lucullus, voyant flétrir les lauriers des autres, donnèrent aimablement des leurs aux licteurs de Pompée, car eux-mêmes en avaient de frais, encore verts. Les amis de Pompée virent dans cet incident un présage; et, de fait, le commandement du nouveau gouverneur dut son lustre aux exploits de l'ancien. Mais les pourparlers n'aboutirent à aucun résultat satisfaisant; les deux généraux se séparèrent en plus mauvais termes que jamais. Pompée annula les dispositions prises par Lucullus; et, conservant toute l'armée sous ses ordres, il ne lui laissa que seize cents soldats pour prendre part au triomphe; encore ceux-là même ne suivaient-ils pas Lucullus avec beaucoup d'entrain. Telle fut l'inaptitude de Lucullus au premier et au plus grand des devoirs d'un chef, ou peut-être sa malchance ! S'il avait joint le don de se faire aimer à tant d'autres, si grands et si nombreux, le courage, la vigilance, l'intelligence, la justice, alors l'empire romain n'aurait pas eu pour borne en Asie l'Euphrate, mais les extrémités du continent et la mer Hyrcanienne. Car les peuples qui restaient à conquérir, Tigrane les avait soumis d'avance, sauf les Parthes. Mais cette dernière puissance n'était pas alors aussi forte qu'elle se révéla contre Crassus, ni aussi compacte; et, par suite des guerres de l'intérieur ou des confins, elle n'était même pas en état de repousser les incursions violentes des Arméniens. Il me semble que, dans la réalité, Lucullus a moins rendu de services à la patrie par lui-même qu'il ne lui a fait de mal par autrui. Car les trophées d'Arménie, dressés près des Parthes, la prise de Tigranocerte et de Nisibe, leurs richesses considérables apportées à Rome, le diadème de Tigrane porté en triomphe, excitèrent Crassus à marcher sur l'Asie, dans la pensée que les Barbares étaient des dépouilles et un butin, rien d'autre. Bientôt cependant, tombant sous les flèches des Parthes, il montra que Lucullus n'avait pas eu l'avantage grâce à la sottise et à la mollesse des ennemis, mais grâce à son audace et à son habileté. Ce sujet sera traité plus tard.





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Dernière mise à jour : 14/09/2006