Texte grec :
[38] Τῆς δὲ Κλωδίας ἀπηλλαγμένος, οὔσης ἀσελγοῦς
καὶ πονηρᾶς, Σερουϊλίαν ἔγημεν, ἀδελφὴν Κάτωνος, οὐδὲ
τοῦτον εὐτυχῆ γάμον. ἓν γὰρ οὐ προσῆν αὐτῷ τῶν Κλωδίας
κακῶν μόνον, ἡ ἐπὶ τῷ ἀδελφῷ διαβολή· τἆλλα
δὲ βδελυρὰν ὁμοίως οὖσαν καὶ ἀκόλαστον ἠναγκάζετο
φέρειν αἰδούμενος Κάτωνα, τέλος δ´ ἀπεῖπεν.
Ἐλπίδας δὲ θαυμαστὰς τῇ βουλῇ παρασχών, ὡς ἐχούσῃ
τὸν ἄνδρα τοῦτον ἀντίταγμα πρὸς τὴν Πομπηίου τυραννίδα
καὶ τῆς ἀριστοκρατίας πρόμαχον, ἀπὸ δόξης καὶ
δυνάμεως ὁρμώμενον μεγάλης, ἐγκατέλιπε καὶ προήκατο
τὴν πολιτείαν, εἴτε δυσκάθεκτον ἤδη καὶ νοσοῦσαν ὁρῶν,
εἴθ´, ὥς φασιν ἔνιοι, μεστὸς ὢν δόξης καὶ πρὸς τὸ ῥᾷστον
ἀναπίπτων τοῦ βίου καὶ μαλακώτατον ἐκ πολλῶν ἀγώνων
καὶ πόνων οὐκ εὐτυχέστατον τέλος λαβόντων. οἱ μὲν γὰρ
ἐπαινοῦσιν αὐτοῦ τὴν τοσαύτην μεταβολήν, τὸ Μαρίου
πάθος μὴ παθόντος, ὃς ἐπὶ ταῖς Κιμβρικαῖς νίκαις καὶ
τοῖς καλοῖς καὶ μεγάλοις ἐκείνοις κατορθώμασιν οὐκ ἠθέλησεν
αὑτὸν ἀνεῖναι, τιμῇ τοσαύτῃ ζηλωτόν, ἀλλ´ ἀπληστίᾳ
δόξης καὶ ἀρχῆς νέοις ἀνδράσι γέρων ἀντιπολιτευόμενος,
εἰς ἔργα δεινὰ καὶ πάθη δεινότερα τῶν ἔργων
ἐξώκειλε· βέλτιον δ´ ἂν καὶ Κικέρωνα γηρᾶσαι μετὰ
Κατιλίναν ὑποστειλάμενον, καὶ Σκιπίωνα Καρχηδόνι προσθέντα
Νομαντίαν, εἶτα παυσάμενον· εἶναι γάρ τινα καὶ
πολιτικῆς περιόδου κατάλυσιν· τῶν γὰρ ἀθλητικῶν ἀγώνων
τοὺς πολιτικοὺς οὐδὲν ἧττον ἀκμῆς καὶ ὥρας ἐπιλιπούσης
ἐλέγχεσθαι. οἱ δὲ περὶ τὸν Κράσσον καὶ Πομπήιον
ἐχλευάζον τὸν Λεύκολλον εἰς ἡδονὴν ἀφεικότα καὶ
πολυτέλειαν αὑτόν, ὥσπερ οὐ τοῦ τρυφᾶν μᾶλλον τοῖς
τηλικούτοις παρ´ ἡλικίαν ὄντος ἢ τοῦ πολιτεύεσθαι καὶ
στρατηγεῖν.
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Traduction française :
[38] XXXVIII. S'étant séparé de Clodia, qui était dévergondée
et méchante, il épousa Servilie, soeur de Caton,
et ce mariage ne fut pas heureux non plus. Le seul des
inconvénients de sa première alliance qu'il ne trouvât
pas dans la seconde, c'étaient les intrigues de ses beaux-frères.
Par ailleurs, Servilie était aussi désagréable et
débauchée que Clodia; mais il fallait la supporter, par
déférence pour Caton. A la fin cependant, Lucullus la répudia.
Son retour avait fait concevoir des espérances extraordinaires
au Sénat, qui croyait trouver en lui un rempart
contre la tyrannie de Pompée et un champion de
l'aristocratie. Sa gloire et son influence considérable
pouvaient lui fournir une base d'action; mais il abandonna
la politique et y renonça, soit qu'il vît le régime déjà
difficile à maintenir et malade, soit, comme quelques-uns
l'affirment, que, rassasié de gloire, il se laissât retomber
dans les facilités et les nonchalances de la vie, au sortir
de tant de luttes et de fatigues dont la fin n'avait pas été
très heureuse. Les uns louent chez lui ce changement si
considérable. « Lucullus, disent-ils, n'a pas succombé à
la passion de Marius, qui, après ses victoires sur les
Cimbres et ses grands et beaux succès si connus, ne voulait
pas se donner de relâche, malgré l'envie que tant d'honneurs
lui attiraient. Insatiable de gloire et de puissance,
il s'opposa, tout vieux qu'il était, à des hommes jeunes,
il affronta des travaux terribles et des souffrances pires.
Ce fut l'écueil de sa fortune. Il aurait mieux valu que
Cicéron, après l'affaire de Catilina, vieillît dans la retraite,
et que Scipion, une fois Numance ajoutée à Carthage,
se reposât; car il doit y avoir, même pour la carrière des
hommes d'État, une conclusion; les luttes politiques ne
donnent pas moins que les combats d'athlètes, la preuve
que l'âge des succès est passé. » Mais Crassus et Pompée
raillaient Lucullus de s'être abandonné au plaisir et au
luxe, comme si la volupté n'était pas encore plus hors de
saison pour les gens de son âge que la politique et la guerre.
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