Texte grec :
[35] Ἐπεὶ δὲ Μιθριδάτης ἤγγελτο Φάβιον νενικηκὼς
ἐπὶ Σωρνάτιον καὶ Τριάριον βαδίζειν, αἰσχυνθέντες εἵποντο
τῷ Λευκόλλῳ. Τριάριος δ´ ὡς ἕτοιμον ἁρπάσαι τὸ
νίκημα πρὶν ἐπελθεῖν Λεύκολλον ἐγγὺς ὄντα φιλοτιμούμενος,
ἡττᾶται μάχῃ μεγάλῃ· λέγονται γὰρ ὑπὲρ ἑπτακισχιλίους
Ῥωμαίων ἀποθανεῖν, ἐν οἷς ἑκατόνταρχοι μὲν
ἑκατὸν πεντήκοντα, χιλίαρχοι δ´ εἴκοσι καὶ τέσσαρες· τὸ
δὲ στρατόπεδον εἷλε Μιθριδάτης. ἐπελθὼν δὲ Λεύκολλος
ὀλίγαις ὕστερον ἡμέραις, Τριάριον μὲν ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν
ζητούμενον πρὸς ὀργὴν ἐξέκλεψε, Μιθριδάτου
δὲ μὴ θέλοντος μάχεσθαι, ἀλλὰ Τιγράνην περιμένοντος
ἤδη καταβαίνοντα μετὰ πολλῆς δυνάμεως, ἔγνω πρὶν
ἀμφοτέρους συνελθεῖν πάλιν ἀπαντῆσαι καὶ διαγωνίσασθαι
πρὸς τὸν Τιγράνην. πορευομένῳ δ´ αὐτῷ καθ´ ὁδὸν
οἱ Φιμβριανοὶ στασιάσαντες ἀπέλιπον τὰς τάξεις, ὡς
ἀφειμένοι δόγματι τῆς στρατείας καὶ μηκέτι τῷ Λευκόλλῳ
προσῆκον ἄρχειν, ἑτέροις ἀποδεδειγμένων τῶν
ἐπαρχιῶν. οὐδὲν οὖν ἐστιν ὅ τι τῶν παρ´ ἀξίαν ὁ Λεύκολλος
οὐχ ὑπέμεινεν, ἀντιβολῶν καθ´ ἕνα καὶ κατὰ
σκηνὰς περιιὼν ταπεινὸς καὶ δεδακρυμένος, ἔστι δ´ ὧν
καὶ χειρὸς ἁπτόμενος. οἱ δ´ ἀπετρίβοντο τὰς δεξιώσεις
καὶ κενὰ προσερρίπτουν βαλλάντια, καὶ μόνον μάχεσθαι
τοῖς πολεμίοις ἐκέλευον, ἀφ´ ὧν μόνος ἠπίστατο πλουτεῖν.
οὐ μὴν ἀλλὰ τῶν ἄλλων στρατιωτῶν δεομένων,
ἐκβιασθέντες οἱ Φιμβριανοὶ συνέθεντο παραμεῖναι τὸ θέρος·
ἐὰν δὲ μηδεὶς ἐν τῷ χρόνῳ τούτῳ κατίῃ πρὸς αὐτοὺς
ἀγωνιούμενος, ἀπηλλάχθαι. ταῦτ´ ἔδει στέργειν ἐξ ἀνάγκης
τὸν Λεύκολλον, ἢ προέσθαι τοῖς βαρβάροις τὴν
χώραν ἀπολειφθέντα. συνεῖχεν οὖν αὐτοὺς οὐκέτι προσβιαζόμενος
οὐδὲ προάγων πρὸς μάχην, ἀλλ´ εἰ παραμένοιεν
ἀγαπῶν, καὶ περιορῶν πορθουμένην ὑπὸ Τιγράνου
τὴν Καππαδοκίαν καὶ πάλιν ὑβρίζοντα Μιθριδάτην,
ὃν αὐτὸς ἐπεστάλκει τῇ συγκλήτῳ γράφων καταπεπολεμῆσθαι·
καὶ οἱ δέκα πρέσβεις παρῆσαν αὐτῷ πρὸς τὴν
διάθεσιν τῶν ἐν Πόντῳ πραγμάτων, ὡς δὴ βεβαίως ἐχομένων.
καὶ δὴ παρόντες ἑώρων οὐδ´ αὑτοῦ κύριον, ἀλλὰ
παροινούμενον καὶ προπηλακιζόμενον ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν,
οἷς γε τοσοῦτο περιῆν τῆς εἰς τὸν στρατηγὸν ἀσελγείας,
ὥστε τοῦ θέρους λήγοντος ἐνδύντες τὰ ὅπλα καὶ
σπασάμενοι τὰς μαχαίρας προεκαλοῦντο τοὺς μηδαμοῦ
παρόντας, ἀλλ´ ἀπηρκότας ἤδη πολεμίους. ἀλαλάξαντες
δὲ καὶ σκιαμαχήσαντες ἀπεχώρησαν ἐκ τοῦ χάρακος,
ἐπιμαρτυράμενοι πεπληρῶσθαι τὸν χρόνον ὃν ὡμολόγησαν
τῷ Λευκόλλῳ παραμενεῖν. τοὺς δ´ ἄλλους ἐκάλει διὰ
γραμμάτων Πομπήιος· ἤδη γὰρ ἀποδέδεικτο τοῦ πρὸς
Μιθριδάτην καὶ Τιγράνην πολέμου στρατηγὸς χάριτι τοῦ
δήμου καὶ κολακείᾳ τῶν δημαγωγῶν, ἐπεὶ τῇ γε βουλῇ
καὶ τοῖς ἀρίστοις ἄδικα πάσχειν ἐδόκει Λεύκολλος, οὐ
πολέμου διαδόχους, ἀλλὰ θριάμβου λαμβάνων, οὐδὲ τῆς
στρατηγίας ἀναγκαζόμενος, ἀλλὰ τῶν ἐπάθλων τῆς στρατηγίας
ἐξίστασθαι καὶ παραχωρεῖν ἑτέροις.
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Traduction française :
[35] XXXV. Pourtant, quand on annonça que Mithridate,
vainqueur de Fabius, marchait contre Sornatius et
Triarius, les soldats de Lucullus rougirent et suivirent
leur chef. Mais Triarius croyait la victoire assurée. Il se
piqua d'honneur, et, pour la saisir avant l'arrivée de
Lucullus qui approchait, il livra un grand combat où
il fut défait. On dit que plus de sept mille Romains
périrent dans cette journée, entre autres cent cinquante
centurions et vingt-quatre tribuns. Mithridate prit le
camp. Survenant quelques jours après, Lucullus déroba
Triarius à la colère des soldats qui le recherchaient; et,
comme Mithridate ne voulait pas combattre avant
l'arrivée de Tigrane, qui descendait déjà dans la plaine
avec une armée nombreuse, le Romain décida de se
porter à la rencontre de ce Prince avant la jonction,
pour le mettre hors de combat. Comme il marchait
sur lui, les Fimbriens firent défection en route et se
débandèrent, disant qu'un décret les exemptait de
service et que Lucullus n'avait plus le droit de commander,
ses provinces étant attribuées à d'autres. Il
n'y eut alors aucune démarche indigne de son rang à
laquelle Lucullus ne s'abaissât, les suppliant un à un,
faisant humblement le tour des tentes et parfois prenant
la main d'un soldat. Eux repoussaient ses poignées de
main, lui jetaient leurs bourses vides et l'invitaient à
combattre seul les ennemis, puisqu'il savait bien s'enrichir
à leurs dépens. Cependant, sur les prières des autres
soldats, les Fimbriens se laissèrent fléchir et convinrent
de rester encore l'été : si, pendant ce temps-là, personne
ne venait les attaquer, ils s'en iraient. Il fallut, de toute
nécessité, que Lucullus se contentât de cet accord; sans
quoi, abandonné de ses hommes, il aurait dû sacrifier
le pays aux Barbares. Il garda donc ses troupes sans
plus essayer de les contraindre à rien ni de les pousser
au combat. Satisfait qu'elles voulussent bien rester, il
laissa, sans réagir, Tigrane ravager la Cappadoce, et
Mithridate recommencer ses violences, alors que lui-même
avait envoyé au Sénat la nouvelle de la défaite de
ce Prince. Les commissaires de la grande assemblée étaient
déjà là pour régler la situation du Pont, que l'on croyait
pacifié. Hélas ! en arrivant ils ne le virent même pas
maître de sa personne, tant ses soldats l'insultaient et
l'outrageaient bassement ! Les rebelles en étaient venus
à un tel excès d'insolence envers le général qu'à la fin
de l'été, revêtant leurs armes et tirant l'épée, ils provoquaient
les ennemis qui ne se montraient nulle part
et avaient renoncé désormais à la lutte. Ils poussaient
des cris de guerre et s'escrimaient dans le vide; à la fin,
ils se retirèrent du retranchement, jurant leurs grands
dieux qu'aux termes de la convention conclue avec
Lucullus ils avaient fait leur temps. Quant aux autres,
Pompée les appelait à lui par lettres; car il était déjà
désigné pour commander la campagne contre Mithridate
et Tigrane. Il devait cet honneur à sa popularité et aux
intrigues des démagogues, alors qu'aux yeux, du moins,
du Sénat et de l'aristocratie, Lucullus paraissait victime
d'un traitement indigne; car il laissait en héritage
à ses successeurs non pas la guerre, mais le triomphe;
et ce n'était pas un commandement, mais le fruit de ce
commandement, qu'on le forçait d'abandonner et de
céder à d'autres.
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