Texte grec :
[33] Μέχρι τοῦδε φαίη τις ἂν Λευκόλλῳ τὴν τύχην
ἑπομένην συστρατηγεῖν. ἐντεῦθεν δ´ ὥσπερ πνεύματος
ἐπιλιπόντος προσβιαζόμενος πάντα καὶ παντάπασιν ἀντικρούων,
ἀρετὴν μὲν ἐπεδείκνυτο καὶ μακροθυμίαν ἡγεμόνος
ἀγαθοῦ, δόξαν δὲ καὶ χάριν οὐδεμίαν αἱ πράξεις
ἔσχον, ἀλλὰ καὶ τὴν προϋπάρχουσαν ἐγγὺς ἦλθε δυσπραγῶν
καὶ διαφερόμενος μάτην ἀποβαλεῖν. τῶν δ´ αἰτιῶν
αὐτὸς οὐχὶ τὴν ἐλαχίστην εἰς τοῦτο παρέσχεν, οὐκ
ὢν θεραπευτικὸς πλήθους στρατιωτικοῦ, καὶ πᾶν τὸ
πρὸς ἡδονὴν τοῦ ἀρχομένου γινόμενον ἀρχῆς ἀτιμίαν καὶ
κατάλυσιν ἡγούμενος· τὸ δὲ μέγιστον, οὐδὲ τοῖς δυνατοῖς
καὶ ἰσοτίμοις εὐάρμοστος εἶναι πεφυκώς, ἀλλὰ πάντων
καταφρονῶν καὶ μηδενὸς ἀξίους πρὸς αὑτὸν ἡγούμενος.
ταῦτα γὰρ ὑπάρξαι Λευκόλλῳ κακὰ λέγουσιν ἐν
πᾶσι τοῖς ἄλλοις ἀγαθοῖς· καὶ γὰρ μέγας καὶ καλὸς
καὶ δεινὸς εἰπεῖν καὶ φρόνιμος ὁμαλῶς ἐν ἀγορᾷ καὶ
στρατοπέδῳ δοκεῖ γενέσθαι. Σαλούστιος
μὲν οὖν φησι χαλεπῶς διατεθῆναι τοὺς στρατιώτας πρὸς
αὐτὸν εὐθὺς ἐν ἀρχῇ τοῦ πολέμου πρὸς Κυζίκῳ καὶ πάλιν
πρὸς Ἀμισῷ, δύο χειμῶνας ἑξῆς ἐν χάρακι διαγαγεῖν
ἀναγκασθέντας. ἠνίων δ´ αὐτοὺς καὶ οἱ λοιποὶ χειμῶνες·
ἢ γὰρ ἐν τῇ πολεμίᾳ διεχείμαζον, ἢ παρὰ τοῖς συμμάχοις
ὕπαιθροι σκηνοῦντες, εἰς δὲ πόλιν Ἑλληνίδα καὶ φίλην
οὐδ´ ἅπαξ εἰσῆλθε μετὰ στρατοπέδου Λεύκολλος. οὕτω
δὲ διακειμένοις αὐτοῖς τὰς μεγίστας ἐνέδωκαν ἀπὸ τῆς
Ῥώμης οἱ δημαγωγοὶ προφάσεις, φθόνῳ τοῦ Λευκόλλου
κατηγοροῦντες ὡς ὑπὸ φιλαρχίας καὶ φιλοπλουτίας ἕλκοντος
τὸν πόλεμον καὶ μονονοὺ κατέχοντος ἐν ταὐτῷ
Κιλικίαν, Ἀσίαν, Βιθυνίαν, Παφλαγονίαν, Γαλατίαν,
Πόντον, Ἀρμενίαν, τὰ μέχρι Φάσιδος, νυνὶ δὲ καὶ τὰ
Τιγράνου βασίλεια πεπορθηκότος, ὥσπερ ἐκδῦσαι τοὺς
βασιλεῖς, οὐ καταπολεμῆσαι πεμφθέντος. τοῦτο γὰρ εἰπεῖν
φασιν ἕνα τῶν στρατηγῶν Λεύκιον Κοίντιον, ὑφ´ οὗ
μάλιστα πεισθέντες ἐψηφίσαντο πέμπειν διαδόχους τῷ
Λευκόλλῳ τῆς ἐπαρχίας. ἐψηφίσαντο δὲ καὶ τῶν ὑπ´ αὐτῷ
στρατευομένων πολλοὺς ἀφεῖσθαι στρατείας.
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Traduction française :
[33] XXXIII. Jusqu'à ce moment, on pourrait dire que la
Fortune escortait Lucullus et partageait le commandement
avec lui. Ensuite, comme si le bon vent l'avait
abandonné, il eut partout de grands efforts à faire et se
heurta à toute sorte d'obstacles. Il déployait toujours
la vertu et la grandeur d'âme d'un bon général; mais
ses exploits ne lui valaient plus de réputation, ni de
reconnaissance. Au contraire, le prestige même dont
il jouissait auparavant, il fut, par ses insuccès et les
oppositions qu'on lui suscita, tout près de l'avoir acquis
en vain. Quant aux causes de cette situation, celle qui
venait de lui n'était pas la moindre. Il n'avait pas l'habitude
de flatter la foule des soldats, et considérait tout
ce qui se faisait au gré du subordonné comme le déshonneur
et la ruine de son autorité. De plus, (et c'est là
l'essentiel), son caractère ne le portait pas davantage
à se montrer accommodant envers les puissants, ses
égaux; il les méprisait tous et les jugeait indignes de
lui être comparés. C'étaient là, dit-on, les défauts qui
déparaient les nombreuses qualités de Lucullus; car il
semble avoir été, par ailleurs, grand, beau, éloquent,
intelligent, aussi bien à sa place sur le Forum que dans
un camp. Salluste affirme que les soldats étaient mal
disposés pour lui dès le début de la guerre; car ils eurent
à supporter, après le siège de Cyzique, celui d'Amisos,
ce qui les força de passer deux hivers dans les tranchées.
Leur contrariété ne cessa pas dans les hivers suivants;
car, même s'ils ne les passaient pas en territoire ennemi,
mais chez les alliés, il fallait camper en plein air : pas
une seule fois Lucullus n'entra dans une ville grecque
et alliée avec son armée. Comme ils étaient ainsi disposés,
les démagogues leur fournirent, de Rome, des prétextes,
en accusant, par envie, le général, de tirer la guerre en
longueur par amour du commandement et de la richesse,
de grouper, comme en un seul Empire, la Cilicie, l'Asie,
la Bithynie, la Paphlagonie, la Galatie, le Pont, l'Arménie
jusqu'au Phase, et d'avoir, tout récemment, pillé les
trésors de Tigrane, comme si sa mission était de dépouiller
les Rois, et non de les vaincre. Car cela fut dit, on l'assure,
en propres termes par un des préteurs, L. Quintus, qui
contribua surtout à persuader aux Romains d'envoyer
à Lucullus des successeurs dans sa province. On décida
aussi, par un vote, d'exempter de service un grand
nombre des soldats placés sous ses ordres.
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