[29] Διὸ καὶ Μιθριδάτης οὐ συνέτεινεν ἐπὶ τὴν μάχην,
τῇ συνήθει τὸν Λεύκολλον εὐλαβείᾳ καὶ παραγωγῇ
πολεμήσειν οἰόμενος, ἀλλὰ καθ´ ἡσυχίαν ἐπορεύετο πρὸς
τὸν Τιγράνην, καὶ πρῶτον μὲν ὀλίγοις τῶν Ἀρμενίων
ἐντυχὼν καθ´ ὁδὸν ἐπτοημένοις καὶ περιφόβοις ἀπιοῦσιν,
εἴκασε τὸ πάθος, εἶτ´ ἤδη πλειόνων γυμνῶν καὶ
τετρωμένων ἀπαντώντων πυθόμενος τὴν ἧτταν, ἐζήτει
τὸν Τιγράνην. εὑρὼν δὲ πάντων ἔρημον καὶ ταπεινόν,
οὐκ ἀνθύβρισεν, ἀλλὰ καταβὰς καὶ συνδακρύσας τὰ κοινὰ
πάθη, θεραπείαν τε τὴν ἑπομένην αὐτῷ βασιλικὴν ἔδωκε
καὶ κατεθάρρυνε πρὸς τὸ μέλλον. οὗτοι μὲν οὖν αὖθις
ἑτέρας δυνάμεις συνῆγον.
Ἐν δὲ τῇ πόλει τοῖς Τιγρανοκέρτοις τῶν Ἑλλήνων
πρὸς τοὺς βαρβάρους στασιασάντων καὶ τῷ Λευκόλλῳ
τὴν πόλιν ἐνδιδόντων, προσβαλὼν εἷλε, καὶ τοὺς μὲν ἐν
τῇ πόλει θησαυροὺς παρελάμβανε, τὴν δὲ πόλιν διαρπάσαι
παρέδωκε τοῖς στρατιώταις, μετὰ τῶν ἄλλων χρημάτων
ὀκτακισχίλια τάλαντα νομίσματος ἔχουσαν. χωρὶς
δὲ τούτων ὀκτακοσίας δραχμὰς κατ´ ἄνδρα διένειμεν ἀπὸ
τῶν λαφύρων. πυνθανόμενος δὲ πολλοὺς ἐν τῇ πόλει
κατειλῆφθαι τῶν περὶ τὸν Διόνυσον τεχνιτῶν, οὓς ὁ
Τιγράνης πανταχόθεν ἠθροίκει, μέλλων ἀναδεικνύναι τὸ
κατεσκευασμένον ὑπ´ αὐτοῦ θέατρον, ἐχρήσατο τούτοις
πρὸς τοὺς ἀγῶνας καὶ τὰς θέας τῶν ἐπινικίων. τοὺς
δ´ Ἕλληνας εἰς τὰς αὐτῶν πατρίδας ἔπεμψε προσθεὶς
ἐφόδια, καὶ τῶν βαρβάρων ὁμοίως τοὺς ἠναγκασμένους
κατοικεῖν, ὥστε συνέβη μιᾶς πόλεως διαλυθείσης πολλὰς
ἀνοικίζεσθαι πάλιν, κομιζομένας τοὺς αὑτῶν οἰκήτορας,
ὑφ´ ὧν ὡς εὐεργέτης ὁ Λεύκολλος καὶ κτίστης ἠγαπᾶτο.
Προὐχώρει δὲ καὶ τἆλλα κατ´ ἀξίαν τἀνδρί, τῶν ἀπὸ
δικαιοσύνης καὶ φιλανθρωπίας ἐπαίνων ὀρεγομένῳ μᾶλλον
ἢ τῶν ἐπὶ τοῖς πολεμικοῖς κατορθώμασιν. ἐκείνων
μὲν γὰρ οὐκ ὀλίγον ἡ στρατιὰ καὶ πλεῖστον ἡ τύχη
μετεῖχε, ταῦτα δ´ ἦν ἡμέρου ψυχῆς καὶ πεπαιδευμένης
ἐπίδειξις, οἷς ὁ Λεύκολλος τότε χωρὶς ὅπλων ἐχειροῦτο
τοὺς βαρβάρους. καὶ γὰρ Ἀράβων βασιλεῖς ἧκον πρὸς
αὐτὸν ἐγχειρίζοντες τὰ σφέτερα, καὶ τὸ Σωφηνῶν ἔθνος
προσεχώρει. τὸ δὲ Γορδυηνῶν οὕτω διέθηκεν, ὥστε βούλεσθαι
τὰς πόλεις ἐκλιπόντας ἀκολουθεῖν ἐκείνῳ μετὰ
παίδων καὶ γυναικῶν ἐθελοντὰς ἐξ αἰτίας τοιᾶσδε. Ζαρβιηνὸς
γὰρ ὁ τῶν Γορδυηνῶν βασιλεὺς ὥσπερ εἴρηται
δι´ Ἀππίου κρύφα Λευκόλλῳ διείλεκτο περὶ
συμμαχίας, τὴν Τιγράνου τυραννίδα βαρυνόμενος· μηνυθεὶς
δ´ ἀπεσφάγη, καὶ παῖδες αὐτοῦ καὶ γυνὴ συναπώλοντο,
πρὶν ἢ Ῥωμαίους εἰς Ἀρμενίαν ἐμβαλεῖν. τούτων
οὐκ ἠμνημόνησεν ὁ Λεύκολλος, ἀλλὰ παρελθὼν εἰς τὴν
Γορδυηνῶν, ταφὰς προὔθετο τοῦ Ζαρβιηνοῦ, καὶ πυρὰν
ἐσθῆτι καὶ χρυσῷ βασιλικῷ καὶ τοῖς ἀπὸ Τιγράνου κοσμήσας
λαφύροις αὐτὸς παρὼν ὑφῆψε, καὶ χοὰς ἐπήνεγκε
μετὰ φίλων καὶ οἰκείων τοῦ ἀνδρός, ἑταῖρον ἑαυτοῦ καὶ
Ῥωμαίων σύμμαχον ἀνακαλούμενος. ἐκέλευσε δὲ καὶ
μνημεῖον ἀπὸ χρημάτων αὐτῷ συχνῶν γενέσθαι· πάμπολλα
γὰρ εὑρέθη καὶ χρυσὸς καὶ ἄργυρος ἐν τοῖς τοῦ
Ζαρβιηνοῦ βασιλείοις, σίτου δ´ ἀπέκειντο μυριάδες τριακόσιαι
μεδίμνων, ὥστε καὶ τοὺς στρατιώτας ὠφελεῖσθαι
καὶ τὸν Λεύκολλον θαυμάζεσθαι, ὅτι δραχμὴν μίαν ἐκ
τοῦ δημοσίου ταμιείου μὴ λαβὼν αὐτὸν ἐξ αὑτοῦ διῴκει
τὸν πόλεμον.
| [29] XXIX. Aussi Mithridate même ne s'apprêtait-il pas
au combat, croyant que Lucullus ferait la guerre avec
sa circonspection et ses détours habituels; il marchait
donc tranquillement pour rejoindre Tigrane. Il rencontra
d'abord en route quelques Arméniens, qui tremblaient
et partaient épouvantés, ce qui lui fit deviner le désastre.
Puis, comme désormais un plus grand nombre de soldats,
nus et blessés, se trouvaient sur son passage, il apprit
positivement la défaite et se mit à la recherche de
Tigrane. Le découvrant isolé et humilié, il ne lui rendit
pas outrage pour outrage; il descendit de cheval, pleura
avec lui le malheur commun, lui donna son propre cortège
royal et l'encouragea pour l'avenir. A la suite de cette
entrevue, ils rassemblèrent, une fois encore, de nouvelles
troupes. Mais comme, à Tigranocerte, les Grecs avaient
fait défection aux Barbares et offraient la ville à Lucullus,
le Romain l'attaqua et la prit. Il s'empara des trésors
de cette place et la donna elle-même à piller aux soldats;
on y trouva, entre autres richesses, huit mille talents de
monnaie. En outre Lucullus distribua, sur les dépouilles,
huit cents drachmes par homme; puis, apprenant qu'on
avait abandonné dans la ville plusieurs des artistes
dramatiques, rassemblés de tous côtés par Tigrane en
vue de l'inauguration du théâtre qu'il venait de construire,
le proconsul les employa dans les jeux et les spectacles
donnés pour célébrer sa victoire. Il renvoya les Grecs
dans leurs patries, munis d'un viatique, et fit de même
pour les Barbares qui avaient été forcés de s'établir
à Tigranocerte. Il arriva de la sorte qu'au prix de la
destruction d'une seule ville, plusieurs furent de nouveau
fondées, puisqu'elles virent revenir leurs habitants et
chérirent en Lucullus un bienfaiteur et un fondateur. Le
reste réussissait aussi comme le méritait ce grand homme,
qui aspirait plutôt aux louanges dues à la justice
et à l'humanité qu'aux avantages guerriers. Car, à ces
derniers succès, l'armée avait une part importante, et
la fortune, considérable; mais les autres étaient la
preuve d'une âme douce et civilisée, puisque les qualités
de Lucullus lui permettaient de dompter sans armes les
Barbares. Et en effet les Rois des Arabes étaient venus
lui faire leur soumission; et la nation des Sophènes se
ralliait à lui. Celle des Gordyènes était si bien disposée
à son égard qu'ils désiraient abandonner leurs villes et
le suivre comme volontaires avec leurs femmes et leurs
enfants. En voici la raison. Leur Roi Zarbiénos avait,
comme on l'a dit, par l'intermédiaire d'Appius, fait une
convention secrète d'alliance avec Lucullus, car il trouvait
lourde la tyrannie de Tigrane. Dénoncé à ce Prince, il
fut égorgé; ses enfants et sa femme périrent avec lui,
avant l'entrée des Romains en Arménie. Lucullus ne
les oublia pas; à son passage dans le pays des Gordyènes,
il célébra les funérailles de Zarbiénos, orna le bûcher de
vêtements royaux, brodés d'or, et des dépouilles de
Tigrane. Il y mit le feu en personne, et y porta des
libations avec les amis et les parents du mort, qu'il
appelait son ami et l'allié de Rome. Il lui fit élever un
monument à grands frais; car on avait trouvé une très
grosse somme, avec de l'or et de l'argent non monnayés,
dans le palais de Zarbiénos, où étaient aussi déposées
trois millions de mesures de blé. Ainsi les soldats furent
assistés, et Lucullus admiré, parce que, sans prendre
une drachme dans les fonds du questeur, il poursuivait
la guerre par ses propres moyens.
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