[23] Λεύκολλος δὲ τὴν Ἀσίαν πολλῆς μὲν εὐνομίας,
πολλῆς δ´ εἰρήνης ἐμπεπληκώς, οὐδὲ τῶν πρὸς ἡδονὴν
καὶ χάριν ἠμέλησεν, ἀλλὰ πομπαῖς καὶ πανηγύρεσιν ἐπινικίοις
καὶ ἀγῶσιν ἀθλητῶν καὶ μονομάχων ἐν Ἐφέσῳ
καθήμενος ἐδημαγώγει τὰς πόλεις. αἱ δ´ ἀμειβόμεναι
Λευκόλλειά τ´ ἦγον ἐπὶ τιμῇ τοῦ ἀνδρός, καὶ τῆς τιμῆς
ἡδίονα τὴν ἀληθινὴν εὔνοιαν αὐτῷ παρεῖχον. ἐπεὶ δ´ Ἄππιός
θ´ ἧκε καὶ πολεμητέον πρὸς Τιγράνην ἐφαίνετο,
παρῆλθεν αὖθις εἰς Πόντον, καὶ τοὺς στρατιώτας ἀναλαβὼν
ἐπολιόρκει Σινώπην, μᾶλλον δὲ τοὺς κατέχοντας
αὐτὴν βασιλικοὺς Κίλικας, οἳ πολλοὺς μὲν ἀνελόντες
τῶν Σινωπέων, τὴν δὲ πόλιν ἐμπρήσαντες, διὰ νυκτὸς
ἔφυγον. αἰσθόμενος δ´ ὁ Λεύκολλος καὶ παρελθὼν εἰς
τὴν πόλιν, ὀκτακισχιλίους αὐτῶν τοὺς ἐγκαταληφθέντας
ἀπέκτεινε, τοῖς δ´ ἄλλοις ἀπέδωκε τὰ οἰκεῖα, καὶ τῆς πόλεως
ἐπεμελήθη μάλιστα διὰ τὴν τοιαύτην ὄψιν. ἐδόκει
τινὰ κατὰ τοὺς ὕπνους εἰπεῖν παραστάντα· ‘πρόελθε Λεύκολλε
μικρόν· ἥκει γὰρ Αὐτόλυκος ἐντυχεῖν σοι βουλόμενος.’
ἐξαναστὰς δὲ τὴν μὲν ὄψιν οὐκ εἶχε συμβαλεῖν
εἰς ὅ τι φέροι, τὴν δὲ πόλιν εἷλε κατ´ ἐκείνην τὴν ἡμέραν,
καὶ τοὺς ἐκπλέοντας τῶν Κιλίκων διώκων, ὁρᾷ παρὰ τὸν
αἰγιαλὸν ἀνδριάντα κείμενον, ὃν ἐκκομίζοντες οἱ Κίλικες
οὐκ ἔφθησαν ἐμβαλέσθαι· τὸ δ´ ἔργον ἦν Σθένιδος τῶν
καλῶν. φράζει δ´ οὖν τις ὡς Αὐτολύκου τοῦ κτίσαντος
τὴν Σινώπην ὁ ἀνδριὰς εἴη. λέγεται δ´ ὁ Αὐτόλυκος
γενέσθαι τῶν ἐπὶ τὰς Ἀμαζόνας ἐκ Θετταλίας Ἡρακλεῖ
συστρατευσάντων, Δηιμάχου παῖς, ἐκεῖθεν δ´ ἀποπλέων
ἅμα Δημολέοντι καὶ Φλογίῳ τὴν μὲν ναῦν ἀπολέσαι,
περιπεσοῦσαν τῆς Χερρονήσου κατὰ τὸ καλούμενον Πηδάλιον,
αὐτὸς δὲ σωθεὶς μετὰ τῶν ὅπλων καὶ τῶν ἑταίρων
πρὸς τὴν Σινώπην, ἀφελέσθαι τοὺς Σύρους τὴν πόλιν·
Σύροι γὰρ αὐτὴν κατεῖχον, ἀπὸ Σύρου γεγονότες τοῦ
Ἀπόλλωνος ὡς λέγεται καὶ Σινώπης τῆς Ἀσωπίδος.
ταῦτ´ ἀκούων ὁ Λεύκολλος ἀνεμιμνῄσκετο τῆς Σύλλα
παραινέσεως· παρῄνει δὲ διὰ τῶν ὑπομνημάτων
ἐκεῖνος μηδὲν οὕτως ἀξιόπιστον ἡγεῖσθαι
καὶ βέβαιον, ὡς ὅ τι ἂν ἀποσημανθῇ διὰ τῶν ἐνυπνίων.
Πυνθανόμενος δὲ Μιθριδάτην τε καὶ Τιγράνην εἰς Λυκαονίαν
καὶ Κιλικίαν ὅσον οὔπω διαβιβάζειν δύναμιν, ὡς
προτέρους ἐμβαλοῦντας εἰς τὴν Ἀσίαν, ἐθαύμαζε τὸν Ἀρμένιον,
εἰ γνώμην ἔχων ἐπιθέσθαι Ῥωμαίοις, ἀκμάζοντι
μὲν οὐκ ἐχρῆτο Μιθριδάτῃ πρὸς τὸν πόλεμον, οὐδ´ ἐρρωμένοις
τοῖς ἐκείνου τὰ παρ´ αὑτοῦ συνῆπτεν, ἀπολέσθαι
δ´ ἐάσας καὶ συντριβῆναι, νῦν ἐπὶ ψυχραῖς ἐλπίσιν ἄρχεται
πολέμου, τοῖς ἀναστῆναι μὴ δυναμένοις συγκαταβάλλων ἑαυτόν.
| [23] XXIII. Lucullus, après avoir comblé l'Asie de régularité
et de paix, ne négligea pas même ce qui se rapportait
au plaisir et à l'agrément; il séduisit les villes par des
cortèges, des fêtes triomphales, des combats d'athlètes
et de gladiateurs à Éphèse, où il résidait. A leur tour, les
cités célébraient des Lucullies en l'honneur de ce grand
homme, et lui témoignaient la franche sympathie, plus
agréable que les honneurs. Mais, après le retour d'Appius,
il fut évident qu'on était obligé de combattre contre
Tigrane. Lucullus, alors, repassa dans le Pont. A la tête
de ses troupes, il assiégea Sinope, ou plutôt les soldats du
Roi qui l'occupaient. C'étaient des Ciliciens, qui, après
avoir tué une grande partie des habitants, et brûlé la
ville, s'enfuirent pendant la nuit. Lucullus le sut et
entra à Sinope. Il massacra huit mille de ces soldats,
c'est-à-dire tous ceux qu'il prit; quant aux habitants, il
leur rendit leurs biens, et il eut soin de la ville surtout à
cause de la vision dont voici le récit. Il lui sembla pendant
son sommeil, qu'un inconnu, debout à ses côtés
lui disait : « Avance un peu, Lucullus; car Autolycos est
arrivé, et il veut avoir une entrevue avec toi. » A son lever,
il ne pouvait deviner le sens de cette apparition; mais il
prit Sinope le jour même; et, en poursuivant les Ciliciens
qui cherchaient à s'éloigner par mer, il vit, couchée le
long de la mer, une statue que les Ciliciens n'avaient pas
eu le temps d'embarquer : c'était un chef-d'oeuvre de
Sthénis, et qui représentait, comme on le lui expliqua,
Autolycos, le fondateur de Sinope. Autolycos, dit-on,
était du nombre des compagnons d'Hercule dans sa lutte
en Thessalie contre les Amazones, et fils de Déimaque.
Parti de ce pays avec Démoléon et Phlogios, il perdit son
vaisseau, qui se brisa sur la côte de Chersonèse, au lieu
dit Pédalion; mais lui-même, sauvé avec ses armes et ses
camarades, parvint à Sinope et prit la ville aux Syriens
qui l'occupaient alors : c'étaient, dit-on, les descendants
de Syra, fils d'Apollon, et de Sinope, fille d'Asopos.
En apprenant ces détails, Lucullus se ressouvint d'un
conseil de Sylla dans ses Mémoires : « Il ne faut rien croire
si sûr et si digne de foi que ce qui est annoncé par les songes. »
Il apprit ensuite que Mithridate et Tigrane étaient sur
le point de faire passer des troupes en Lycaonie et en
Syrie pour prendre l'offensive contre la province d'Asie;
et il s'étonna que l'Arménien, s'il était décidé à combattre
les Romains, ne se fût pas servi de Mithridate quand les
chances de succès de ce Prince étaient au plus haut point.
Tant que la fortune de Mithridate paraissait sûre, il
s'était gardé d'y associer la sienne; il avait laissé la situation
du Roi de Pont s'affaiblir et se ruiner complètement.
Et maintenant, il commençait la guerre sur de vaines
espérances, et s'enveloppait dans la perte des vaincus,
incapables de se relever !
|