[2] Νέος δ´ ὢν ἐν τῷ Μαρσικῷ πολέμῳ πολλὰ μὲν
τόλμης δείγματα παρέσχε καὶ συνέσεως, μᾶλλόν γε μὴν
αὐτὸν δι´ εὐστάθειαν καὶ πρᾳότητα Σύλλας προσηγάγετο,
καὶ χρώμενος ἀπ´ ἀρχῆς ἐπὶ τὰ πλείστης ἄξια
σπουδῆς διετέλεσεν. ὧν ἦν καὶ ἡ περὶ τὸ νόμισμα πραγματεία·
δι´ ἐκείνου γὰρ ἐκόπη τὸ πλεῖστον ἐν Πελοποννήσῳ
περὶ τὸν Μιθριδατικὸν πόλεμον, καὶ Λευκόλλειον
ἀπ´ ἐκείνου προσηγορεύθη καὶ διετέλεσεν ἐπὶ πλεῖστον,
ὑπὸ τῶν στρατιωτικῶν χρειῶν ἐν τῷ πολέμῳ λαμβάνον
ἀμοιβὴν ταχεῖαν. ἐκ τούτου τῆς μὲν γῆς ἐπικρατῶν ὁ
Σύλλας ἐν ταῖς Ἀθήναις, περικοπτόμενος δὲ τὴν ἀγορὰν
ἐκ τῆς θαλάττης ὑπὸ τῶν πολεμίων ναυκρατούντων, ἐξέπεμψεν
ἐπ´ Αἰγύπτου καὶ Λιβύης τὸν Λεύκολλον, ἄξοντα
ναῦς ἐκεῖθεν. ἦν μὲν οὖν ἀκμὴ χειμῶνος, ἐξέπλευσε
δὲ τρισὶν Ἑλληνικοῖς μυοπάρωσι καὶ δικρότοις ἴσαις Ῥοδιακαῖς,
πρὸς μέγα πέλαγος καὶ ναῦς πολεμίας πανταχόσε
τῷ κρατεῖν πολλὰς διαφερομένας παραβαλλόμενος.
οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ Κρήτην κατάρας ὠκειώσατο, καὶ Κυρηναίους
καταλαβὼν ἐκ τυραννίδων συνεχῶν καὶ πολέμων
ταραττομένους ἀνέλαβε, καὶ κατεστήσατο τὴν πολιτείαν
Πλατωνικῆς τινος φωνῆς ἀναμνήσας τὴν πόλιν, ἣν ἐκεῖνος
ἀπεθέσπισε πρὸς αὐτούς· δεομένων γὰρ ὡς ἔοικεν
ὅπως τε νόμους γράψῃ καὶ τὸν δῆμον αὐτῶν εἰς τύπον
τινὰ καταστήσῃ πολιτείας σώφρονος, ἔφη χαλεπὸν εἶναι
Κυρηναίοις οὕτως εὐτυχοῦσι νομοθετεῖν· οὐδὲν γὰρ ἀνθρώπου
δυσαρκτότερον εὖ πράσσειν δοκοῦντος, οὐδ´ αὖ
πάλιν δεκτικώτερον ἐπιστασίας συσταλέντος ὑπὸ τῆς τύχης.
ὃ καὶ τότε Κυρηναίους νομοθετοῦντι Λευκόλλῳ
πρᾴους παρέσχεν.
Ἐκεῖθεν δ´ ἀναχθεὶς ἐπ´ Αἰγύπτου, τὰ πλεῖστα τῶν
σκαφῶν ἀπέβαλε πειρατῶν ἐπιφανέντων, αὐτὸς δὲ διασωθεὶς
κατήγετο λαμπρῶς εἰς Ἀλεξάνδρειαν. ἀπήντησε γὰρ
αὐτῷ σύμπας ὁ στόλος, ὥσπερ εἰώθει βασιλεῖ καταπλέοντι,
κεκοσμημένος ἐκπρεπῶς, καὶ τὸ μειράκιον ὁ
Πτολεμαῖος ἄλλην τε θαυμαστὴν ἐπεδείκνυτο φιλοφροσύνην
πρὸς αὐτόν, οἴκησίν τε καὶ δίαιταν ἐν τοῖς βασιλείοις
ἔδωκεν, οὐδενός πω ξένου πρότερον ἡγεμόνος αὐτόθι
καταχθέντος. δαπάνην δὲ καὶ σύνταξιν οὐχ ὅσην
ἐδίδου τοῖς ἄλλοις, ἀλλὰ τετραπλῆν ἐκείνῳ παρεῖχεν, οὐ
προσιεμένῳ τῶν ἀναγκαίων πλέον οὐδὲν οὐδὲ δῶρον λαβόντι,
καίπερ ὀγδοήκοντα ταλάντων ἄξια πέμψαντος αὐτῷ.
λέγεται δὲ μήτ´ εἰς Μέμφιν ἀναβῆναι μήτ´ ἄλλο
τῶν θαυμαζομένων ἐν Αἰγύπτῳ καὶ περιβοήτων ἱστορῆσαι·
σχολάζοντος γὰρ εἶναι ταῦτα θεατοῦ καὶ τρυφῶντος,
οὐχ ὡς αὐτὸς ἐν ὑπαίθρῳ τὸν αὐτοκράτορα
σκηνοῦντα παρὰ ταῖς ἐπάλξεσι τῶν πολεμίων ἀπολελοιπότος.
| [2] II. Dès sa jeunesse il donna, dans la guerre des Marses,
bien des exemples de courage et d'intelligence; et Sylla
se l'attacha surtout à cause de sa fermeté et de sa douceur.
Depuis le début, ce dictateur l'employa aux besognes les
plus sérieuses, parmi lesquelles l'intendance de la monnaie.
C'est par ses soins surtout qu'on en frappa dans le Péloponnèse
pendant la guerre contre Mithridate; cette
monnaie fut appelée de son nom Lucullienne, et elle eut
cours très longtemps, l'usage qu'en faisaient les soldats
à la guerre en rendant l'échange facile. Ensuite Sylla, qui,
au siège d'Athènes, dominait sur terre, mais subissait
un blocus commercial sur mer, par suite de la supériorité
navale des ennemis, envoya Lucullus en Égypte et en
Libye pour en ramener des vaisseaux. C'était au coeur
de l'hiver. Lucullus partit avec trois brigantins grecs et
autant de birèmes rhodiennes. Il affrontait une vaste
mer et beaucoup de vaisseaux ennemis, qui circulaient
partout en raison de leur supériorité numérique. Cependant
il trouva moyen de soumettre la Crète en passant. Il
surprit les Cyrénéens dans le désordre où les avait laissés
une suite de tyrannies et de guerres, il se les concilia et
rétablit leur constitution, en leur rappelant un mot de
Platon, que celui-ci avait émis comme une prophétie à
leur adresse. Sollicité, paraît-il, de leur donner des lois et
de réformer leur démocratie sur le modèle d'une sage
organisation, le philosophe avait répondu : « Il est difficile
de donner des lois aux Cyrénéens quand ils sont si prospères;
car rien n'est moins gouvernable qu'un homme
dont les affaires semblent bien aller, ni plus susceptible
d'accepter une autorité que celui qu'a rabaissé la fortune. »
C'est aussi la raison qui rendit alors les Cyrénéens
maniables et les soumit aux lois de Lucullus. Parti de
Cyrène pour l'Égypte, il perdit la plupart de ses bateaux,
des pirates s'étant montrés. Lui-même put s'échapper et
arriver à Alexandrie, où on lui fit une réception brillante.
Toute la flotte vint à sa rencontre, suivant le cérémonial
usité pour le Roi quand il arrivait par mer; et elle était
décorée magnifiquement. Le jeune Roi Ptolémée,
entre autres marques extraordinaires de bienveillance,
lui fournit le logement et la nourriture dans les palais
royaux, où jamais encore un général étranger n'était descendu.
Quant aux dépenses et aux frais de séjour, loin
de se borner à la somme assignée d'ordinaire pour les hôtes,
il donna le quadruple; mais Lucullus n'accepta rien de
plus que le nécessaire et ne voulut pas recevoir de
présents, quoique le Roi lui eût envoyé la valeur de
quatre-vingts talents. On rapporte qu'il ne fit pas le voyage de
Memphis et ne voulut voir aucune des merveilles si
renommées de l'Égypte : « Ces curiosités, dit-il, sont
bonnes pour un spectateur oisif, qui fait un voyage
d'agrément, et non pour quelqu'un qui a, comme moi,
laissé son général en chef campant à la belle étoile devant
les créneaux de l'ennemi. »
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