Texte grec :
[31] (1) Μικρῷ δὲ πρόσθεν ἢ παραβαλεῖν ἡμᾶς Ἀθήναζε
λέγεται τὸ τοιόνδε συμβῆναι. στρατιώτης ἐπὶ κρίσιν τινὰ
καλούμενος ὑφ´ ἡγεμόνος, ὅσον εἶχε χρυσίδιον εἰς τὰς
χεῖρας ἐνέθηκε τοῦ ἀνδριάντος. (2) ἕστηκε δὲ τοὺς δακτύλους
συνέχων δι´ ἀλλήλων, καὶ παραπέφυκεν οὐ μεγάλη
πλάτανος. ἀπὸ ταύτης πολλὰ τῶν φύλλων, εἴτε πνεύματος
ἐκ τύχης καταβαλόντος, εἴτ´ αὐτὸς οὕτως ὁ θεὶς ἐπεκάλυψε,
περικείμενα καὶ συμπεσόντα λαθεῖν ἐποίησε τὸ
χρυσίον οὐκ ὀλίγον χρόνον. (3) ὡς δ´ ὁ ἄνθρωπος ἐπανελθὼν
ἀνεῦρε, καὶ διεδόθη λόγος ὑπὲρ τούτου, πολλοὶ τῶν εὐφυῶν
ὑπόθεσιν λαβόντες εἰς τὸ ἀδωροδόκητον τοῦ Δημοσθένους
διημιλλῶντο τοῖς ἐπιγράμμασι.
(4) Δημάδην δὲ χρόνον οὐ πολὺν ἀπολαύσαντα μισουμένης
δόξης ἡ Δημοσθένους δίκη κατήγαγεν εἰς Μακεδονίαν,
οὓς ἐκολάκευσεν αἰσχρῶς, ὑπὸ τούτων ἐξολούμενον
δικαίως, ἐπαχθῆ μὲν ὄντα καὶ πρότερον αὐτοῖς, τότε
δ´ εἰς αἰτίαν ἄφυκτον ἐμπεσόντα. (5) γράμματα γὰρ ἐξέπεσεν
αὐτοῦ, δι´ ὧν παρεκάλει Περδίκκαν ἐπιχειρεῖν Μακεδονίᾳ
καὶ σῴζειν τοὺς Ἕλληνας, ὡς ἀπὸ σαπροῦ καὶ
παλαιοῦ στήμονος (λέγων τὸν Ἀντίπατρον) ἠρτημέ–
νους. (6) ἐφ´ οἷς Δεινάρχου τοῦ Κορινθίου κατηγορήσαντος,
παροξυνθεὶς ὁ Κάσσανδρος ἐγκατέσφαξεν αὐτοῦ τῷ κόλπῳ
τὸν υἱόν, εἶθ´ οὕτως ἐκεῖνον ἀνελεῖν προσέταξε, ἐν τοῖς
μεγίστοις διδασκόμενον ἀτυχήμασιν, ὅτι πρώτους ἑαυτοὺς
οἱ προδόται πωλοῦσιν, ὃ πολλάκις Δημοσθένους
προαγορεύοντος οὐκ ἐπίστευσε.
(7) Τὸν μὲν οὖν Δημοσθένους ἀπέχεις ὦ Σόσσιε βίον ἐξ
ὧν ἡμεῖς ἀνέγνωμεν ἢ διηκούσαμεν.
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Traduction française :
[31] (1) Mais, peu de temps avant mon voyage d'Athènes, il arriva un événement
que je crois devoir rapporter. Un soldat, appelé en justice par son capitaine,
mit tout ce qu'il avait d'argent dans les mains de la statue de Démosthène, (2)
qui avait les doigts entrelacés l'un dans l'autre. Il était né près de cette
statue un petit platane dont les feuilles, ou poussées par le vent, ou placées
par le soldat lui-même , couvraient si bien les mains de la statue, qu'elles
cachèrent longtemps l'or qu'on y avait mis en dépôt. (3) Le soldat, étant revenu
à Athènes, y retrouva son or dans l'endroit où il l'avait mis; et cette aventure
ayant fait du bruit dans la ville, il y eut entre les beaux esprits d'Athènes
une rivalité pour faire des vers sur le désintéressement de Démosthène.(4)Démade
ne jouit pas longtemps de la gloire récente qu'il avait acquise: la justice
divine, qui voulait venger la mort de Démosthène, le conduisit en Macédoine,
pour y recevoir la juste punition de son crime de la main même de ceux dont il
avait été le vil flatteur. Déjà il leur était odieux, et dans cette occasion il
commit une faute dont il lui fut impossible de se justifier. (5) On surprit une
lettre de lui par laquelle il invitait Perdiccas à entrer en armes dans la
Macédoine, et à délivrer la Grèce, qui ne tenait plus qu'à un fil à moitié
pourri; c'est ainsi qu'il désignait Antipater. (6) Dinarque de Corinthe s'étant
porté pour son accusateur et l'ayant convaincu d'être l'auteur de cette lettre,
Cassandre, dans le premier mouvement de sa colère, massacra son fils entre ses
bras, et ordonna qu'on le fît mourir lui-même. Ainsi Démade apprit, par ses
malheurs, que les traîtres sont toujours les premiers à se trahir eux-mêmes:
c'était ce que Démosthène lui avait souvent prédit et qu'il n'avait jamais voulu
croire. (7) Voilà, mon cher Sénécion, la vie de Démosthène, telle que j'ai pu la
recueillir dans mes conversations et dans mes lectures.
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