Texte grec :
[19] (1) Τύχη δέ τις ἔοικε δαιμόνιος ἢ περιφορὰ
πραγμάτων, εἰς ἐκεῖνο καιροῦ συμπεραίνουσα τὴν ἐλευθερίαν
τῆς Ἑλλάδος, ἐναντιοῦσθαι τοῖς πραττομένοις καὶ
πολλὰ σημεῖα τοῦ μέλλοντος ἀναφαίνειν, ἐν οἷς ἥ τε
Πυθία δεινὰ προὔφερε μαντεύματα, καὶ χρησμὸς ᾔδετο
παλαιὸς ἐκ τῶν Σιβυλλείων·
"τῆς ἐπὶ Θερμώδοντι μάχης ἀπάνευθε γενοίμην,/
αἰετὸς ἐν νεφέεσσι καὶ ἠέρι θηήσασθαι./
κλαίει ὁ νικηθείς, ὁ δὲ νικήσας ἀπόλωλε."
(2) τὸν δὲ Θερμώδοντά φασιν εἶναι παρ´ ἡμῖν ἐν Χαιρωνείᾳ
ποτάμιον μικρὸν εἰς τὸν Κηφισὸν ἐμβάλλον. ἡμεῖς δὲ
νῦν μὲν οὐδὲν οὕτω τῶν ῥευμάτων ἴσμεν ὀνομαζόμενον,
εἰκάζομεν δὲ τὸν καλούμενον Αἵμονα Θερμώδοντα τότε
λέγεσθαι· καὶ γὰρ παραρρεῖ παρὰ τὸ Ἡράκλειον, ὅπου κατεστρατοπέδευον
οἱ Ἕλληνες· καὶ τεκμαιρόμεθα τῆς μάχης
γενομένης αἵματος ἐμπλησθέντα καὶ νεκρῶν τὸν ποταμὸν
ταύτην διαλλάξαι τὴν προσηγορίαν. (3) ὁ δὲ Δοῦρις
οὐ ποταμὸν εἶναι τὸν Θερμώδοντά φησιν, ἀλλ´ ἱστάντας
τινὰς σκηνὴν καὶ περιορύττοντας ἀνδριαντίσκον εὑρεῖν λίθινον,
ὑπὸ γραμμάτων τινῶν διασημαινόμενον ὡς εἴη Θερμώδων,
ἐν ταῖς ἀγκάλαις Ἀμαζόνα φέροντα τετρωμένην.
πρὸς δὲ τούτῳ χρησμὸν ἄλλον ᾄδεσθαι λέγει·
"τὴν δ´ ἐπὶ Θερμώδοντι μάχην μένε, παμμέλαν ὄρνι·/
τηνεί τοι κρέα πολλὰ παρέσσεται ἀνθρώπεια."
|
|
Traduction française :
[19] (1) Mais la divine fortune, qui, par une révolution dans les affaires
publiques, semblait avoir marqué à cette époque le terme de la liberté de la
Grèce, fit avorter des entreprises si bien concertées, et annonça par plusieurs
signes les événements qui devaient suivre. Parmi ces signes on comptait des
oracles effrayants de la Pythie, et une ancienne prophétie de la Sibylle qu'on
répétait partout: "Puis-je être bien loin du combat homicide / Qui doit rougir
de sang les eaux du Thermodon! / Que, m'élevant dans l'air sur une aile rapide,
/ Et devenu semblable au vigoureux aiglon, / Je puisse contempler cet horrible
carnage / Où les peuples vaincus verseront tant de pleurs, / Où, malgré les
efforts du plus brillant courage, / Le triomphe sera le tombeau des vainqueurs!
(2) On dit que ce Thermodon est une petite rivière de la Béotie qui passe près
de Chéronée, et va se jeter dans le Céphise; mais aujourd'hui nous ne
connaissons, dans la Béotie, aucun ruisseau de ce nom; nous conjecturons
seulement que celui qu'on appelle maintenant Haimon se nommait autrefois
Thermodon; il baigne les murs du temple d'Hercule, près duquel les Grecs avaient
placé leur camp; et il est vraisemblable que la quantité de sang et de cadavres
dont il fut rempli à la bataille de Chéronée lui fit donner le nom d'Haimon. (3)
L'historien Duris prétend que Thermodon n'est pas le nom d'un fleuve, mais que
des soldats qui creusaient la terre en cet endroit pour y dresser leur tente
trouvèrent une petite statue de marbre, dont l'inscription faisait connaître que
c'était un officier nommé Thermodon, qui portait dans ses bras une Amazone
blessée; il cite même à ce sujet un autre oracle: "Aux bords du Thermodon,
oiseaux à noir plumage, / Attendez ce combat où le terrible Mars, / Signalant
ses fureurs par un affreux carnage, / Jonchera tous ses champs de cadavres
épars."
|
|