Texte grec :
[14] (1) Τῶν γοῦν κατ´ αὐτὸν ὁ Φωκίων, οὐκ ἐπαινουμένης
προϊστάμενος πολιτείας, ἀλλὰ δοκῶν μακεδονίζειν, ὅμως
δι´ ἀνδρείαν καὶ δικαιοσύνην οὐδὲν οὐδαμῇ χείρων ἔδοξεν
Ἐφιάλτου καὶ Ἀριστείδου καὶ Κίμωνος ἀνὴρ γενέσθαι.
(2) Δημοσθένης δ´ οὐκ ὢν ἐν τοῖς ὅπλοις ἀξιόπιστος, ὥς
φησιν ὁ Δημήτριος, οὐδὲ πρὸς τὸ λαμβάνειν
παντάπασιν ἀπωχυρωμένος, ἀλλὰ τῷ μὲν παρὰ Φιλίππου
καὶ ἐκ Μακεδονίας ἀνάλωτος ὤν, τῷ δ´ ἄνωθεν ἐκ
Σούσων καὶ Ἐκβατάνων ἐπιβατὸς χρυσίῳ γεγονὼς καὶ
κατακεκλυσμένους, ἐπαινέσαι μὲν ἦν ἱκανώτατος τὰ τῶν
προγόνων καλά, μιμήσασθαι δ´ οὐχ ὁμοίως. (3) ἐπεὶ τούς
γε καθ´ αὑτὸν ῥήτορας—ἔξω δὲ λόγου τίθεμαι Φωκίωνα—
καὶ τῷ βίῳ παρῆλθε. φαίνεται δὲ καὶ μετὰ παρρησίας
μάλιστα τῷ δήμῳ διαλεγόμενος, καὶ πρὸς τὰς ἐπιθυμίας
τῶν πολλῶν ἀντιτείνων, καὶ τοῖς ἁμαρτήμασιν αὐτῶν ἐπιφυόμενος,
ὡς ἐκ τῶν λόγων αὐτῶν λαβεῖν ἔστιν. (4) ἱστορεῖ
δὲ καὶ Θεόφραστος, ὅτι τῶν Ἀθηναίων ἐπί τινα προβαλλομένων
αὐτὸν κατηγορίαν, εἶθ´ ὡς οὐχ ὑπήκουε θορυβούντων,
ἀναστὰς εἶπεν "ὑμεῖς ἐμοὶ ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι συμβούλῳ
μέν, κἂν μὴ θέλητε, χρήσεσθε· συκοφάντῃ δ´ οὐδ´
ἂν θέλητε." (5) σφόδρα δ´ ἀριστοκρατικὸν αὐτοῦ πολίτευμα
καὶ τὸ περὶ Ἀντιφῶντος· ὃν ὑπὸ τῆς ἐκκλησίας ἀφεθέντα
συλλαβὼν ἐπὶ τὴν ἐξ Ἀρείου πάγου βουλὴν ἀνήγαγε, καὶ
παρ´ οὐδὲν τὸ προσκροῦσαι τῷ δήμῳ θέμενος, ἤλεγξεν
ὑπεσχημένον Φιλίππῳ τὰ νεώρια ἐμπρήσειν, καὶ παραδοθεὶς
ὁ ἄνθρωπος ὑπὸ τῆς βουλῆς ἀπέθανε. (6) κατηγόρησε δὲ
καὶ τῆς ἱερείας Θεωρίδος ὡς ἄλλα τε ῥᾳδιουργούσης πολλὰ
καὶ τοὺς δούλους ἐξαπατᾶν διδασκούσης, καὶ θανάτου
τιμησάμενος ἀπέκτεινε.
|
|
Traduction française :
[14] (1)Parmi ceux qui lui succédèrent, Phocion, qui, chef du parti le moins
estimé, paraissait favoriser les Macédoniens, fut cependant placé, à cause de sa
valeur et de sa justice, à côté d'Éphialte, d'Aristide et de Cimon. (2) Mais
Démosthène, qui, suivant Démétrius de Phalère, payait mal de sa personne sous
les armes, qui n'était pas invincible à l'appât des présents; qui enfin,
lorsqu'il se montrait inaccessible à l'or de Philippe et de la Macédoine, se
laissait vaincre à celui qu'on envoyait de la Haute-Asie, de Suse et d'Ecbatane;
Démosthène, dis-je, paraissait beaucoup plus propre à louer qu'à imiter les
vertus de ses ancêtres. (3) Cependant il fut toujours, par sa conduite, bien au-
dessus des orateurs de son temps, Phocion seul excepté: on voit même qu'il
parlait au peuple avec plus de liberté que les autres, qu'il gourmandait plus
fortement les passions de la multitude, et reprenait ses fautes avec plus de
vivacité: ses discours en offrent les preuves. (4) Les Athéniens, au rapport de
Théopompe, ayant voulu l'obliger d'accuser quelqu'un, il le refusa; et comme le
peuple en paraissait mécontent, il se leva. "Athéniens, dit-il, je vous donnerai
toujours mes conseils, quand même vous ne le voudriez pas; mais je ne ferai
jamais le métier de délateur, quand même vous le voudriez." (5) Sa conduite à
l'égard d'Antiphon montre tout son attachement pour le parti aristocratique. Cet
homme avait été absous par le peuple dans une affaire capitale. Démosthène,
ayant repris l'affaire, le traduisit devant l'aréopage, et, s'embarrassant peu
de déplaire au peuple, il convainquit Antiphon d'avoir promis à Philippe de
brûler 1'arsenal d'Athènes, et il le fit condamner à mort. (6) Il se porta aussi
pour accusateur de la prêtresse Théoris, qui, outre plusieurs autres délits dont
elle était coupable, enseignait aux esclaves à tromper leurs maîtres; et sur les
conclusions de cet orateur, elle fut punie du dernier supplice.
|
|