HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Vie de Démosthène

κραιπαλῶντες



Texte grec :

[11] (1) Τοῖς δὲ σωματικοῖς ἐλαττώμασι τοιαύτην ἐπῆγεν ἄσκησιν, ὡς ὁ Φαληρεὺς Δημήτριος ἱστορεῖ, λέγων αὐτοῦ Δημοσθένους ἀκοῦσαι πρεσβύτου γεγονότος· τὴν μὲν γὰρ ἀσάφειαν καὶ τραυλότητα τῆς γλώττης ἐκβιάζεσθαι καὶ διαρθροῦν εἰς τὸ στόμα ψήφους λαμβάνοντα καὶ ῥήσεις ἅμα λέγοντα, τὴν δὲ φωνὴν γυμνάζειν ἐν τοῖς δρόμοις καὶ ταῖς πρὸς τὰ σιμ´ ἀναβάσεσι διαλεγόμενον καὶ λόγους τινὰς ἢ στίχους ἅμα τῷ πνεύματι πυκνουμένῳ προφερόμενον· εἶναι δ´ αὐτῷ μέγα κάτοπτρον οἴκοι, καὶ πρὸς τοῦτο τὰς μελέτας ἱστάμενον ἐξ ἐναντίας περαίνειν. (2) λέγεται δ´ ἀνθρώπου προσελθόντος αὐτῷ δεομένου συνηγορίας καὶ διεξιόντος ὡς ὑπό του λάβοι πληγάς, "ἀλλὰ σύ γε", φάναι τὸν Δημοσθένην, "τούτων ὧν λέγεις οὐδὲν πέπονθας." ἐπιτείναντος δὲ τὴν φωνὴν τοῦ ἀνθρώπου καὶ βοῶντος "ἐγὼ Δημόσθενες οὐδὲν πέπονθα;" "νὴ Δία" φάναι, "νῦν ἀκούω φωνὴν ἀδικουμένου καὶ πεπονθότος." (3) οὕτως ᾤετο μέγα πρὸς πίστιν εἶναι τὸν τόνον καὶ τὴν ὑπόκρισιν τῶν λεγόντων. τοῖς μὲν οὖν πολλοῖς ὑποκρινόμενος ἤρεσκε θαυμαστῶς, οἱ δὲ χαρίεντες ταπεινὸν ἡγοῦντο καὶ ἀγεννὲς αὐτοῦ τὸ πλάσμα καὶ μαλακόν, ὧν καὶ Δημήτριος ὁ Φαληρεύς ἐστιν. (4) Αἰσίωνα δέ φησιν Ἕρμιππος ἐπερωτηθέντα περὶ τῶν πάλαι ῥητόρων καὶ τῶν καθ´ αὑτὸν εἰπεῖν, ὡς ἀκούων μὲν ἄν τις ἐθαύμασεν ἐκείνους εὐκόσμως καὶ μεγαλοπρεπῶς τῷ δήμῳ διαλεγομένους, ἀναγινωσκόμενοι δ´ οἱ Δημοσθένους λόγοι πολὺ τῇ κατασκευῇ καὶ δυνάμει διαφέρουσιν. (5) οἱ μὲν οὖν γεγραμμένοι τῶν λόγων ὅτι τὸ αὐστηρὸν πολὺ καὶ πικρὸν ἔχουσι, τί ἂν λέγοι τις; ἐν δὲ ταῖς παρὰ τὸν καιρὸν ἀπαντήσεσιν ἐχρῆτο καὶ τῷ γελοίῳ. Δημάδου μὲν γὰρ εἰπόντος "ἐμὲ Δημοσθένης; ἡ ὗς τὴν Ἀθηνᾶν", "αὕτη" εἶπεν "ἡ Ἀθηνᾶ πρώην ἐν Κολλυτῷ μοιχεύουσα ἐλήφθη." (6) πρὸς δὲ τὸν κλέπτην ὃς ἐπεκαλεῖτο Χαλκοῦς καὶ αὐτὸν εἰς τὰς ἀγρυπνίας αὐτοῦ καὶ νυκτογραφίας πειρώμενόν τι λέγειν· "οἶδα" εἶπεν "ὅτι σε λυπῶ λύχνον καίων. ὑμεῖς δ´ ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι μὴ θαυμάζετε τὰς γινομένας κλοπάς, ὅταν τοὺς μὲν κλέπτας χαλκοῦς, τοὺς δὲ τοίχους πηλίνους ἔχωμεν." (7) ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων καὶ ἑτέρων γελοίων καίπερ ἔτι πλείω λέγειν ἔχοντες, ἐνταῦθα παυσόμεθα· τὸν δ´ ἄλλον αὐτοῦ τρόπον καὶ τὸ ἦθος ἀπὸ τῶν πράξεων καὶ τῆς πολιτείας θεωρεῖσθαι δίκαιόν ἐστιν.

Traduction française :

[11] (1) Démétrius de Phalère nie avoir appris de Démosthène, déjà vieux, tous les efforts qu'il avait faits pour réformer plusieurs défauts naturels auxquels il était sujet. Il avait un bégaiement de langue et une difficulté de prononciation qu'il parvint à corriger en remplissant sa bouche de petits cailloux et prononçant ainsi plusieurs vers de suite. Il fortifia sa voix en montant d'une course rapide sur des lieux hauts et escarpés pendant qu'il récitait, sans prendre haleine, de longs morceaux de poésie ou de prose. Il avait chez lui un grand miroir devant lequel il prononçait les discours qu'il avait composés. (2) Quelqu'un, étant venu le trouver pour le charger de sa cause, se plaignit qu'il avait été battu. "Mon ami, lui dit Démosthène, ce que vous me dites là n'est point vrai." Alors cet homme, prenant un ton beaucoup plus haut: "Quoi! Démosthène, s'écria-t-il, je n'ai pas été battu! - Oh! maintenant, répliqua l'orateur, je reconnais la voix d'un homme qui a été maltraité." (3) Tant il était persuadé que le ton et le geste contribuent beaucoup à donner de la confiance en ce qu'on dit! Sa déclamation plaisait singulièrement au peuple; mais les hommes d'un goût plus sûr, au nombre desquels était Démétrius de Phalère, trouvaient qu'elle manquait de noblesse, d'élévation et de force. (4) Ésion, à qui l'on demandait son sentiment sur les anciens orateurs et sur ceux de son temps, répondit, au rapport d'Hermippus, qu'on ne pouvait entendre les anciens sans admiration lorsqu'ils haranguaient le peuple avec tant de décence et de dignité; mais qu'en lisant les discours de Démosthène, on y trouvait plus de force et plus d'art. (5) Il n'est en effet personne qui ne sente que ses harangues écrites ont plus de piquant et plus de nerf; mais, dans les rencontres subites qui se présentaient quelquefois, il savait employer à propos la plaisanterie. "Démosthène veut m'enseigner, disait un jour Démade; c'est la truie qui veut instruire Minerve. - Oui, répliqua Démosthène; mais cette Minerve fut surprise l'autre jour en adultère dans le bourg de Colytte." (6) Un voleur, nommé Chalcus, s'avisa de le railler sur ses veilles et ses travaux nocturnes. "Je vois bien, lui dit Démosthène, que tu n'aimes pas à voir ma lampe allumée toute la nuit. Mais vous, Athéniens, ne soyez pas surpris de tous les vols qui se commettent; nous avons des voleurs d'airain et des murs de terre." (7) Je pourrais rapporter beaucoup de traits semblables; mais je me borne à ceux-là. Il vaut mieux examiner son caractère et ses moeurs d'après sa conduite dans le gouvernement.





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Dernière mise à jour : 7/06/2005