HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Alcibiade

κἀκεῖνον



Texte grec :

[4] (1) Ἤδη δὲ πολλῶν καὶ γενναίων ἀθροιζομένων καὶ περιεπόντων, οἱ μὲν ἄλλοι καταφανεῖς ἦσαν αὐτοῦ τὴν λαμπρότητα τῆς ὥρας ἐκπεπληγμένοι καὶ θεραπεύοντες, ὁ δὲ Σωκράτους ἔρως μέγα μαρτύριον ἦν τῆς πρὸς ἀρετὴν εὐφυΐας τοῦ παιδός, ἣν ἐμφαινομένην τῷ εἴδει καὶ διαλάμπουσαν ἐνορῶν, φοβούμενος δὲ τὸν πλοῦτον καὶ τὸ ἀξίωμα καὶ τὸν προκαταλαμβάνοντα κολακείαις καὶ χάρισιν ἀστῶν καὶ ξένων καὶ συμμάχων ὄχλον, οἷος ἦν ἀμύνειν καὶ μὴ περιορᾶν ὥσπερ φυτὸν ἐν ἄνθει τὸν οἰκεῖον καρπὸν ἀποβάλλον καὶ διαφθεῖρον. (2) οὐδένα γὰρ ἡ τύχη περιέσχεν ἔξωθεν οὐδὲ περιέφραξε τοῖς λεγομένοις ἀγαθοῖς τοσοῦτον ὥστ´ ἄτρωτον ὑπὸ φιλοσοφίας γενέσθαι καὶ λόγοις ἀπρόσιτον παρρησίαν καὶ δηγμὸν ἔχουσιν· ὡς Ἀλκιβιάδης εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς θρυπτόμενος καὶ ἀποκλειόμενος ὑπὸ τῶν πρὸς χάριν ἐξομιλούντων εἰσακοῦσαι τοῦ νουθετοῦντος καὶ παιδεύοντος, ὅμως ὑπ´ εὐφυΐας ἐγνώρισε Σωκράτη καὶ προσήκατο, διασχὼν τοὺς πλουσίους καὶ ἐνδόξους ἐραστάς. (3) ταχὺ δὲ ποιησάμενος συνήθη καὶ λόγων ἀκούσας οὐχ ἡδονὴν ἄνανδρον ἐραστοῦ θηρεύοντος οὐδὲ φιλήματα καὶ ψαύσεις προσαιτοῦντος, ἀλλ´ ἐλέγχοντος τὰ σαθρὰ τῆς ψυχῆς αὐτοῦ καὶ πιεζοῦντος τὸν κενὸν καὶ ἀνόητον τῦφον, "ἔπτηξ´ ἀλέκτωρ δοῦλος ὣς κλίνας πτερόν". (4) καὶ τὸ μὲν Σωκράτους ἡγήσατο πρᾶγμα τῷ ὄντι θεῶν ὑπηρεσίαν εἰς νέων ἐπιμέλειαν εἶναι καὶ σωτηρίαν, καταφρονῶν δ´ αὐτὸς ἑαυτοῦ, θαυμάζων δ´ ἐκεῖνον, ἀγαπῶν δὲ τὴν φιλοφροσύνην, αἰσχυνόμενος δὲ τὴν ἀρετήν, ἐλάνθανεν εἴδωλον ἔρωτος, ὥς φησιν ὁ Πλάτων, ἀντέρωτα κτώμενος, ὥστε θαυμάζειν ἅπαντας ὁρῶντας αὐτὸν Σωκράτει μὲν συνδειπνοῦντα καὶ συμπαλαίοντα καὶ συσκηνοῦντα, τοῖς δ´ ἄλλοις ἐρασταῖς χαλεπὸν ὄντα καὶ δυσχείρωτον, ἐνίοις δὲ καὶ παντάπασι σοβαρῶς προσφερόμενον, ὥσπερ Ἀνύτῳ τῷ Ἀνθεμίωνος. (5) ἐτύγχανε μὲν γὰρ ἐρῶν τοῦ Ἀλκιβιάδου, ξένους δέ τινας ἑστιῶν ἐκάλει κἀκεῖνον ἐπὶ τὸ δεῖπνον. ὁ δὲ τὴν μὲν κλῆσιν ἀπείπατο, μεθυσθεὶς δ´ οἴκοι μετὰ τῶν ἑταίρων, ἐκώμασε πρὸς τὸν Ἄνυτον, καὶ ταῖς θύραις ἐπιστὰς τοῦ ἀνδρῶνος καὶ θεασάμενος ἀργυρῶν ἐκπωμάτων καὶ χρυσῶν πλήρεις τὰς τραπέζας, ἐκέλευσε τοὺς παῖδας τὰ ἡμίση λαβόντας οἴκαδε κομίζειν πρὸς ἑαυτόν, εἰσελθεῖν δ´ οὐκ ἠξίωσεν, ἀλλ´ ἀπῆλθε ταῦτα πράξας. (6) τῶν οὖν ξένων δυσχεραινόντων καὶ λεγόντων, ὡς ὑβριστικῶς καὶ ὑπερηφάνως εἴη τῷ Ἀνύτῳ κεχρημένος ὁ Ἀλκιβιάδης, "ἐπιει κῶς μὲν οὖν" ὁ Ἄνυτος ἔφη "καὶ φιλανθρώπως· ἃ γὰρ ἐξῆν αὐτῷ λαβεῖν ἅπαντα, τούτων ἡμῖν τὰ ἡμίση καταλέλοιπεν."

Traduction française :

[4] (1) Nombre de gens de bonne famille se pressaient et s'empressaient désormais autour d'Alcibiade. La plupart le courtisaient, manifestement subjugués par l'éclat de sa beauté. En revanche, l'amour de Socrate témoignait grandement de l'excellente prédiposition de l'enfant à la vertu; tout en voyant cette disposition révélée par son aspect extérieur jusqu'à l'illuminer, Socrate redoutait d'autre part la richesse d'Alcibiade, son rang, la foule de citadins, d'étrangers, d'alliés qui voulaient l'envelopper à force de flatteries et d'égards. Alors, il se mit à le défendre, pour ne pas le voir, tel une plante en fleur, perdre et détruire le fruit qui est le sien. (2) Il n'est personne, en effet, que la Fortune ait autant enveloppé et prémuni de "biens" extérieurs, de telle sorte qu'il devînt invulnérable à la philosophie et inaccessible aux raisonnements empreints de mordante franchise. Et pourtant Alcibiade eut beau être amolli dès le départ, et empêché par son entourage complaisant de prêter l'oreille à tout mentor ou éducateur: grâce à son excellent naturel, il reconnut néanmoins Socrate et le laissa l'approcher, en écartant ses amants riches et renommés. (3) Rapidement, Alcibiade fit de Socrate son intime et il écouta les paroles d'un amant qui ne faisait pas la chasse au plaisir indigne d'un homme, ne réclamait ni baisers ni caresses, mais lui reprochait les défauts de son âme et réprimait son orgueil stupide et vain. Alors Alcibiade "se blottit tel un coq vaincu, l'aile repliée", (4) et il réalisa que l'oeuvre de Socrate était réellement un service demandé par les dieux pour le soin et le salut de la jeunesse. Rempli de mépris pour lui-même, d'admiration pour Socrate, aimant sa bonté et vénérant sa vertu, il acquit peu à peu un reflet d'amour, un amour en retour comme dit Platon: au point que tous s'étonnaient de voir Alcibiade dîner avec Socrate, lutter avec lui, partager sa tente, alors qu'avec ses autres amants il était difficile, intraitable, se comportant même de façon arrogante avec certains, comme avec Anytos, le fils d'Anthémion. (5) Il se trouvait qu'Anytos, amoureux d'Alcibiade, l'avait invité à dîner un jour qu'il recevait des hôtes. Alcibiade refusa l'invitation mais, après s'être saoulé chez lui, il se rendit avec ses compagnons en cortège chez Anytos. S'étant présenté à la porte de l'appartement des hommes et ayant jeté un coup d'oeil sur les tables chargées de coupes d'argent et d'or, il ordonna à ses esclaves d'en prendre la moitié et de les transporter chez lui, sans même juger bon d'entrer; sur quoi, il s'en alla. (6) Les invités, indignés, dénoncèrent l'excessive insolence dont Alcibiade avait fait montre à l'endroit d'Anytos; mais ce dernier affirma: "Disons plutôt qu'il a fait montre de mesure et d'humanité: alors qu'il lui était loisible de prendre le tout, il nous en a laissé une partie!"





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 12/05/2005