[21] Τῇ δ' ὑστεραίᾳ παρῆν ὁ Τιμολέων ἐπὶ μάχην
συντεταγμένος. ὡς δὲ τὴν φυγὴν ἐπυνθάνοντο καὶ τὴν ἐρημίαν
ἑώρων τῶν νεωρίων, γελᾶν αὐτοῖς ἐπῄει τὴν ἀνανδρίαν τοῦ
Μάγωνος, καὶ περιϊόντες ἐκήρυττον ἐν τῇ πόλει μήνυτρα τῷ
φράσαντι τὸν Καρχηδονίων στόλον ὅπῃ σφᾶς ἀποδέδρακεν. (2)
οὐ μὴν ἀλλὰ τοῦ Ἱκέτου φιλομαχοῦντος ἔτι καὶ τὴν λαβὴν οὐ
προϊεμένου τῆς πόλεως, ἀλλ' ἐμπεφυκότος οἷς κατεῖχε μέρεσι,
καρτεροῖς οὖσι καὶ δυσπροσμάχοις, διελὼν ὁ Τιμολέων τὴν
δύναμιν, αὐτὸς μὲν ᾗ βιαιότατον (3) ἦν παρὰ τὸ ῥεῖθρον τοῦ
Ἀνάπου προσέβαλλεν· ἄλλους δ' ἐκ τῆς Ἀχραδινῆς ἐκέλευεν
ἐπιχειρεῖν, ὧν Ἰσίας ἡγεῖθ' ὁ Κορίνθιος· τοὺς δὲ τρίτους ἐπῆγον
ἐπὶ τὰς Ἐπιπολὰς Δείναρχος καὶ Δημάρετος οἱ τὴν ὑστέραν
ἀγαγόντες ἐκ (4) Κορίνθου βοήθειαν. ἅμα δὲ καὶ πανταχόθεν
τῆς ἐφόδου γενομένης, καὶ τῶν περὶ τὸν Ἱκέτην ἀνατραπέντων
καὶ φυγόντων, τὸ μὲν ἁλῶναι τὴν πόλιν κατ' ἄκρας καὶ
γενέσθαι ταχέως ὑποχείριον ἐκπεσόντων τῶν πολεμίων
δίκαιον ἀναθεῖναι τῇ τῶν μαχομένων ἀνδραγαθίᾳ καὶ τῇ
δεινότητι (5) τοῦ στρατηγοῦ· τὸ δὲ μήτ' ἀποθανεῖν τινα μήτε
τρωθῆναι τῶν Κορινθίων ἴδιον ἔργον αὑτῆς ἡ Τιμολέοντος
ἐπεδείξατο τύχη, καθάπερ διαμιλλωμένη πρὸς τὴν ἀρετὴν τοῦ
ἀνδρός, ἵνα τῶν ἐπαινουμένων αὐτοῦ τὰ (6) μακαριζόμενα
μᾶλλον οἱ πυνθανόμενοι θαυμάζωσιν. οὐ γὰρ μόνον Σικελίαν
πᾶσαν οὐδ' Ἰταλίαν εὐθὺς ἡ φήμη κατέσχεν, ἀλλ' ἡμερῶν
ὀλίγων ἡ Ἑλλὰς διήχει τὸ μέγεθος τοῦ κατορθώματος, ὥστε τὴν
τῶν Κορινθίων πόλιν ἀπιστοῦσαν, εἰ διαπέπλευκεν ὁ στόλος,
ὁμοῦ καὶ σεσῳσμένους καὶ νενικηκότας (7) ἀκούειν τοὺς
ἄνδρας. οὕτως εὐρόησαν αἱ πράξεις, καὶ τοσοῦ<το> τῷ κάλλει
τῶν ἔργων τὸ τάχος ἡ τύχη προσέθηκεν.
| [21] Le lendemain, Timoléon se présente devant Syracuse avec ses troupes en
bataille, Quand ses soldats apprirent la fuite des ennemis, et qu'ils virent le port
entièrement vide, ils éclatèrent de rire de cette lâcheté de Magon, et pour s'en amuser
ils firent publier par la ville qu'on donnerait une récompense à celui qui leur
apprendrait où était allée se cacher la flotte des Carthaginois. Cependant Icétas
s'obstinait à combattre, et ne voulait pas lâcher prise, résolu de se défendre dans les
postes qu'il occupait, et que leurs fortifications rendaient difficiles à forcer. Alors
Timoléon, partageant ses troupes, en prend une partie avec lui pour donner l'assaut à
la ville, du côté du fleuve où était le poste le plus périlleux. Il fait attaquer
l'Achradine par la seconde division sous les ordres du Corinthien Isias, et charge la
troisième, commandée par Dinarque et par Démarète, qui avaient amené le dernier
secours de Corinthe, d'assaillir le quartier d'Épipoles. XXIV. Ces trois assauts, donnés
en même temps, eurent un tel succès, que les troupes d'Icétas, renversées de tous les
côtés, prirent ouvertement la fuite. La prise d'une ville si considérable, emportée de
force, et tombée rapidement au pouvoir des Corinthiens par la fuite des ennemis, ne
peut être attribuée avec justice qu'à la valeur des soldats et à l'habileté du général;
mais qu'un tel exploit n'ait coûté la vie ni même une blessure à un seul Corinthien,
c'est évidemment l'ouvrage particulier de la fortune de Timoléon, qui voulut en
quelque sorte lutter contre la valeur de ce général, et faire admirer à ceux qui
apprendraient cet événement, son rare bonheur plus encore que ses exploits. Non
seulement le bruit de cette conquête remplit dans un instant la Sicile et l'Italie, mais
en peu de jours il retentit dans toute la Grèce; et la ville de Corinthe, qui doutait
encore que sa flotte eût passé en Sicile, apprit en même temps et le passage heureux
de ses troupes et leur victoire : tant leurs succès furent rapides! tant la fortune se plut
à en relever l'éclat par la promptitude de l'exécution !
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