[26] Ὀλίγῳ δ' ὕστερον χρόνῳ Κρατεροῦ διαβάντος ἐξ Ἀσίας
μετὰ πολλῆς δυνάμεως, καὶ γενομένης πάλιν ἐν Κραννῶνι
παρατάξεως, ἡττήθησαν μὲν οἱ Ἕλληνες οὔτε μεγάλην ἧτταν
οὔτε πολλῶν πεσόντων, ἀπειθείᾳ δὲ πρὸς τοὺς ἄρχοντας
ἐπιεικεῖς καὶ νέους ὄντας, καὶ ἅμα τὰς πόλεις αὐτῶν πειρῶντος
Ἀντιπάτρου, διαρρυέντες αἴσχιστα προήκαντο τὴν ἐλευθερίαν.
(2) εὐθὺς οὖν ἐπὶ τὰς Ἀθήνας ἄγοντος τοῦ Ἀντιπάτρου τὴν
δύναμιν, οἱ μὲν (3) περὶ Δημοσθένην καὶ Ὑπερείδην
ἀπηλλάγησαν ἐκ τῆς πόλεως. Δημάδης δὲ μηθὲν μέρος ὧν
ὤφειλε χρημάτων ἐπὶ ταῖς καταδίκαις ἐκτεῖσαι τῇ πόλει
δυνάμενος -- ἡλώκει γὰρ ἑπτὰ γραφὰς παρανόμων, καὶ
γεγονὼς ἄτιμος ἐξείργετο τοῦ λέγειν -- , ἄδειαν εὑρόμενος τότε
γράφει ψήφισμα, (καὶ) πέμπειν πρὸς Ἀντίπατρον ὑπὲρ εἰρήνης
πρέσβεις αὐτοκράτορας. (4) φοβουμένου δὲ τοῦ δήμου καὶ
καλοῦντος Φωκίωνα καὶ μόνῳ πιστεύειν ἐκείνῳ λέγοντος, "ἀλλ'
εἴγ' ἐπιστευόμην" εἶπεν "ἐγὼ συμβουλεύων (5) ὑμῖν, οὐκ ἂν νῦν
ἐβουλευόμεθα περὶ πραγμάτων τοιούτων." οὕτω δὲ τοῦ
ψηφίσματος ἐπικυρωθέντος, ἀπεστάλη πρὸς Ἀντίπατρον, ἐν τῇ
Καδμείᾳ στρατοπεδεύοντα καὶ παρασκευαζόμενον εὐθὺς εἰς
τὴν Ἀττικὴν βαδίζειν, καὶ τοῦτο πρῶτον ᾐτεῖτο, μένοντα κατὰ
χώραν ποιήσασθαι τὰς διαλύσεις. (6) τοῦ δὲ Κρατεροῦ λέγοντος
ὡς "οὐ δίκαια πείθει Φωκίων ἡμᾶς, τὴν τῶν συμμάχων καὶ
φίλων καθημένους χώραν κακῶς ποιεῖν, δυναμένους ἐκ τῆς
τῶν πολεμίων ὠφελεῖσθαι," λαβόμενος αὐτοῦ τῆς δεξιᾶς ὁ
Ἀντίπα(7)τρος "δοτέον" εἶπε "Φωκίωνι ταύτην τὴν χάριν." περὶ
δὲ τῶν ἄλλων ἐκέλευεν αὐτοῖς ἐπιτρέπειν τοὺς Ἀθηναίους,
ὥσπερ ἐν Λαμίᾳ Λεωσθένης ἐκεῖνον.
| [26] Peu de temps après, Cratère étant revenu d'Asie avec une puissante armée,
il se livra près de Cranon un second combat
où les Grecs furent battus. Mais ni la défaite, ni le nombre des morts ne
furent considérables; cet échec même n'eut lieu que par la désobéissance des soldats,
dont les chefs étaient trop jeunes et manquaient de fermeté : d'ailleurs les tentatives
qu'Antipater fit auprès des villes de la Grèce occasionnèrent la dispersion des
troupes, qui trahirent lâchement la cause de la liberté. Antipater ayant aussitôt fait
marcher son armée contre Athènes, Démosthène et Hypéride sortirent de la ville.
Démade, qui n'avait pu payer la plus petite partie des amendes auxquelles il avait été
condamné jusqu'à sept fois, pour autant de décrets contraires aux lois qu'il avait
proposés; que son insolvabilité avait fait déclarer infâme, et priver du droit de parler
en public, devenu alors pleinement libre, fit un décret qui portait qu'on enverrait vers
Antipater des ambassadeurs munis de pleins pouvoirs pour traiter de la paix avec
lui. XXIX. Le peuple, qui n'était pas sans crainte sur une pareille ambassade, appela
Phocion, comme le seul à qui l'on pût confier une commission si importante. "Si vous
aviez voulu suivre les conseils que je vous donnais, leur dit Phocion, nous n'aurions
pas à délibérer aujourd'hui sur des affaires de cette nature." Le décret de Démade
ayant été confirmé, Phocion fut envoyé vers Antipater, qui, campé dans la Cadmée
était sur le point d'entrer dans l'Attique. D'abord Phocion lui demanda de traiter de
la paix dans le lieu même où il était. Cratère ayant observé que Phocion ne
demandait pas une chose juste, en voulant que l'armée macédonienne restât à fouler
le pays de ses alliés et de ses amis, tandis qu'elle pouvait aller vivre aux dépens des
ennemis, Antipater prenant la main de Cratère : « Il faut, lui dit-il, faire ce plaisir à
Phocion. » Par rapport aux conditions de la paix, il déclara que les Athéniens
devaient s'en remettre sans réserve à celles qu'il présentait; comme lui-même,
lorsqu'il était assiégé dans Lamia, s'en était entièrement rapporté à Léosthène pour la
capitulation.
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