Texte grec :
[4] Ταῦτα οἱ μὲν ἀγαπῶντες ἤδη καὶ πιστεύοντες
ἐθαύμαζον τὴν μεταβολήν, οἱ δ' ἀναγκαῖα πολιτεύματα πρὸς
τὸν καιρὸν ἡγοῦντο, δημαγωγοῦντος αὐτοῦ διὰ τὸν πόλεμον.
ἤδη γὰρ ἠγγέλλετο βεβαίως Οὐϊτέλλιος ἀξίωμα καὶ δύναμιν
αὐτοκράτορος ἀνειληφώς· καὶ πτεροφόροι συνεχῶς ἐφοίτων ἀεί
τι προσχωρεῖν ἐκείνῳ φράζοντες, ἕτεροι δὲ τὰ Παννονικὰ καὶ
τὰ Δαλματικὰ καὶ τὰ περὶ Μυσίαν στρατεύματα δηλοῦντες (2)
ᾑρῆσθαι μετὰ τῶν ἡγεμόνων Ὄθωνα. ταχὺ δὲ ἀφίκετο καὶ
παρὰ Μουκιανοῦ γράμματα καὶ παρὰ Οὐεσπεσιανοῦ φίλια, τοῦ
μὲν ἐν Συρίᾳ, τοῦ δὲ ἐν Ἰουδαίᾳ μεγάλας δυνάμεις ἐχόντων. ὑφ'
ὧν ἐπαιρόμενος ἔγραψεν Οὐϊτελλίῳ παραινῶν στρατιωτικὰ
φρονεῖν, ὡς χρήματα πολλὰ δώσοντος αὐτοῦ καὶ πόλιν, ἐν ᾗ
βιώσεται ῥᾷστον καὶ ἥδιστον (3) βίον μεθ' ἡσυχίας. ἀντέγραψε
δὲ κἀκεῖνος αὐτῷ κατειρωνευόμενος ἡσυχῆ πρῶτον· ἐκ δὲ
τούτου διερεθιζόμενοι πολλὰ βλάσφημα καὶ ἀσελγῆ
χλευάζοντες ἀλλήλοις ἔγραφον, οὐ ψευδῶς μέν, ἀνοήτως δὲ καὶ
γελοίως θατέρου τὸν ἕτερον ἃ προσῆν ἀμφοτέροις ὀνείδη
λοιδοροῦντος. ἀσωτίας γὰρ καὶ μαλακίας καὶ ἀπειρίας
πολέμων καὶ τῶν πρόσθεν ἐπὶ πενίᾳ χρεῶν πλήθους ἔργον ἦν
εἰπεῖν ὁποτέρῳ μεῖον αὐτῶν μέτεστι.
(4) Σημείων δὲ καὶ φαντασμάτων πολλῶν λεγομένων, τὰ
μὲν ἄλλα φήμας ἀδεσπότους καὶ ἀμφιβόλους εἶχεν, ἐν δὲ
Καπιτωλίῳ Νίκης ἐφεστώσης ἅρματι τὰς ἡνίας πάντες εἶδον
ἀφειμένας ἐκ τῶν χειρῶν, ὥσπερ κρατεῖν μὴ δυναμένης, καὶ
τὸν ἐν μεσοποταμίᾳ νήσῳ Γαΐου Καίσαρος ἀνδριάντα μήτε
σεισμοῦ γεγονότος μήτε πνεύματος ἀφ' (5) ἑσπέρας
μεταστραφέντα πρὸς τὰς ἀνατολάς· ὅ φασι συμβῆναι περὶ τὰς
ἡμέρας ἐκείνας ἐν αἷς οἱ περὶ Οὐεσπεσιανὸν ἐμφανῶς ἤδη τῶν
πραγμάτων ἀντελαμβάνοντο. καὶ τὸ περὶ τὸν Θύμβριν δὲ
σύμπτωμα σημεῖον ἐποιοῦντο οἱ πολλοὶ μοχθηρόν. ἦν μὲν γὰρ
ὥρα περὶ ἣν μάλιστα οἱ ποταμοὶ πλήθουσιν, ἀλλ' οὔπω
τοσοῦτος ἤρθη πρότερον, οὐδὲ ἀπώλεσε τοσαῦτα καὶ
διέφθειρεν, ὑπερχυθεὶς καὶ κατακλύσας πολὺ μέρος τῆς
πόλεως, πλεῖστον δὲ ἐν ᾧ τὸν ἐπὶ πράσει διαπωλοῦσι σῖτον, ὡς
δεινὴν ἀπορίαν ἡμερῶν συχνῶν κατασχεῖν.
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Traduction française :
[4] V. Ceux qui l'aimaient, et qui avaient pris confiance en lui,
s'étonnaient de ce changement; les autres pensaient qu'il ne faisait qu'obéir à la
nécessité des circonstances, et qu'il flattait le peuple à cause de la guerre dont il était
menacé. Il avait appris que Vitellius s'était investi du titre et des marques de la
dignité impériale, et tous les jours il recevait des courriers qui lui annonçaient que le
nombre des partisans de Vitellius croissait de plus en plus. D'un autre côté, on lui
apprenait que les armées de Pannonie, de Dalmatie et de Mésie, avec leurs généraux,
s'étaient déclarées pour Othon. Il reçut presque en même temps des lettres très
satisfaisantes de Mucianus et de Vespasien, qui commandaient deux puissantes
armées, l'une en Syrie, et l'autre dans la Judée. Ces nouvelles lui ayant rendu toute sa
confiance, il écrivit à Vitellius pour l'engager à ne pas porter trop haut ses vues
ambitieuses; il lui offrit des sommes considérables, et la propriété d'une ville où il
pourrait passer, au sein du repos, une vie douce et tranquille. Vitellius, dans sa
réponse, se moquait de lui en termes couverts; et bientôt, s'étant aigris l'un l'autre, ils
s'écrivirent réciproquement des injures, des railleries et des paroles outrageantes ; ils
en vinrent même jusqu'à se reprocher, avec une folie ridicule, mais avec vérité, les
vices qui leur étaient communs, tels que la débauche, la mollesse, l'inexpérience dans
la guerre, leur ancienne pauvreté, leurs dettes immenses; et il était difficile de décider
lequel des deux, sous tous ces rapports, l'emportait sur l'autre. VI. Cependant on
annonça des signes et des prodiges, à la vérité la plupart incertains, et qui n'étaient
avoués de personne; mais on vit, dans le Capitole, une Victoire montée sur un char
laisser échapper ses rênes, qu'elle ne pouvait plus retenir. Dans l'île du Tibre, une
statue de César, sans qu'il y eût ni tremblement de terre, ni tourbillon de vent, se
tourna tout à coup de l'occident vers l'orient : ce prodige arriva, dit-on, dans le
temps que Vespasien prit ouvertement le titre d'empereur. Le débordement du Tibre,
qui survint alors, fut pris généralement en mauvaise part. C'était bien la saison où les
rivières grossissent; mais jamais le Tibre n'avait été si enflé, et n'avait causé de si
grands ravages. Il inonda et couvrit de ses eaux une grande partie de la ville, et
surtout le marché au blé, ce qui occasionna, pendant plusieurs jours, une grande
famine dans Rome.
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