Texte grec :
[5] Ἐπεὶ δὲ τὰς Ἄλπεις κατέχοντες ἤδη προσηγγέλλοντο
Κεκίνας καὶ Οὐάλης Οὐϊτελλίῳ στρατηγοῦντες, ἐν Ῥώμῃ
Δολοβέλλας, εὐπατρίδης ἀνήρ, ὑποψίαν παρεῖχε τοῖς
μισθοφόροις νεώτερα φρονεῖν. ἐκεῖνον μὲν οὖν, εἴτε αὐτὸν εἴτε
ἄλλον δεδοικώς, εἰς πόλιν Ἀκύνιον παρέπεμψε παραθαρρύνας.
καταλέγων δὲ τῶν ἐν τέλει συνεκδήμους ἔταξεν ἐν τούτοις καὶ
Λεύκιον τὸν Οὐϊτελλίου ἀδελφόν, οὔτε προσθεὶς οὐδὲν οὔτε
ἀφελὼν ἧς (2) εἶχε τιμῆς. ἰσχυρῶς δὲ καὶ τῆς μητρὸς ἐπεμελήθη
τοῦ Οὐϊτελλίου καὶ τῆς γυναικός, ὅπως μηδὲν φοβήσονται περὶ
αὑτῶν. τῆς δὲ Ῥώμης φύλακα Φλαούιον Σαβῖνον, ἀδελφὸν
Οὐεσπεσιανοῦ, κατέστησεν, εἴτε καὶ τοῦτο πράξας ἐπὶ τιμῇ
Νέρωνος (παρ' ἐκείνου γὰρ εἰλήφει τὴν ἀρχὴν ὁ Σαβῖνος,
ἀφείλετο δὲ Γάλβας αὐτόν), εἴτε μᾶλλον εὔνοιαν ἐνεδείκνυτο
Οὐεσπεσιανῷ καὶ πίστιν αὔξων Σαβῖνον. (3) Αὐτὸς μὲν οὖν ἐν
Βριξίλλῳ, πόλει τῆς Ἰταλίας περὶ τὸν Ἠριδανὸν ἀπελείφθη,
στρατηγοὺς δὲ τῶν δυνάμεων ἐξέπεμψε Μάριόν τε Κέλσον καὶ
Σουητώνιον Παυλῖνον ἔτι τε Γάλλον καὶ Σπουρίναν, ἄνδρας
ἐνδόξους, χρήσασθαι δὲ μὴ δυνηθέντας ἐπὶ τῶν πραγμάτων ὡς
προῃροῦντο τοῖς ἑαυτῶν λογισμοῖς δι' ἀταξίαν καὶ θρασύτητα
τῶν (4) στρατιωτῶν. οὐ γὰρ ἠξίουν ἑτέρων ἀκούειν, ὡς παρ'
αὐτῶν τοῦ αὐτοκράτορος τὸ ἄρχειν ἔχοντος.
ἦν μὲν οὖν οὐδὲ τὰ τῶν πολεμίων ὑγιαίνοντα παντάπασιν
οὐδὲ χειροήθη τοῖς ἡγεμόσιν, ἀλλ' ἔμπληκτα καὶ σοβαρὰ διὰ
τὴν αὐτὴν αἰτίαν. οὐ μὴν ἀλλ' ἐκείνοις ἐμπειρία γε παρῆν τοῦ
μάχεσθαι (5) καὶ τὸ κάμνειν ἐθάδες ὄντες οὐκ ἔφευγον, οὗτοι δὲ
μαλακοὶ μὲν ἦσαν ὑπὸ σχολῆς καὶ διαίτης ἀπολέμου, πλεῖστον
χρόνον ἐν θεάτροις καὶ πανηγύρεσι καὶ παρὰ σκηνὴν
βεβιωκότες, ὕβρει δὲ καὶ κόμπῳ ἐπαμπέχειν ἐβούλοντο,
προσποιήσασθαι τὰς λειτουργίας ὡς κρείττονες ἀπαξιοῦντες,
οὐχ ὡς ἀδύνατοι φέρειν. ὁ δὲ Σπουρίνας προσβιαζόμενος
αὐτοὺς ἐκινδύνευσε μικρὸν ἐλθόντας (6) ἀνελεῖν αὐτόν. ὕβρεως
δὲ καὶ βλασφημίας οὐδεμιᾶς ἐφείσαντο, προδότην καὶ λυμεῶνα
τῶν Καίσαρος καιρῶν καὶ πραγμάτων λέγοντες. ἔνιοι δὲ καὶ
μεθυσθέντες ἤδη νυκτὸς ἦλθον ἐπὶ τὴν σκηνὴν ἐφόδιον
αἰτοῦντες· εἶναι γὰρ αὐτοῖς πρὸς Καίσαρα βαδιστέον, ὅπως
ἐκείνου κατηγορήσωσιν.
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Traduction française :
[5] VII. On reçut en même temps la nouvelle que Valens et Cécina,
deux généraux de Vitellius, s'étaient saisis des sommets des Alpes. Dans Rome,
Dolabella, né d'une des premières familles, fut soupçonné par les cohortes
prétoriennes de tramer quelque nouveauté. L'empereur, soit qu'il le craignît, lui ou
quelque autre, l'envoya à Aquinum, en lui donnant l'assurance qu'il y serait
tranquille. Lorsqu'il choisit les personnes d'un rang distingué qui devaient
l'accompagner à l'expédition contre Vitellius, il mit dans le nombre Lucius, frère de
cet empereur, sans augmenter ni diminuer les honneurs dont il jouissait. Il fit donner
aussi l'assurance la plus formelle à la mère et à la femme de Vitellius, qu'elles
n'avaient rien à craindre pour elles. Il rendit le gouvernement de Romeà Flavius
Sabinus, frère de Vespasien, soit pour honorer la mémoire de Néron, de qui Sabinus
avait reçu cette charge dont ensuite Galba l'avait dépouillé, soit pour montrer à
Vespasien, en augmentant l'état de Sabinus, son affection et sa confiance en lui. Il
s'arrêta à Brexelles, ville d'Italie, sur le Pô, et donna la conduite de son armée à
Marius Celsus, à Suétonius Paulinus, à Gallus et à Spurina, tous généraux d'une
grande réputation; mais l'insolence et l'insubordination de leurs soldats, qui
refusèrent de leur obéir, sous prétexte que l'empereur seul avait le droit de les
commander, puisque lui-même n'avait reçu ce droit que d'eux, les empêchèrent de
suivre le plan de campagne qu'ils s'étaient fait. VIII. Il est vrai que les soldats
ennemis n'étaient pas dans des dispositions plus saines, ni plus soumis à leurs
généraux; ils n'avaient, et par les mêmes causes, ni moins d'audace ni moins
d'insolence que ceux d'Othon : mais ils avaient sur ceux-ci l'avantage de l'expérience
militaire; ils ne fuyaient pas la peine et les fatigues, dont ils avaient l'habitude. Les
prétoriens, au contraire, amollis par l'oisiveté, par la vie paisible qu'ils menaient à
Rome, sur les théâtres, aux assemblées et dans les spectacles, affectaient avec une
sorte de fierté et d'arrogance de dédaigner les fonctions militaires, non par défaut de
courage, mais parce qu'ils les regardaient comme au-dessous d'eux. Spurina, l'un de
leurs chefs, ayant voulu les y assujettir, fut en danger de périr par leurs mains. Ils ne
lui épargnèrent ni les injures, ni les outrages; et, l'accusant de trahison, ils lui
reprochèrent de ruiner les affaires de César, en ne profitant pas des occasions
favorables qui se présentaient. Quelques-uns même, étant pleins de vin, allèrent la
nuit dans sa tente, et lui demandèrent un congé pour aller l'accuser auprès de César.
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