[6] Ὤνησε δὲ τὰ πράγματα καὶ Σπουρίναν ἐν τῷ παραυτίκα
λοιδορία περὶ Πλακεντίαν γενομένη τῶν στρατιωτῶν. οἱ γὰρ
Οὐϊτελλίου τοῖς τείχεσι προσβάλλοντες ἐχλεύαζον τοὺς
Ὄθωνος ἑστῶτας παρὰ τὰς ἐπάλξεις, σκηνικοὺς καὶ
πυρριχιστὰς καὶ Πυθίων καὶ Ὀλυμπίων θεωρούς, πολέμου δὲ
καὶ στρατείας ἀπείρους καὶ ἀθεάτους ἀποκαλοῦντες, καὶ μέγα
φρονοῦντας ἐπὶ τῷ γέροντος ἀνόπλου κεφαλὴν ἀποτεμεῖν, τὸν
Γάλβαν λέγοντες, εἰς δὲ ἀγῶνα καὶ μάχην ἀνδρῶν οὐκ ἂν
ἐκφανῶς (2) καταβάντας. οὕτω γὰρ ἐταράχθησαν ὑπὸ τούτων
τῶν ὀνειδῶν καὶ διεκάησαν ὥστε προσπεσεῖν τῷ Σπουρίνᾳ,
δεόμενοι χρῆσθαι καὶ προστάττειν αὐτοῖς, οὐδένα κίνδυνον
οὐδὲ πόνον ἀπολεγομένοις. ἰσχυρᾶς δὲ συστάσης τειχομαχίας
καὶ μηχανημάτων πολλῶν προσαχθέντων ἐκράτησαν οἱ τοῦ
Σπουρίνα, καὶ φόνῳ πολλῷ τοὺς ἐναντίους ἀποκρουσάμενοι
διετήρησαν ἔνδοξον πόλιν καὶ τῶν Ἰταλῶν οὐδεμιᾶς ἧττον
ἀνθοῦσαν. (3) Ἦσαν δὲ καὶ τὰ ἄλλα τῶν Οὐϊτελλίου
στρατηγῶν οἱ Ὄθωνος ἐντυχεῖν ἀλυπότεροι καὶ πόλεσι καὶ
ἰδιώταις· ἐκείνων δὲ Κεκίνας μὲν οὔτε φωνὴν οὔτε σχῆμα
δημοτικός, ἀλλ' ἐπαχθὴς καὶ ἀλλόκοτος, σώματος μεγάλου,
Γαλατικῶς ἀναξυρίσι καὶ χειρῖσιν ἐνεσκευασμένος, σημείοις
καὶ ἄρχουσι (4) Ῥωμαϊκοῖς διαλεγόμενος. καὶ τὴν γυναῖκα
παρέπεμπον αὐτῷ λογάδην ἱππεῖς ὀχουμένην ἵππῳ
κεκοσμημένην ἐπιφανῶς. Φάβιον δὲ Οὐάλεντα τὸν ἕτερον
στρατηγὸν οὔτε ἁρπαγαὶ πολεμίων οὔτε κλοπαὶ καὶ δωροδοκίαι
παρὰ συμμάχων ἐνεπίμπλασαν χρηματιζόμενον, ἀλλὰ καὶ
ἐδόκει διὰ τοῦτο βραδέως ὁδεύων ὑστερῆσαι τῆς προτέρας (5)
μάχης. οἱ δὲ τὸν Κεκίναν αἰτιῶνται, σπεύδοντα τὴν νίκην
ἑαυτοῦ γενέσθαι πρὶν ἐκεῖνον ἐλθεῖν, ἄλλοις τε μικροτέροις
περιπεσεῖν ἁμαρτήμασι καὶ μάχην οὐ κατὰ καιρὸν οὐδὲ
γενναίως συνάψαι, μικροῦ πάντα τὰ πράγματα διαφθείρασαν
αὐτοῖς.
| [6] Mais ce qui fut très-utile à Spurina et à l'état des affaires, c'est l'affront que son armée
relut à Plaisance. Les légions de Vitellius, étant allées attaquer cette place, firent aux
soldats d'Othon, qui étaient sur les murailles, les railleries les plus sanglantes; ils les
traitèrent de comédiens, de danseurs, de spectateurs des jeux pythiques et
olympiques, qui, sans aucune expérience des combats et des faits d'armes,
regardaient comme un grand exploit d'avoir coupé la tête d'un vieillard désarmé
(c'était de Galba qu'ils parlaient), mais n'avaient jamais osé se présenter en bataille
devant des hommes. Ces paroles offensantes les piquèrent au vif, et, brûlant de s'en
venger, ils allèrent se jeter aux pieds de Spurina, le conjurèrent de faire usage de
leurs bras, de leur commander tout ce qu'il voudrait, lui protestant qu'ils
supporteraient tous les travaux et braveraient tous les périls. IX. Les Vitelliens
donnèrent un rude assaut à la ville, et mirent en usage toutes leurs batteries; mais les
troupes de Spurina ayant eu l'avantage sur eux, les repoussant, en firent un grand
carnage, et conservèrent une des plus célèbres et des plus florissantes villes d'Italie.
Les généraux d'Othon étaient d'un accès plus doux et plus facile aux villes et aux
particuliers que ceux de Vitellius. Cécina, l'un de ces derniers, n'était rien moins que
populaire et dans son ton et dans ses manières. Il avait une figure étrange et hideuse,
avec un corps énorme : habillé à la gauloise, il portait des braies et des saies à
longues manches; c'était dans ce costume qu'il parlait aux enseignes et aux officiers
romains. Il avait toujours auprès de lui sa femme, à cheval, superbement parée, et
escortée d'une troupe de cavaliers d'élite tirés de toutes les compagnies. Fabius
Valens, l'autre général, était d'une avarice insatiable, que ni le pillage des ennemis, ni
les concussions, ni les vols, ni les exactions sur les alliés, ne pouvaient assouvir; on
croit même que cette avarice, en retardant sa marche, l'empêcha de se trouver au
premier combat. D'autres, il est vrai, accusent Cécina de s'être pressé de donner la
bataille sans attendre Valens, afin d'avoir seul l'honneur de la victoire. Ils lui
reprochent encore, outre quelques autres petites fautes, celles d'avoir combattu hors
de propos, de s'être mal défendu, et d'avoir été, par sa défaite, sur le point de ruiner
les affaires de Vitellius.
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