[3] Οὕτω δὲ τῷ δήμῳ τὴν δικαιοτάτην ἡδονὴν ἀποδοὺς ὁ
Καῖσαρ, αὐτὸς ἰδίας ἔχθρας οὐδενὶ τοπαράπαν ἐμνησικάκησε,
τοῖς δὲ πολλοῖς χαριζόμενος οὐκ ἔφευγε τὸ πρῶτον ἐν τοῖς
θεάτροις Νέρων προσαγορεύεσθαι· καί τινων εἰκόνας Νέρωνος
εἰς τοὐμφανὲς προθεμένων οὐκ ἐκώλυσε. (2) Κλούβιος δὲ
Ῥοῦφος εἰς Ἰβηρίαν φησὶ κομισθῆναι διπλώματα, οἷς
ἐκπέμπουσι τοὺς γραμματηφόρους, τὸ τοῦ Νέρωνος θετὸν
ὄνομα προσγεγραμμένον ἔχοντα τῷ τοῦ Ὄθωνος. οὐ μὴν ἀλλὰ
τοὺς πρώτους καὶ κρατίστους αἰσθόμενος ἐπὶ τούτῳ
δυσχεραίνοντας ἐπαύσατο.
Τοιαύτην δὲ τῆς ἡγεμονίας κατάστασιν αὐτῷ
λαμβανούσης, οἱ μισθοφόροι χαλεποὺς παρεῖχον ἑαυτούς,
ἀπιστεῖν παρακελευόμενοι καὶ φυλάττεσθαι καὶ κολούειν τοὺς
ἀξιολόγους, εἴτ' ἀληθῶς φοβούμενοι δι' εὔνοιαν, εἴτε προφάσει
χρώμενοι (3) ταύτῃ τοῦ ταράττειν καὶ πολεμοποιεῖν. Κρισπῖνον
δὲ πέμψαντος αὐτοῦ τὴν ἑπτακαιδεκάτην σπεῖραν Ὠστίας
ἀπάξοντα, κἀκείνου νυκτὸς ἔτι συσκευαζομένου καὶ τὰ ὅπλα
ταῖς ἁμάξαις ἐπιτιθέντος, οἱ θρασύτατοι πάντες ἐβόων οὐδὲν
ὑγιὲς τὸν Κρισπῖνον ἥκειν διανοούμενον, ἀλλὰ τὴν σύγκλητον
ἐπιχειρεῖν πράγμασι νεωτέροις, καὶ τὰ ὅπλα (4) κατὰ Καίσαρος,
οὐ Καίσαρι παρακομίζεσθαι. τοῦ δὲ λόγου πολλῶν ἁπτομένου
καὶ παροξύνοντος, οἱ μὲν ἐπελαμβάνοντο τῶν ἁμαξῶν, οἱ δὲ
τοὺς ἐνισταμένους ἑκατοντάρχας δύο καὶ τὸν Κρισπῖνον αὐτὸν
ἀπέκτειναν, πάντες δὲ διασκευασάμενοι καὶ παρακαλέσαντες
ἀλλήλους Καίσαρι βοηθεῖν ἤλαυνον εἰς τὴν Ῥώμην· καὶ
πυθόμενοι παρ' αὐτῷ δειπνεῖν ὀγδοήκοντα συγκλητικούς,
ἐφέροντο πρὸς τὰ βασίλεια, νῦν καιρὸν εἶναι λέγοντες ἐν
ταὐτῷ (5) πάντας ἀνελεῖν τοὺς Καίσαρος πολεμίους. ἡ μὲν οὖν
πόλις ὡς αὐτίκα διαρπαγησομένη θόρυβον εἶχε πολύν, ἐν δὲ
τοῖς βασιλείοις ἦσαν διαδρομαί, καὶ τὸν Ὄθωνα δεινὴ
κατελάμβανεν ἀπορία. φοβούμενος γὰρ ὑπὲρ τῶν ἀνδρῶν
αὐτὸς ἦν φοβερὸς ἐκείνοις, καὶ πρὸς αὑτὸν ἀνηρτημένους ἑώρα
ταῖς ὄψεσιν ἀναύδους καὶ περιδεεῖς, ἐνίους καὶ μετὰ (6)
γυναικῶν ἥκοντας ἐπὶ τὸ δεῖπνον. ἅμα δὲ τοὺς ἐπάρχους
ἀπέστελλε τοῖς στρατιώταις διαλέγεσθαι καὶ πραΰνειν
κελεύσας, ἅμα δὲ τοὺς κεκλημένους ἄνδρας ἀναστήσας καθ'
ἑτέρας θύρας ἀφῆκε· καὶ μικρὸν ἔφθησαν ὑπεκφυγόντες, διὰ
τῶν μισθοφόρων ὠθουμένων εἰς τὸν ἀνδρῶνα καὶ
πυνθανομένων τί γεγόνασιν οἱ Καίσαρος πολέμιοι. τότε μὲν
οὖν ὀρθὸς ἀπὸ τῆς κλίνης πολλὰ παρηγορήσας καὶ δεηθεὶς καὶ
μηδὲ δακρύων φεισάμενος μόλις ἀπέπεμψεν αὐτούς· τῇ δ'
ὑστεραίᾳ δωρησάμενος ἅπαντας κατ' ἄνδρα χιλίαις καὶ
διακοσίαις καὶ πεντήκοντα δραχμαῖς εἰσῆλθεν εἰς τὸ (8)
στρατόπεδον, καὶ τὸ μὲν πλῆθος ἐπῄνεσεν, ὡς πρὸς αὐτὸν
εὔνουν καὶ πρόθυμον, ὀλίγους δέ τινας οὐκ ἐπ' ἀγαθῷ φήσας
ὑποικουρεῖν, διαβάλλοντας αὐτοῦ τὴν μετριότητα καὶ τὴν
ἐκείνων εὐστάθειαν, ἠξίου συναγανακτεῖν καὶ συγκολάζειν.
ἐπαινούντων δὲ πάντων καὶ κελευόντων, δύο μόνους
παραλαβών, οἷς οὐδεὶς ἔμελλεν ἄχθεσθαι κολασθεῖσιν,
ἀπηλλάγη.
| [3] Othon, après avoir donné au peuple une satisfaction si juste, oublia tout
ressentiment particulier. Pour complaire à la multitude, il ne refusa pàs d'abord
d'être appelé Néron sur les théâtres; il n'empêcha pas même quelques Romains de
relever publiquement des statues de cet empereur; et Claudius Rufus rapporte
que les diplômes impériaux envoyés en Espagne, pour les commissions des courriers,
portaient ce beau nom de Néron joint à celui d'Othon : mais voyant le déplaisir
qu'en avaient les principaux et les plus honnêtes citoyens de Rome, il cessa de le
prendre. III. Othon commençait ainsi à établir son empire, lorsque les soldats lui
donnèrent des sujets d'inquiétude, en l'exhortant sans cesse à se tenir sur ses gardes,
à se défier des citoyens les plus distingués, à les éloigner de sa personne, soit que par
affection ils craignissent réellement pour ses jours, soit qu'ils ne cherchassent qu'un
prétexte, pour causer de la sédition et du trouble. L'empereur ayant donné ordre à
Crispinus de lui amener la dix-septième cohorte, qui était en garnison à Ostie, et cet
officier ayant commencé, avant le jour, à faire charger les armes sur des chariots, les
plus audacieux d'entre les soldats se mirent à crier que Crispinus n'était venu que
pour de mauvais desseins; que le sénat méditait quelque changement, et que ces
armes étaient non pour César, mais contre César. Ces propos animent et irritent le
plus grand nombre : les uns arrêtent les chariots, les autres massacrent deux des
centurions, et Crispinus lui-même, qui s'opposait à cette violence; et tous, prenant
leurs armes, s'encouragent mutuellement à voler au secours de l'empereur, et
marchent droit à Rome. Ils apprennent, en arrivant, que quatre-vingts sénateurs
soupent chez l'empereur; et sur-le-champ ils se portent au palais, en disant que
l'occasion était favorable pour tuer d'un seul coup tous les ennemis de César.
IV. La ville, qui se voyait menacée du pillage, était dans la plus vive inquiétude; on
courait çà et là dans le palais, et Othon lui-même se trouvait dans une grande
perplexité, tremblant pour ces sénateurs, qui ne le redoutaient pas moins lui-même. Il
les voyait sans voix, les yeux fixés sur lui; et plusieurs d'entre eux d'autant plus
effrayés, qu'ils étaient venus chez Othon avec leurs femmes. Il envoie les capitaines
des gardes prétoriennes parler aux soldats, et les adoucir; il dit à ses convives de se
lever de table, et les fait sortir du palais par une porte de derrière. Ils étaient à peine
dehors, que les soldats, entrant dans la salle, demandent ce que sont devenus les
ennemis de César. Alors Othon se lève sur son lit, leur parle longtemps pour les
apaiser, n'épargne ni prières, ni larmes, et, après bien des efforts, vient enfin a bout
de les renvoyer. Le lendemain, il leur fit distribuer douze cent cinquante drachmes
par tête, et se rendit au camp, où, après avoir loué en général les soldats de l'affection
et du zèle qu'ils lui avaient témoigné, il leur dit qu'il y en avait parmi eux dont les
intentions n'étaient point pures, qui faisaient calomnier la douceur et la fidélité de
leurs compagnons; il les pria de partager son ressentiment, et de l'aider à les punir.
Ils applaudirent à son discours, et pressèrent eux-mêmes le châtiment des coupables;
il n'en fit arrêter que deux, dont la punition ne devait affliger personne, et il s'en
retourna au palais.
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