[12] Ἐμπίπτει δὲ τοῖς προτεταγμένοις τῶν Ὄθωνος ἐκ δή
τινος αἰτίας δόξα καὶ λόγος ὡς μεταβαλουμένων τῶν
Οὐϊτελλίου στρατηγῶν πρὸς αὐτούς. ὡς οὖν ἐγγὺς ἦσαν,
ἠσπάσαντο φιλίως συστρατιώτας προσαγορεύσαντες. ἐκείνων
δὲ τὴν προσαγόρευσιν οὐκ εὐμενῶς, ἀλλὰ μετὰ θυμοῦ καὶ
φωνῆς πολεμικῆς ἀμειψαμένων, τοῖς μὲν ἀσπασαμένοις
ἀθυμία, τοῖς δὲ λοιποῖς ὑπόνοια κατὰ τῶν ἀσπασαμένων ὡς
προδιδόντων (2) παρέστη. καὶ τοῦτο πρῶτον αὐτοὺς ἐτάραξεν
ἤδη τῶν πολεμίων ἐν χερσὶν ὄντων. εἶτα τῶν ἄλλων οὐδὲν ἦν
κόσμῳ γινόμενον, ἀλλὰ πολλὴν μὲν ἀταξίαν τὰ σκευοφόρα
τοῖς μαχομένοις ἐμπλαζόμενα παρεῖχε, πολλοὺς δὲ τὰ χωρία
διασπασμοὺς ἐποίει τάφρων ὄντα μεστὰ καὶ ὀρυγμάτων, ἃ
φοβούμενοι καὶ περιϊόντες ἠναγκάζοντο φύρδην καὶ κατὰ μέρη
πολλὰ συμπλέκεσθαι τοῖς (3) ἐναντίοις. μόναι δὲ δύο λεγεῶνες
(οὕτω γὰρ τὰ τάγματα Ῥωμαῖοι καλοῦσιν), ἐπίκλησιν ἡ μὲν
Οὐϊτελλίου Ἅρπαξ, ἡ δὲ Ὄθωνος Βοηθός, εἰς πεδίον ἐξελίξασαι
ψιλὸν καὶ ἀναπεπταμένον, νόμιμόν τινα μάχην, συμπεσοῦσαι
φαλαγγηδόν, ἐμάχοντο πολὺν χρόνον. οἱ μὲν οὖν Ὄθωνος
ἄνδρες ἦσαν εὔρωστοι καὶ ἀγαθοί, πολέμου δὲ καὶ μάχης τότε
πρῶτον πεῖραν λαμβάνοντες· οἱ δὲ Οὐϊτελλίου πολλῶν ἀγώνων
ἐθάδες, ἤδη δὲ γηραιοὶ καὶ παρακμάζοντες. (4) Ὁρμήσαντες οὖν
ἐπ' αὐτοὺς οἱ Ὄθωνος ἐώσαντο καὶ τὸν ἀετὸν ἀφείλοντο,
πάντας ὁμοῦ τι τοὺς προμάχους ἀποκτείναντες· οἱ δὲ ὑπὸ
αἰσχύνης καὶ ὀργῆς ἐμπεσόντες αὐτοῖς τόν τε πρεσβευτὴν τοῦ
τάγματος Ὀρφίδιον ἔκτειναν καὶ πολλὰ τῶν σημείων ἥρπασαν.
τοῖς δὲ μονομάχοις ἐμπειρίαν τε καὶ θάρσος ἔχειν πρὸς τὰς
συμπλοκὰς δοκοῦσιν ἐπήγαγεν Οὔαρος Ἀλφῆνος τοὺς
καλουμένους (5) Βατάβους. εἰσὶ δὲ Γερμανῶν ἱππεῖς ἄριστοι,
νῆσον οἰκοῦντες ὑπὸ τοῦ Ῥήνου περιρρεομένην. τούτους ὀλίγοι
μὲν τῶν μονομάχων ὑπέστησαν, οἱ δὲ πλεῖστοι φεύγοντες ἐπὶ
τὸν ποταμὸν ἐμπίπτουσιν εἰς σπείρας τῶν πολεμίων αὐτόθι
τεταγμένας, ὑφ' ὧν ἀμυνόμενοι πάντες ὁμαλῶς διεφθάρησαν.
(6) αἴσχιστα δὲ ἠγωνίσαντο πάντων οἱ στρατηγικοί, μηδὲ ὅσον
ἐν χερσὶ γενέσθαι τοὺς ἐναντίους ὑπομείναντες, ἀλλὰ καὶ τοὺς
ἀηττήτους ἔτι φόβου καὶ ταραχῆς ἀνεπίμπλασαν φεύγοντες δι'
αὐτῶν. οὐ μὴν ἀλλὰ πολλοί γε τῶν Ὄθωνος νενικηκότες τοὺς
καθ' αὑτοὺς ἐβιάσαντο καὶ διεξέπεσον διὰ τῶν πολεμίων
κρατούντων εἰς τὸ στρατόπεδον.
| [12] XV. Tout à coup, je ne sais sur quel fondement, le bruit courut, dans
les premiers rangs de l'armée d'Othon, que les généraux de Vitellius passaient dans
leur parti. Lors donc que les deux armées furent proches, ceux d'Othon saluèrent les
autres avec amitié, en les traitant de compagnons; mais les Vitelliens, loin de recevoir
ce salut avec douceur, y répondirent d'un ton de colère et de fureur qui n'annonçait
que la volonté de combattre. Les autres, déconcertés de leur méprise, perdirent
courage, et furent soupçonnés de trahison par les Vitelliens : aussi, troublés dès la
première charge, ne firent-ils rien avec ordre. Les bêtes de sommé, qui se trouvaient
mêlées avec les combattants, mettaient la confusion dans les rangs; d'ailleurs, le
champ de bataille étant coupé de fossés et de ravins, ils étaient obligés de prendre
des détours pour les éviter, et de combattre par pelotons séparés. Il n'y eut que deux
légions, l'une de Vitellius, appelée la Ravissante, l'autre d'Othon, nommée la
Secourable, qui, se dégageant de ces défilés, et se déployant dans une plaine nue et
découverte, livrèrent un véritable combat, et se battirent fort longtemps. XVI. Les
soldats d'Othon étaient pleins de force et de courage; mais ils faisaient ce jour-là leur
essai de la guerre : ceux de Vitellius, depuis longtemps aguerris, étaient affaiblis par
l'âge et par les fatigues. Les troupes d'Othon les ayant donc chargés avec impétuosité,
les enfoncèrent, leur enlevèrent l'aigle de la légion, et firent mainbasse sur les
premiers rangs. Les soldats de Vitellius, outrés de honte et de colère, reviennent sur
eux avec fureur, tuent Orphidius, qui les commandait, et enlèvent plusieurs
enseignes. Les gladiateurs d'Othon, qui passaient pour avoir, dans ces combats corps
à coups, de l'expérience et du courage, furent chargés par Alphenus Varus à la tête
des Bataves, les meilleurs cavaliers de la Germanie, qui habitent une île située au
milieu du Rhin. Très peu de ces gladiateurs tinrent ferme : en fuyant presque tous
vers le Pô, ils tombèrent dans des cohortes ennemies qui étaient là en bataille; et,
après quelque résistance, ils furent tous taillés en pièces. Mais aucun corps ne se
conduisit avec plus de lâcheté que celui des prétoriens : ils n'attendirent pas que les
ennemis en vinssent aux mains avec eux, et, prenant la fuite à travers les autres
troupes qui étaient en bataille, ils y portèrent le désordre et l'effroi. Cependant
plusieurs compagnies de l'armée d'Othon, ayant vaincu ceux qu'elles avaient en tête,
s'ouvrirent un passage au milieu des ennemis vainqueurs, et regagnèrent le camp.
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