HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Marius

τῶν



Texte grec :

[45] Ἐν τούτῳ δ' ὥσπερ τροπαίας τινὸς ἀμειβούσης ἐφοίτων ἄγγελοι πανταχόθεν, ὡς Σύλλας συνῃρηκὼς τὸν Μιθριδατικὸν πόλεμον καὶ τὰς ἐπαρχίας ἀνειληφὼς ἐπιπλέοι μετὰ πολλῆς δυνάμεως. καὶ τοῦτο βραχεῖαν ἐπίσχεσιν ἐποίησε καὶ παῦλαν ὀλίγην ἀφάτων κακῶν, ὅσον (3) οὔπω τὸν πόλεμον ἥκειν ἐπ' αὐτοὺς οἰομένων. ὕπατος μὲν οὖν ἀπεδείχθη τὸ ἕβδομον Μάριος, καὶ προελθὼν αὐταῖς Καλάνδαις Ἰανουαρίαις, ἔτους ἀρχῇ, Σέξτον τινὰ Λικίννιον κατεκρήμνισεν· ὃ κἀκείνοις καὶ τῇ πόλει τῶν (4) αὖθις ἐδόκει κακῶν γεγονέναι σημεῖον μέγιστον. αὐτὸς δ' ἤδη τοῖς τε πόνοις ἀπειρηκὼς καὶ ταῖς φροντίσιν οἷον ὑπέραντλος ὢν καὶ κατάπονος, τὴν ψυχὴν πρὸς τοσαύτην αὖθις ἐπίνοιαν νέου πολέμου καὶ καινῶν ἀγώνων καὶ φόβων ὑπ' ἐμπειρίας δεινῶν καὶ καμάτου τρέμουσαν οὐκ ἀνέφερε, λογιζόμενος ὡς οὐ πρὸς Ὀκτάβιον οὐδὲ Μερούλαν σύγκλυδος ὁμίλου καὶ στασιώδους ὄχλου στρατηγοὺς ὁ κίνδυνος ἔσοιτο, Σύλλας δ' ἐκεῖνος ἔπεισιν ὁ τῆς πατρίδος αὐτὸν ἐξελάσας πάλαι, νῦν δὲ Μιθριδάτην συνεσταλκὼς (5) εἰς τὸν Εὔξεινον Πόντον. ὑπὸ τοιούτων θραυόμενος λογισμῶν, καὶ τὴν μακρὰν ἄλην αὑτοῦ καὶ φυγὰς καὶ κινδύνους διὰ γῆς καὶ θαλάττης ἐλαυνομένου λαμβάνων πρὸ ὀφθαλμῶν, εἰς ἀπορίας ἐνέπιπτε δεινὰς καὶ νυκτερινὰ δείματα καὶ ταραχώδεις ὀνείρους, ἀεί τινος ἀκούειν φθεγγομένου δοκῶν· "δειναὶ γὰρ κοῖται καὶ ἀποιχομένοιο λέοντος". (6) μάλιστα δὲ πάντων φοβούμενος τὰς ἀγρυπνίας, ἐνέβαλεν εἰς πότους ἑαυτὸν καὶ μέθας ἀώρους καὶ παρ' ἡλικίαν, ὥσπερ ἀπόδρασιν τῶν φροντίδων τὸν ὕπνον μηχανώμενος. (7) τέλος δ' ὡς ἧκέ τις ἀπαγγέλλων ἀπὸ θαλάσσης , Νέοι προσπίπτοντες αὐτῷ φόβοι, τὰ μὲν δέει τοῦ μέλλοντος, τὰ δ' ὥσπερ ἄχθει καὶ κόρῳ τῶν παρόντων, ῥοπῆς βραχείας ἐπιγενομένης, εἰς νόσον κατηνέχθη πλευρῖτιν, ὡς ἱστορεῖ Ποσειδώνιος ὁ φιλόσοφος, αὐτὸς εἰσελθεῖν καὶ διαλεχθῆναι περὶ ὧν ἐπρέσβευεν ἤδη (8) νοσοῦντι φάσκων αὐτῷ. Γάιος δέ τις Πίσων ἀνὴρ ἱστορικὸς ἱστορεῖ τὸν Μάριον ἀπὸ δείπνου περιπατοῦντα μετὰ τῶν φίλων ἐν λόγοις γενέσθαι περὶ τῶν καθ' (9) ἑαυτὸν πραγμάτων, ἄνωθεν ἀρξάμενον· καὶ τὰς ἐπ' ἀμφότερα πολλάκις μεταβολὰς ἀφηγησάμενον, εἰπεῖν ὡς οὐκ ἔστι νοῦν ἔχοντος ἀνδρὸς ἔτι τῇ τύχῃ πιστεύειν ἑαυτόν· ἐκ δὲ τούτου τοὺς παρόντας ἀσπασάμενον καὶ (10) κατακλινέντα συνεχῶς ἡμέρας ἑπτὰ τελευτῆσαι. τινὲς δὲ τὴν φιλοτιμίαν αὐτοῦ φασιν ἐν τῇ νόσῳ παντάπασιν ἀποκαλυφθεῖσαν εἰς ἄτοπον ἐξοκεῖλαι παρακοπήν, οἰομένου τὸν Μιθριδατικὸν στρατηγεῖν πόλεμον, εἶθ', ὥσπερ ἐπ' αὐτῶν εἰώθει τῶν ἀγώνων, σχήματα παντοδαπὰ καὶ κινήματα σώματος μετὰ συντόνου κραυγῆς καὶ πυκνῶν (11) ἀλαλαγμάτων ἀποδιδόντος. οὕτως δεινὸς αὐτῷ καὶ δυσπαραμύθητος ἐκ φιλαρχίας καὶ ζηλοτυπίας ἔρως ἐντετήκει τῶν πράξεων ἐκείνων· δι' ὅν, ἔτη μὲν ἑβδομήκοντα βεβιωκώς, ὕπατος δὲ πρῶτος ἀνθρώπων ἑπτάκις ἀνηγορευμένος, οἶκόν τε καὶ πλοῦτον ἀρκοῦντα βασιλείαις ὁμοῦ πολλαῖς κεκτημένος, ὠδύρετο τὴν ἑαυτοῦ τύχην, ὡς ἐνδεὴς καὶ ἀτελὴς ὧν ἐπόθει προαποθνῄσκων.

Traduction française :

[45] XLIX. Dans cette situation déplorable, tout à coup, par un retour inattendu, on apprit de plusieurs côtés que Sylla, après avoir terminé la guerre contre Mithridate et recouvré les provinces usurpées, revenait à Rome avec une puissante armée. Cette nouvelle fit suspendre pour quelque temps les maux inexprimables que souffrait cette malheureuse ville; ceux qui en étaient les auteurs se voyaient menacés eux-mêmes d'une guerre prochaine. Marius fut donc nommé consul pour la septième fois; et lorsqu'il sortit le premier jour de janvier, qui était aussi le commencement de l'année, pour aller prendre possession de sa charge, il fit précipiter Sextus Lucinus de la roche Tarpéienne. Ce prélude de son consulat fut le présage des horreurs dont la ville allait encore être le théâtre, et le parti de Marius la victime. Lui-même, épuisé par ses travaux passés, l'esprit dévoré de chagrins, tourmenté par la pensée de cette nouvelle guerre et des combats qu'il aurait à livrer, des terreurs auxquelles il serait bientôt en proie, et dont son expérience lui faisait pressentir tous les dangers et les peines cuisantes, il ne put soutenir la vue des inquiétudes cruelles qui l'assiégeaient de toutes parts. Il considérait que ce n'était point un Mérula, un Octavius qu'il aurait à combattre, ces généraux qui n'avaient sous leurs ordres que des séditieux ramassés au hasard; que c'était un Sylla qui marchait contre lui, Sylla qui autrefois l'avait chassé de sa patrie, et qui venait de repousser Mithridate jusqu'au fond du PontEuxin. Accablé par ces réflexions, et se remettant devant les yeux son long exil, ses fuites, ses dangers sur terre et sur mer, il tomba dans les plus cruelles angoisses; des frayeurs nocturnes, des songes affreux troublaient son repos ; et à tout moment il croyait entendre une voix menaçante lui crier : "Le gîte du lion, même absent, est terrible". Mais comme il ne craignait rien tant que l'insomnie, il se plongea dans des excès de bonne chère et de vin, que son âge n'était pas en état de supporter; cherchant dans le sommeil, qu'il voulait par là se procurer, un remède à ses chagrins. L. Enfin, les nouvelles qu'il reçut de la mer le jetèrent dans de nouvelles frayeurs. Tremblant pour l'avenir, abattu sous le poids du présent, il ne lui fallut que le plus léger accident pour le faire tomber dans une maladie grave. Il fut attaqué d'une pleurésie, au rapport du philosophe Posidonius qui alla le voir dans son lit, pour lui parler des affaires relatives à son ambassade. Mais l'historien Caius Pison dit qu'un soir que Marius se promenait après souper avec ses amis, il mit la conversation sur ses aventures; que, reprenant l'histoire de sa vie, il leur raconta toutes les vicissitudes de bien et de mal que la fortune lui avait fait éprouver. Il ajouta qu'il n'était pas d'un homme sage de se lier davantage à son inconstance. En finissant ces mots, il les embrassa, leur fit ses adieux, et alla se mettre dans son lit, où il mourut au bout de sept jours. On dit qu'étant tombé dans le délire pendant sa maladie, son ambition se manifesta d'une manière bien frappante. Il croyait commander l'armée romaine contre Mithridate, et faisait dans son lit les mêmes mouvements, prenait les mêmes attitudes que dans les combats; il parlait d'une voix forte, et poussait des cris de victoire : tant sa jalousie naturelle et sa soif de commander avaient allumé dans son âme un désir insurmontable d'être chargé de cette guerre! Tel était l'excès de son ambition, qu'à l'âge de soixante-dix ans, étant le premier des Romains qui eût été sept fois consul, possédant des richesses qui auraient pu suffire à plusieurs rois, il se plaignait de la fortune, comme si elle l'eût fait mourir pauvre, et avant d'avoir obtenu ce qu'il désirait.





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Dernière mise à jour : 30/08/2007