| [21] Οὕτω μὲν τὸν Ἀννίβαν ἀποθανεῖν λέγουσιν. 
Ἀπαγγελθέντων δὲ τούτων πρὸς τὴν σύγκλητον, οὐκ ὀλίγοις 
ἐπαχθὴς ἔδοξεν ὁ Τίτος καὶ περιττὸς ἄγαν καὶ ὠμός, ὥσπερ 
ὄρνιν ὑπὸ γήρως ἀπτῆνα καὶ κόλουρον ἀφειμένον ζῆν χειροήθη 
τὸν Ἀννίβαν ἀποκτείνας, οὐδενὸς ἐπείγοντος, ἀλλὰ διὰ δόξαν, 
ὡς ἐπώνυμος τοῦ θανάτου γένοιτο. καὶ τὴν Ἀφρικανοῦ 
Σκιπίωνος ἀντιθέντες πρᾳότητα καὶ μεγαλοψυχίαν ἔτι μᾶλλον 
ἐθαύμαζον, ὡς ἀήττητον ὄντα καὶ φοβερὸν ἐν Λιβύῃ 
καταπολεμήσας Ἀννίβαν, οὔτ' ἐξήλασεν οὔτ' ἐξῃτήσατο παρὰ 
τῶν πολιτῶν, ἀλλὰ καὶ πρὸ τῆς μάχης εἰς λόγους ἐλθὼν 
ἐδεξιώσατο, καὶ μετὰ τὴν μάχην σπενδόμενος οὐδὲν 
ἐπετόλμησεν οὐδ' (3) ἐπενέβη τῇ τύχῃ τοῦ ἀνδρός. λέγεται δ' 
αὖθις ἐν Ἐφέσῳ συμβαλεῖν αὐτούς, καὶ πρῶτον μὲν ἐν τῷ 
συμπεριπατεῖν τοῦ Ἀννίβου τὴν προήκουσαν ἐν ἀξιώματι τάξιν 
(εἶναι) προλαβόντος, ἀνέχεσθαι καὶ περιπατεῖν ἀφελῶς τὸν 
Ἀφρικανόν· ἔπειτα λόγου περὶ στρατηγῶν ἐμπεσόντος, καὶ 
τοῦ Ἀννίβου κράτιστον ἀποφηναμένου γεγονέναι τῶν 
στρατηγῶν Ἀλέξανδρον, εἶτα Πύρρον, τρίτον δ' αὑτόν, ἡσυχῇ 
μειδιάσαντα τὸν Ἀφρικανὸν εἰπεῖν· "τί δ' εἰ μή σ' ἐγὼ (5) 
νενικήκειν;" καὶ τὸν Ἀννίβαν "οὐκ ἂν ὦ Σκιπίων" φάναι "τρίτον 
ἐμαυτόν, ἀλλὰ πρῶτον ἐποιούμην τῶν στρατηγῶν." ταῦτα δὴ 
τοῦ Σκιπίωνος οἱ πολλοὶ θαυμάζοντες ἐκάκιζον τὸν Τίτον, ὡς 
ἀλλοτρίῳ νεκρῷ προσενεγκόντα (7) τὰς χεῖρας. ἔνιοι δ' ἦσαν οἱ 
τὸ πεπραγμένον ἐπαινοῦντες, καὶ τὸν Ἀννίβαν ἕως ἔζη πῦρ 
ἡγούμενοι δεόμενον (8) τοῦ ῥιπίζοντος· μηδὲ γὰρ ἀκμάζοντος 
αὐτοῦ τὸ σῶμα Ῥωμαίοις καὶ τὴν χεῖρα φοβεράν, ἀλλὰ τὴν 
δεινότητα καὶ τὴν ἐμπειρίαν γεγονέναι μετὰ τῆς ἐμφύτου 
πικρίας (9) καὶ δυσμενείας· ὧν οὐδὲν ἀφαιρεῖν τὸ γῆρας, ἀλλ' 
ὑπομένειν τὴν φύσιν ἐν τῷ ἤθει· τὴν δὲ τύχην οὐ διαμένειν 
ὁμοίαν, ἀλλὰ μεταπίπτουσαν ἐκκαλεῖσθαι ταῖς ἐλπίσι (10) πρὸς 
τὰς ἐπιθέσεις τοὺς ἀεὶ τῷ μισεῖν πολεμοῦντας. καὶ τὰ ὕστερά 
πως ἔτι μᾶλλον ἐμαρτύρησε τῷ Τίτῳ, τοῦτο μὲν Ἀριστόνικος ὁ 
τοῦ κιθαρῳδοῦ, διὰ τὴν Εὐμενοῦς δόξαν ἐμπλήσας ἅπασαν 
ἀποστάσεων καὶ πολέμων τὴν Ἀσίαν, τοῦτο δὲ Μιθριδάτης, 
μετὰ Σύλλαν καὶ Φιμβρίαν καὶ τοσούτων ὄλεθρον 
στρατευμάτων καὶ στρατηγῶν αὖθις ἐπὶ Λεύκολλον ἐκ γῆς 
ὁμοῦ καὶ θαλάττης ἀναστὰς (11) τηλικοῦτος. οὐ μὴν οὐδὲ Γαΐου 
Μαρίου ταπεινότερος Ἀννίβας ἔκειτο. τῷ μὲν γὰρ βασιλεὺς 
φίλος ὑπῆρχε, καὶ βίος ἦν συνήθης καὶ διατριβαὶ περὶ ναῦς καὶ 
ἵππους καὶ (12) στρατιωτῶν ἐπιμέλειαν· τὰς δὲ Μαρίου τύχας 
Ῥωμαῖοι γελῶντες, ἀλωμένου καὶ πτωχεύοντος ἐν Λιβύῃ, μετὰ 
μικρὸν ἐν Ῥώμῃ σφαττόμενοι καὶ μαστιγούμενοι 
προσ(13)εκύνουν. οὕτως οὐδὲν οὔτε μικρὸν οὔτε μέγα τῶν 
παρόντων πρὸς τὸ μέλλον ἐστίν, ἀλλὰ μία τοῦ μεταβάλλειν 
τελευτὴ καὶ τοῦ εἶναι. διὸ καί φασιν ἔνιοι τὸν Τίτον οὐκ ἀφ' 
ἑαυτοῦ ταῦτα πρᾶξαι, πεμφθῆναι δὲ πρεσβευτὴν μετὰ Λευκίου 
Σκιπίωνος, οὐδὲν ἄλλο τῆς πρεσβείας ἐχούσης ἔργον ἢ τὸν 
Ἀννίβου θάνατον.
(15) Ἐπεὶ δ' οὐδεμίαν ἔτι τούτων κατόπιν οὔτε πολιτικὴν 
τοῦ Τίτου πρᾶξιν οὔτε πολεμικὴν ἱστορήκαμεν, ἀλλὰ καὶ 
τελευτῆς ἔτυχεν εἰρηνικῆς, ὥρα τὴν σύγκρισιν ἐπισκοπεῖν.
 | [21] Telle fut, dit-on, la fin d'Annibal. 
La nouvelle en étant venue à Rome, la plupart des sénateurs 
blâmèrent hautement Flamininus; ils regardèrent comme un excès de cruauté  d'avoir 
fait mourir Annibal, tandis que le peuple  romain le laissait vivre, comme un oiseau 
que la  vieillesse a dépouillé de son plumage, à qui l'on  conserve la vie sans danger; 
et de l'avoir fait mourir sans que personne l'y eût engagé, par la vaine  gloire d'être 
appelé l'auteur de la mort d'Annibal. XXX. On citait à cette occasion la douceur et la  
magnanimité de Scipion l'Africain; et l'on admirait  davantage ce grand homme qui, 
après avoir défait  en Afrique Annibal, jusqu'alors invincible et encore redoutable 
aux Romains, ne le chassa point  de son pays, et ne demanda pas qu'il lui fût livré.  
Au contraire, avant le combat, il avait eu avec lui une conférence dans laquelle il le 
traita honorablement; et après la bataille, en réglant les conditions de la paix, il ne 
proposa rien qui lui fût  défavorable, et n'insulta point à son malheur. Ils  eurent 
depuis une seconde entrevue à Éphèse, où ,  en se promenant ensemble, Annibal prit 
la place  la plus honorable : Scipion le souffrit, et, sans donner aucun signe de 
mécontentement, il continua  sa promenade. La conversation étant tombée sur  les 
généraux, et Annibal ayant dit qu'Alexandre  était le premier de tous, Pyrrhus le 
second, et lui  le troisième; Scipion lui dit en souriant : « Que diriez-vous donc si je ne 
vous avais pas vaincu? — Alors, Scipion, repartit Annibal, je ne me serais pas nommé 
le troisième, mais le premier. » Le souvenir de ces divers traits, si  admirables 
dans Scipion, faisait encore plus blâmer Flamininus d'avoir porté les mains sur une 
espèce de cadavre qui n'appartenait pas aux Romains.  D'autres pourtant le louaient, 
en disant que tant  qu'Annibal vivait, c'était un feu couvert qui ne  demandait qu'à 
être soufflé, que ce n'était ni son  corps ni son bras qui, dans la force de l'âge,  avaient 
fait trembler les Romains, mais sa capacité  et son expérience, excitées encore par 
l'animosité  et la haine qu'il avait contre eux; sentiments dont  la vieillesse ne 
diminue pas l'activité, parce que le  caractère se montre toujours dans les moeurs, 
que  la fortune ne demeure pas constamment la même,  et que, dans ses continuelles 
vicissitudes, elle appelle par de nouvelles espérances, à de nouvelles  entreprises, 
ceux que la haine porte à faire la  guerre à leurs ennemis. XXXI. Au reste, les 
événements ultérieurs servirent encore davantage à la justification de Flamininus. 
D'un côté on vit un Aristonicus, fils d'un  joueur de lyre, livrer, pour les intérêts 
d'Eumène,  l'Asie en proie aux séditions et aux guerres. D'un  autre côté, Mithridate, 
après les défaites que lui  avaient fait essuyer Sylla et Fimbria, après la  perte de tant 
de généraux et de tant d'armées,  s'était relevé de tous ses désastres, et déployait  
encore, contre Lucullus, les plus grandes feues  par terre et par mer. Annibal n'était 
pas plus  abattu que ne le fut depuis Marius; il avait pour  ami un roi puissant qui 
fournissait abondamment  à son entretien; il avait des rapports fréquents  avec la 
flotte de ce prince, avec ses troupes de  pied et de cheval. Les Romains n'avaient que 
du  mépris pour Marius errant et mendiant dans l'Afrique; ils insultaient même à sa 
misère; et bientôt  après, égorgés, battus de verges dans Rome même,  ils se 
prosternaient devant lui : tant dans cette vie  le présent n'est jamais ni grand ni petit 
par rapport à l'avenir! tant les vicissitudes de l'homme  n'ont d'autre terme que sa fin 
même! Aussi quelques auteurs assurent-ils que Flamininus n'agit  pas en cela de sa 
seule autorité, qu'il fut envoyé  vers Prusias avec Lucius Scipion, et que cette  
ambassade n'avait d'autre objet que de demander  la mort d'Annibal. Comme 
l'histoire ne nous  a offert depuis cette époque aucune action mémorable de 
Flamininus, ni dans la guerre ni dans la  paix, et que sa mort fut douce et tranquille, 
il  ne nous reste plus qu'à le comparer avec Philopémen. 
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