Texte grec :
[41] Τῷ δ' Ἀράτῳ συνῆλθον εἰς Σικυῶνα τῶν Ἀχαιῶν οἱ
πολλοί, καὶ γενομένης ἐκκλησίας ᾑρέθη στρατηγὸς (2)
αὐτοκράτωρ. καὶ περιεστήσατο φρουρὰν ἐκ τῶν ἑαυτοῦ
πολιτῶν, τριάκοντα μὲν ἔτη καὶ τρία πεπολιτευμένος ἐν τοῖς
Ἀχαιοῖς, πεπρωτευκὼς δὲ καὶ δυνάμει καὶ δόξῃ τῶν Ἑλλήνων,
τότε δ' ἔρημος καὶ ἄπορος, συντετριμμένης ὥσπερ ἐπὶ ναυαγίου
τῆς πατρίδος ἐν τοσούτῳ σάλῳ καὶ (3) κινδύνῳ διαφερόμενος.
καὶ γὰρ Αἰτωλοὶ δεομένου βοηθεῖν ἀπείπαντο, καὶ τὴν
Ἀθηναίων πόλιν χάριτι τοῦ Ἀράτου πρόθυμον οὖσαν οἱ περὶ
Εὐρυκλείδην καὶ Μικίωνα (4) διεκώλυσαν. ὄντων δὲ τῷ Ἀράτῳ
καὶ χρημάτων ἐν Κορίνθῳ καὶ οἰκίας, ὁ Κλεομένης ἥψατο μὲν
οὐδενός, οὐδ' ἄλλον εἴασε, μεταπεμψάμενος δὲ τοὺς φίλους
αὐτοῦ καὶ τοὺς διοικητάς, ἐκέλευε πάντα διοικεῖν καὶ
φυλάσσειν (5) ὡς Ἀράτῳ λόγον ὑφέξοντας· ἰδίᾳ δὲ πρὸς αὐτὸν
ἔπεμψε Τρίπυλον καὶ πάλιν Μεγιστόνουν τὸν πατρῳόν,
ὑπισχνούμενος ἄλλα τε πολλὰ καὶ δώδεκα τάλαντα σύνταξιν
ἐνιαύσιον, ὑπερβαλλόμενος τῷ ἡμίσει Πτολεμαῖον· ἐκεῖνος γὰρ
ἓξ τάλαντα τῷ Ἀράτῳ κατ' ἐνιαυτὸν ἀπέστελλεν. (6) ἠξίου δὲ
τῶν Ἀχαιῶν ἡγεμὼν ἀναγορευθῆναι καὶ κοινῇ (7) μετ' αὐτῶν
φυλάσσειν τὸν Ἀκροκόρινθον. τοῦ δ' Ἀράτου φήσαντος, ὡς οὐκ
ἔχοι τὰ πράγματα, μᾶλλον δ' ὑπ' αὐτῶν ἔχοιτο, καὶ
κατειρωνεύσασθαι δόξαντος, ἐμβαλὼν εὐθὺς τὴν Σικυωνίαν
ἐπόρθει καὶ κατέφθειρε, καὶ προσεκάθητο τῇ πόλει τρεῖς
μῆνας, ἐγκαρτεροῦντος τοῦ Ἀράτου καὶ διαποροῦντος, εἰ
δέξεται τὸν Ἀντίγονον ἐπὶ τῷ παραδοῦναι τὸν Ἀκροκόρινθον·
ἄλλως γὰρ οὐκ ἐβούλετο βοηθεῖν.
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Traduction française :
[41] Aratus ne fut pas plutôt arrivé à Sicyone,
que la plupart des Achéens se rendirent auprès de lui
et tinrent une assemblée dans laquelle il fut nommé préteur avec un pouvoir absolu,
et on lui donna une garde composée de ses propres concitoyens. Il y avait trente-trois
ans, qu'il gouvernait la ligue achéenne; et il s'était toujours vu le premier des Grecs
par sa puissance et sa réputation : mais alors, abandonné, pauvre, persécuté, au sein
de la tempête la plus violente, exposé aux plus grands dangers, il flottait sur les
tristes débris du naufrage de sa patrie. Les Étoliens lui refusèrent le secours qu'il leur
avait demandé; et Athènes, qui désirait de lui en donner, en fut empêchée par
Euclide et par Micion. Aratus avait à Corinthe une maison et de grandes sommes
d'argent. Cléomène n'y toucha point, et ne permit à personne d'en rien prendre; il fit
venir les amis et les gens d'affaires d'Aratus, et les chargea d'avoir soin de son bien et
de le garder, pour lui en rendre compte. Il lui envoya secrètement Tripylus et
Mégistonus son beau-père, qui lui portaient de sa part les offres les plus
avantageuses, entre autres, la promesse d'une pension annuelle de douze talents ;
c'était le double de celle de Ptolémée, qui lui en envoyait six tous les ans : il ne
demandait pour cela que d'être nommé commandant des Achéens, et de garder en
commun avec eux la citadelle. Aratus répondit aux envoyés qu'il ne gouvernait pas
les affaires, mais qu'il en était gouverné. Cléomène qui prit cette réponse pour une
défaite, se jeta sur le territoire de Sicyone, qu'il mit à feu et à sang, et resta trois mois
devant la ville. Aratus le souffrit sans rien entreprendre, délibérant s'il recevrait
Antigonus et lui livrerait la citadelle; car ce n'était qu'à cette condition que ce prince
voulait lui donner du secours.
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