Texte grec :
[40] Ἠτρέμει μὲν γὰρ οὐδὲν οὐδ' ἔστεργεν ἐπὶ τοῖς
παροῦσιν, ἀλλὰ καὶ Σικυωνίων αὐτῶν καὶ Κορινθίων ἐγένοντο
πολλοὶ καταφανεῖς διειλεγμένοι τῷ Κλεομένει, καὶ πάλαι πρὸς
τὸ κοινὸν ἰδίων ἐπιθυμίᾳ δυναστειῶν (2) ὑπούλως ἔχοντες. ἐπὶ
τούτους ἐξουσίαν ἀνυπεύθυνον ὁ Ἄρατος λαβών, τοὺς μὲν ἐν
Σικυῶνι διεφθαρμένους ἀπέκτεινε, τοὺς δ' ἐν Κορίνθῳ
πειρώμενος ἀναζητεῖν καὶ κολάζειν, ἐξηγρίαινε τὸ πλῆθος, ἤδη
νοσοῦν καὶ βαρυνό(3)μενον τὴν ὑπὸ τοῖς Ἀχαιοῖς πολιτείαν.
συνδραμόντες οὖν εἰς τὸ τοῦ Ἀπόλλωνος ἱερόν, μετεπέμποντο
τὸν Ἄρατον, (4) ἀνελεῖν ἢ συλλαβεῖν πρὸ τῆς ἀποστάσεως
ἐγνωκότες. ὁ δ' ἧκε μὲν αὐτὸς ἐφελκόμενος τὸν ἵππον, ὡς οὐκ
ἀπιστῶν οὐδ' ὑποπτεύων, ἀναπηδησάντων δὲ πολλῶν καὶ
λοιδορουμένων αὐτῷ καὶ κατηγορούντων, εὖ πως καθεστῶτι τῷ
προσώπῳ καὶ τῷ λόγῳ πράως ἐκέλευε καθίσαι καὶ μὴ βοᾶν
ἀτάκτως ἑστῶτας, ἀλλὰ καὶ τοὺς περὶ θύρας ὄντας εἴσω
παριέναι· καὶ ταῦθ' ἅμα λέγων ὑπεξῄει βάδην ὡς (5)
παραδώσων τινὶ τὸν ἵππον. οὕτως δ' ὑπεκδύς, καὶ τοῖς
ἀπαντῶσι τῶν Κορινθίων ἀθορύβως διαλεγόμενος καὶ κελεύων
πρὸς τὸ Ἀπολλώνιον βαδίζειν, ὡς ἔλαθε πλησίον τῆς ἄκρας
γενόμενος, ἀναπηδήσας ἐπὶ τὸν ἵππον καὶ Κλεοπάτρῳ τῷ
ἄρχοντι τῆς φρουρᾶς διακελευσάμενος ἐγκρατῶς φυλάττειν,
ἀφίππευσεν εἰς Σικυῶνα, τριάκοντα μὲν αὐτῷ στρατιωτῶν
ἑπομένων, τῶν δ' ἄλλων ἐγκατα(6)λιπόντων καὶ διαρρυέντων.
αἰσθόμενοι δ' οἱ Κορίνθιοι μετ' ὀλίγον τὴν ἀπόδρασιν αὐτοῦ καὶ
διώξαντες ὡς οὐ κατέλαβον, μετεπέμψαντο τὸν Κλεομένη καὶ
παρέδοσαν τὴν πόλιν, οὐδὲν οἰομένῳ λαμβάνειν παρ' αὐτῶν
τοσοῦτον, (7) ὅσου διήμαρτον ἀφέντες τὸν Ἄρατον. οὗτος μὲν
οὖν, προσγενομένων αὐτῷ τῶν τὴν λεγομένην Ἀκτὴν
κατοικούντων καὶ τὰς πόλεις ἐγχειρισάντων, ἀπεσταύρου καὶ
περιετείχιζε τὸν Ἀκροκόρινθον.
|
|
Traduction française :
[40] Rien n'y était tranquille,
et personne n'aimait sa situation présente; on découvrit même à Sicyone et
à Corinthe des intelligences nombreuses avec Cléomène. Depuis longtemps des
hommes jaloux de gouverner eux-mêmes étaient secrètement ennemis du bien
public. Aratus, investi contre ces novateurs d'une autorité absolue, fit mourir à
Sicyone tous ceux qui furent convaincus de s'être laissé corrompre. Il voulut
rechercher ensuite les coupables de Corinthe pour les faire punir; mais cette
démarche irrita les habitants, qui, déjà atteints de la même maladie, supportaient
avec peine le gouvernement des Achéens. XLVI. Ils s'assemblèrent dans le temple
d'Apollon, et firent prier Aratus de s'y rendre; résolus, avant de lever l'étendard de la
révolte, ou de le tuer, ou de le retenir prisonnier. Aratus, ne voulant montrer ni
défiance ni soupçon, s'y rendit en conduisant lui-même son cheval par la bride. Dès
qu'il parut, la plupart des Corinthiens, s'élevant contre lui, l'accablèrent d'injures et
lui firent les plus sanglants reproches. Aratus, d'un air tranquille et d'un ton de
douceur, leur dit de se rasseoir, sans pousser ainsi, en se tenant debout, des cris
tumultueux; il fit même entrer ceux qui se tenaient à la porte, et, sans cesser de leur
parler, il s'éloignait peu à peu de la foule, comme pour remettre son cheval à
quelqu'un. Il se dérobait ainsi, sans qu'on soupçonnât son dessein, en continuant de
parler avec calme à tous ceux qu'il rencontrait, et les pressant de se rendre au temple
d'Apollon. Quand il fut près de la citadelle, il sauta sur son cheval, après avoir
ordonné à Cléopâtre, le commandant de la garnison, de garder avec soin la place, et
courut à toute bride vers Sicyone, suivi seulement de trente soldats : tous les autres
l'avaient abandonné, et s'étaient dispersés de côté et d'autre. Les Corinthiens furent
bientôt informés de sa fuite, et se mirent à sa poursuite; mais n'ayant pu l'atteindre,
ils députèrent vers Cléomène, qui se rendit à Corinthe, et qu'ils mirent en possession
de la ville; mais cette aquisition ne lui parut pas un dédommagement du tort qu'ils
lui avaient fait en laissant échapper Aratus. XLVII. Lorsque les habitants de la côte
maritime qu'on appelait Acté se furent joints à Cléomène, et qu'ils lui eurent livré
leurs villes, il fit environner la citadelle d'une muraille et d'une palissade.
|
|