Texte grec :
[25] Ὁρῶν δὲ τοὺς ἀρίστους τῶν προσοίκων
αὐτονομουμένους, Ἀργείοις δὲ δουλεύουσιν ἀχθόμενος,
ἐπεβούλευεν ἀνελεῖν τὸν τύραννον αὐτῶν Ἀριστόμαχον, ἅμα
τῇ τε πόλει θρεπτήρια τὴν ἐλευθερίαν ἀποδοῦναι
φιλο(2)τιμούμενος, καὶ τοῖς Ἀχαιοῖς προσκομίσαι τὴν πόλιν. οἱ
μὲν οὖν τολμῶντες εὑρέθησαν, ὧν Αἰσχύλος προειστήκει καὶ
Χαριμένης ὁ μάντις, ξίφη δ' οὐκ εἶχον, ἀλλ' ἀπείρητο
κεκτῆσθαι, καὶ ζημίαι μεγάλαι τοῖς κεκτημένοις ἐπῆσαν ὑπὸ
τοῦ τυράννου. κατασκευάσας οὖν ὁ Ἄρατος αὐτοῖς ἐν Κορίνθῳ
μικρὰς παραξιφίδας ἐνέρραψεν εἰς σάγματα· καὶ ταῦτα
περιθεὶς ὑποζυγίοις σκεύη τινὰ παρημελημένα (3) κομίζουσιν
εἰς Ἄργος ἀπέστειλε. Χαριμένους δὲ τοῦ μάντεως
προσλαβόντος ἐπὶ τὴν πρᾶξιν ἄνθρωπον, οἱ περὶ τὸν Αἰσχύλον
ἠγανάκτουν καὶ δι' ἑαυτῶν ἔπραττον, τοῦ Χαριμένους
καταγνόντες. αἰσθόμενος δ' ἐκεῖνος ὀργῇ κατεμήνυσε τοὺς
ἄνδρας ἤδη βαδίζοντας ἐπὶ τὸν τύραννον· ὧν οἱ πλεῖστοι
φθάσαντες ἐξ ἀγορᾶς ἀπέφυγον καὶ (4) διεξέπεσον εἰς
Κόρινθον. οὐ μὴν ἀλλὰ χρόνου βραχέος διελθόντος,
ἀποθνῄσκει μὲν ὑπὸ δούλων Ἀριστόμαχος, ὑπολαμβάνει δὲ τὴν
ἀρχὴν φθάσας Ἀρίστιππος, ἐξωλέστερος ἐκείνου τύραννος.
ὅσοι δὴ τῶν Ἀχαιῶν ἐν ἡλικίᾳ παρόντες ἔτυχον, τούτους
ἀναλαβὼν ὁ Ἄρατος ἐβοήθει πρὸς τὴν πόλιν ὀξέως, οἰόμενος
εὑρήσειν τὰ τῶν Ἀργείων πρόθυμα. τῶν δὲ πολλῶν ἤδη διὰ
συνήθειαν ἐθελοδούλως ἐχόντων, καὶ μηδενὸς ἀφισταμένου
πρὸς αὐτόν, ἀνεχώρησεν ἔγκλημα κατεσκευακὼς τοῖς Ἀχαιοῖς,
ὡς ἐν εἰρήνῃ πόλεμον ἐξενηνοχόσι. καὶ δίκην ἔσχον ἐπὶ τούτῳ
παρὰ Μαντινεῦσιν, ἣν Ἀράτου μὴ παρόντος Ἀρί(6)στιππος εἷλε
διώκων, καὶ μνῶν ἐτιμήθη τριάκοντα. τὸν δ' Ἄρατον αὐτὸν ἅμα
καὶ μισῶν καὶ δεδοικώς, ἐπεβούλευεν ἀνελεῖν, συνεργοῦντος
Ἀντιγόνου τοῦ βασιλέως· καὶ πανταχοῦ σχεδὸν ἦσαν οἱ τοῦτο
<συμ>πράττοντες (7) αὐτοῖς καὶ καιρὸν ἐπιτηροῦντες. ἀλλ'
οὐδὲν οἷον ἀληθινὴ καὶ βέβαιος εὔνοια φυλακτήριον ἀνδρὸς
ἄρχοντος. ὅταν γὰρ ἐθισθῶσιν οἵ τε πολλοὶ καὶ οἱ δυνατοὶ μὴ
τὸν ἡγούμενον, ἀλλ' ὑπὲρ τοῦ ἡγουμένου δεδιέναι, πολλοῖς μὲν
ὄμμασιν ὁρᾷ, διὰ πολλῶν δ' ὤτων ἀκούει καὶ προαισθάνεται τὰ
γινόμενα.
(8) Διὸ καὶ βούλομαι τὸν λόγον ἐπιστήσας ἐνταῦθά που
διεξελθεῖν περὶ τῆς Ἀριστίππου διαίτης, ἣν ἡ ζηλοτυπουμένη
τυραννὶς αὐτῷ καὶ ὁ τῆς μακαρίας καὶ περιβοήτου μοναρχίας
ὄγκος περιέθηκεν.
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Traduction française :
[25] XXIX. Aratus voyait les principaux des peuples voisins vivre libres sous leurs
propres lois, et, indigné que les Argiens languissent dans la servitude,
il entreprit de les délivrer de leur tyran Aristomachus;
jaloux d'ailleurs de rendre à Argos la liberté, comme le prix de l'éducation
qu'il y avait reçue, il voulait l'associer à la ligue des Achéens. Il trouva des
Argiens qui osèrent le seconder dans cette entreprise, et qui eurent pour chefs
Eschyle et le devin Charimènes. Mais ils manquaient d'épées ; car il était défendu à
tous les Argiens d'avoir des armes, et le tyran avait établi les plus fortes peines contre
ceux à qui l'on en aurait trouvé. Aratus ayant fait forger à Corinthe de petits
poignards, les cacha dans des ballots de mauvaises hardes, dont on chargea des bêtes
de somme; et les fit partir pour Argos. Mais le devin Charimènes ayant associé un de
ses amis à la conjuration, Eschyle et les autres conjurés en furent si irrités, que, se
séparant de Charimènes, ils poursuivirent seuls leur entreprise. Charimènes s'en
aperçut; et n'écoutant que sa colère, il alla les dénoncer, comme ils partaient déjà
pour aller massacrer le tyran : heureusement la plupart des conjurés eurent le temps
de s'enfuir de la place publique et de se sauver à Corinthe. XXX. Cependant
Aristomachus fut tué, peu de temps après, par ses propres domestiques : mais un
autre tyran, plus cruel encore que ce dernier, nommé Aristippe, prévient les mesures
des Argiens, et s'empare de la tyrannie. Aratus, se mettant à la tête de tous ceux des
Achéens qui étaient en âge de porter les armes, marche promptement au secours
d'Argos, persuadé qu'il trouverait toujours les habitants disposés à le recevoir. Mais
l'habitude avait rendu leur esclavage volontaire; et personne ne s'étant déclaré pour
lui, il se retira, sans autre effet de son expédition que d'attirer aux Achéens le
reproche d'avoir fait en pleine paix un acte d'hostilité, et de les voir cités en justice
devant les Mantinéens. La cause ayant été plaidée sans qu'Aratus comparût,
Aristippe la poursuivit avec chaleur, et fit condamner les Achéens à une amende de
trente mines. Depuis ce moment; Aristippe, qui déjà haïssait Aratus autant qu'il le
craignait, chercha les moyens de le faire périr, et fit secondé dans sa vengeance par
Antigonus. Ils avaient partout des gens apostés qui épiaient l'occasion d'exécuter
leur complot; mais il n'est pas pour un chef de garde plus sûre que l'affection ferme
et sincère de ceux qu'il commande. Quand le peuple et les grands se sont accoutumés
à ne pas craindre leur chef, mais à craindre pour lui, toutes les oreilles, tous les yeux
sont ouverts pour veiller à sa sûreté, et il est bientôt instruit de tout ce qui se passe.
XXXI. Je veux, à cette occasion, interrompre un moment le fil de ma narration, pour
faire connaître le genre de vie auquel Aristippe s'était réduit par l'amour de cette
tyrannie si enviée, de cette autorité absolue dont on vante tant le bonheur.
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