Texte grec :
[19] Ὁ δ' Ἄρατος ἐκείνοις μὲν ἑξήκοντα τάλαντα δώσειν
κατορθώσας ὡμολόγησεν, ἢν δ' ἀποτύχῃ, σωθῇ δὲ μετ' (2)
ἐκείνων, οἰκίαν ἑκατέρῳ καὶ τάλαντον. ἐπεὶ δ' ἔδει παρὰ τῷ
Αἰγίᾳ τὰ ἑξήκοντα τάλαντα κεῖσθαι τοῖς περὶ τὸν Ἐργῖνον, ὁ δ'
Ἄρατος οὔτ' αὐτὸς εἶχεν οὔτ' ἐβούλετο δανειζόμενος αἴσθησιν
ἑτέρῳ τῆς πράξεως παρασχεῖν, λαβὼν τῶν ἐκπωμάτων τὰ
πολλὰ καὶ τὰ χρυσία τῆς γυναικὸς ὑπέθηκε τῷ Αἰγίᾳ πρὸς τὸ
ἀργύριον. (ὁ δὲ) (3) οὕτω γὰρ ἐπῆρτο τῇ ψυχῇ, καὶ τοσοῦτον
ἔρωτα τῶν καλῶν πράξεων εἶχεν, ὥστε τὸν Φωκίωνα καὶ τὸν
Ἐπαμεινώνδαν ἐπιστάμενος Ἑλλήνων δικαιοτάτους καὶ
κρατίστους γεγονέναι δοκοῦντας ἐπὶ τῷ διώσασθαι δωρεὰς
μεγάλας καὶ μὴ προέσθαι χρημάτων τὸ καλόν, αὐτὸς εἰς ταῦτα
δαπανᾶσθαι κρύφα καὶ προεισφέρειν, ἐν οἷς ἐκινδύνευε μόνος
ὑπὲρ πάντων οὐδ' εἰδότων τὰ πραττόμενα, <προ>(4)ῃρεῖτο. τίς
γὰρ οὐκ ἂν θαυμάσειε καὶ συναγωνίσαιτ' ἔτι νῦν τῇ
μεγαλοψυχίᾳ τοῦ ἀνδρός, ὠνουμένου χρημάτων τοσούτων
κίνδυνον τηλικοῦτον καὶ τὰ τιμιώτατα δοκοῦντα τῶν κτημάτων
ὑποτιθέντος, ὅπως παρεισαχθεὶς νυκτὸς εἰς τοὺς πολεμίους
διαγωνίσηται περὶ τῆς ψυχῆς, ἐνέχυρον λαβὼν τὴν ἐλπίδα τοῦ
καλοῦ παρ' αὐτῶν, ἄλλο δ' οὐδέν;
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Traduction française :
[19] XXI. Aratus promit de leur donner soixante talents si l'entreprise réussissait; si au
contraire elle manquait, et qu'il se sauvât avec eux, il s'engageait à leur donner à chacun une
maison et un talent. Comme les soixante talents devaient être déposés chez Égias
pour la sûreté d'Erginus, et qu'Aratus, qui ne les avait pas alors, ne voulait pas les
emprunter, de peur de faire soupçonner son dessein, il mit en gage, chez le banquier,
la plus grande partie de sa vaisselle et des bijoux de sa femme. Plein de grandeur
d'âme, épris de l'amour du beau et de l'honnête, et sachant qu'Épaminondas et
Phocion avaient passé pour les plus justes et les plus vertueux des Grecs, parce qu'ils
avaient refusé tous les présents qu'on voulait leur faire, et n'avaient pas rendu leur
probité vénale, il alla plus loin encore, et dépensa secrètement son bien à cette
entreprise, malgré le danger auquel il s'exposait seul pour ses concitoyens, qui ne
savaient même pas ce qu'il faisait pour eux. Qui n'admirera une telle magnanimité?
Qui encore aujourd'hui ne prendra un vif intérêt aux actions d'un homme qui
achète si chèrement un si grand péril, qui engage ce qu'il a de plus précieux pour se
faire mener, pendant la nuit, au milieu des ennemis, et y combattre pour sa propre
vie, sans d'autre gage que l'espérance d'une belle action?
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