Texte grec :
[15] Ταῦτα διαπραξάμενος ὁ Ἄρατος τοῦ μὲν πολιτικοῦ
φθόνου μείζων ἐγεγόνει διὰ τὰς χάριτας· Ἀντίγονος δ' ὁ
βασιλεὺς ἀνιώμενος ἐπ' αὐτῷ, καὶ βουλόμενος ἢ μετάγειν ὅλως
τῇ φιλίᾳ πρὸς αὑτὸν ἢ διαβάλλειν πρὸς τὸν Πτολεμαῖον, ἄλλας
τε φιλανθρωπίας ἐνεδείκνυτο μὴ πάνυ προσιεμένῳ, καὶ θύων
θεοῖς ἐν Κορίνθῳ μερίδας (2) εἰς Σικυῶνα τῷ Ἀράτῳ διέπεμπε.
καὶ παρὰ τὸ δεῖπνον ἑστιωμένων πολλῶν εἰς μέσον
φθεγξάμενος "ᾤμην" ἔφη "τὸν Σικυώνιον τοῦτον νεανίσκον
ἐλευθέριον εἶναι τῇ φύσει μόνον καὶ φιλοπολίτην· ὁ δὲ καὶ βίων
ἔοικε καὶ (3) πραγμάτων βασιλικῶν ἱκανὸς εἶναι κριτής.
πρότερον γὰρ ἡμᾶς ὑπερεώρα, ταῖς ἐλπίσιν ἔξω βλέπων, καὶ
τὸν Αἰγύπτιον ἐθαύμαζε πλοῦτον, ἐλέφαντας καὶ στόλους καὶ
αὐλὰς ἀκούων, νυνὶ δ' ὑπὸ σκηνὴν ἑωρακὼς πάντα τὰ ἐκεῖ
πράγματα τραγῳδίαν ὄντα καὶ σκηνογραφίαν, ὅλος ἡμῖν
προσκεχώρηκεν. αὐτός τ' οὖν ἀποδέχομαι τὸ μειράκιον
ἐγνωκὼς εἰς ἅπαντα χρῆσθαι, καὶ ὑμᾶς ἀξιῶ φίλον (4)
νομίζειν." τούτους τοὺς λόγους ὑπόθεσιν λαβόντες οἱ φθονεροὶ
καὶ κακοήθεις, διημιλλῶντο ταῖς ἐπιστολαῖς <πρὸς> ἀλλήλους,
πολλὰ καὶ δυσχερῆ κατὰ τοῦ Ἀράτου τῷ Πτολεμαίῳ
γράφοντες, ὥστε κἀκεῖνον ἐγκαλοῦντα (5) πέμψαι. ταῖς μὲν οὖν
περιμαχήτοις καὶ διαπύρῳ τοξευομέναις ἔρωτι φιλίαις
βασιλέων καὶ τυράννων τοσοῦτον προσῆν φθόνου καὶ κακοηθείας.
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Traduction française :
[15] XVI. Les grands bienfaits dont Aratus avait comblé ses concitoyens
le firent triompher de leur envie; mais le roi Antigonus, jaloux de sa
gloire, et voulant ou l'attirer tout à fait à son parti, ou le rendre suspect à Ptolémée,
lui donna des marques singulières d'affection qu'Aratus n'avait pas recherchées. Une
fois entre autres qu'il avait fait un sacrifice à Corinthe, il lui envoya à Sicyone des
portions de la victime ; et pendant le festin, où les convives étaient nombreux, il dit
tout haut : « J'avais cru que ce jeune Sicyonien n'avait qu'une franchise généreuse, et
n'aimait que la liberté de sa patrie; mais je vois aujourd'hui qu'il juge très bien des
caractères et de la conduite des princes. Il avait d'abord fait peu de cas de nous; et,
portant ses espérances hors de la Grèce, il admirait les richesses de l'Égypte, dont on
lui vantait les éléphants, les flottes, et la cour fastueuse. Maintenant qu'il a vu
l'intérieur de la scène, et qu'il a reconnu que tout cet éclat n'est qu'une vaine
décoration de théâtre, il s'est tourné vers nous : aussi j'accueille avec plaisir ce jeune
homme, résolu de l'employer en toute occasion; et je vous prie de le regarder comme
votre ami. » Ces mots, recueillis avec soin par les malins et les envieux, leur
fournirent un prétexte d'écrire à Ptolémée, à l'envi les uns des autres, afin de lui
donner contre Aratus des préventions fâcheuses; le roi d'Égypte lui envoya même
quelqu'un pour se plaindre de sa conduite. Ainsi, dans les amitiés si ardentes de ces
rois qui, tels que des amants jaloux, se disputaient si vivement Aratus, il entrait
beaucoup d'envie et de malignité.
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