Texte grec :
[54] Ἀλλὰ γὰρ ὁ μὲν πρεσβύτερος Ἄρατος οὕτω βιῶσαι
καὶ τοιοῦτος γενέσθαι τὴν φύσιν ἱστορεῖται. τὸν δ' υἱὸν αὐτοῦ
μιαρὸς ὢν φύσει καὶ μετ' ὠμότητος ὑβριστὴς ὁ Φίλιππος οὐ
θανασίμοις, ἀλλὰ μανικοῖς ἐξέστησε (3) τοῦ λογισμοῦ
φαρμάκοις, καὶ παρέτρεψεν εἰς δεινὰς καὶ ἀλλοκότους
ἐπιφοράς, πράξεων ἀτόπων καὶ σὺν αἰσχύνῃ παθῶν ὀλεθρίων
ὀρεγόμενον, ὥστε τὸν θάνατον αὐτῷ, καίπερ ὄντι νέῳ καὶ
ἀνθοῦντι, μὴ συμφοράν, ἀλλ' ἀπόλυσιν κακῶν καὶ σωτηρίαν
γενέσθαι.
(4) Δίκας γε μὴν ὁ Φίλιππος οὐ μεμπτὰς Διὶ ξενίῳ καὶ (5)
φιλίῳ τῆς ἀνοσιουργίας ταύτης τίνων διετέλεσε.
καταπολεμηθεὶς μὲν γὰρ ὑπὸ Ῥωμαίων, ἐπέτρεψεν ἐκείνοις τὰ
καθ' αὑτόν, ἐκπεσὼν δὲ τῆς ἄλλης ἀρχῆς καὶ τὰς ναῦς πλὴν
πέντε πάσας προέμενος καὶ χίλια προσεκτείσειν ὁμολογήσας
τάλαντα καὶ τὸν υἱὸν ὁμηρεύσοντα παραδούς, δι' οἶκτον ἔτυχε
Μακεδονίας καὶ τῶν συντελούντων. (6) ἀποκτείνων δ' ἀεὶ τοὺς
ἀρίστους καὶ συγγενεστάτους, φρίκης ἐνέπλησε καὶ μίσους
ὅλην τὴν βασιλείαν πρὸς αὑτόν. (7) ἓν δὲ μόνον ἐν τοσούτοις
κακοῖς εὐτύχημα κτησάμενος, υἱὸν ἀρετῇ διαφέροντα, τοῦτον
φθόνῳ καὶ ζηλοτυπίᾳ τῆς παρὰ Ῥωμαίοις τιμῆς ἀνεῖλε, Περσεῖ
δὲ θατέρῳ τὴν ἀρχὴν παρέδωκεν, ὃν οὐ γνήσιον, ἀλλ'
ὑπόβλητον εἶναί (8) φασιν, ἐκ Γναθαινίου τινὸς ἀκεστρίας
γενόμενον. τοῦτον Αἰμίλιος ἐθριάμβευσε· καὶ κατέστρεψεν
ἐνταῦθα τῆς Ἀντιγονικῆς βασιλείας ἡ διαδοχή. τὸ δ' Ἀράτου
γένος ἔν τε <τῇ> Σικυῶνι καὶ τῇ Πελλήνῃ διέμεινε καθ' ἡμᾶς.
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Traduction française :
[54] LX. Voilà, de l'aveu de tous les historiens, quels furent le caractère
et la vie d'Aratus. Pour son fils, le roi Philippe, qui, né avec un
coeur pervers, aimait à joindre l'outrage à la cruauté, lui fit donner aussi de ces
poisons qui, sans être mortels, font perdre la raison et jettent dans la démence. Son
esprit en fut tellement aliéné, qu'il n'entreprenait que des choses horribles, et ne se
portait qu'à commettre des actions infâmes, qu'à satisfaire les passions les plus
honteuses et les plus funestes : aussi, quoiqu'il fût encore à la fleur de l'âge, la mort
fut moins un malheur pour lui qu'un affranchissement de ses maux et une véritable
liberté. Mais Philippe, pendant tout le reste de sa vie, paya à Jupiter, protecteur de
l'hospitalité et de l'amitié violées, la juste peine de ses actions impies. Vaincu par les
Romains, obligé de se remettre à leur discrétion, il fut privé de toutes ses conquêtes,
forcé de livrer tous ses vaisseaux à l'exception de cinq, de payer une amende de mille
talents, de donner son fils en otage; et ils ne dut qu'à la pitié des vainqueurs de
conserver la Macédoine et ses dépendances. Là, continuant d'immoler à sa cruauté
les hommes les plus vertueux, et ceux même de sa famille, il devint l'objet de la haine
et de l'horreur de tout son royaume. Le seul bonheur qui lui restât dans une situation
si affreuse était un fils d'une vertu rare : jaloux des honneurs que les Romains lui
rendaient, il le fit mourir. Il laissa le royaume à Persée, qui n'était pas, dit-on, son fils
légitime, mais supposé, et né d'une couturière nommée Gnathênium. C'est celui dont
Paul Émile triompha, et en qui finit la race d'Antigonus; au contraire, la postérité
d'Aratus subsiste encore de nos jours à Sicyone et à Pallène.
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