HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Aratus

ἐκεῖνος



Texte grec :

[50] Οὕτω δὲ δεινὸν ἔργον ἐξειργασμένου τοῦ Φιλίππου καὶ συγκρούοντος ἔτι μᾶλλον ἑαυτοῖς τοὺς Μεσσηνίους, ἐπελθὼν ὁ Ἄρατος αὐτός τε δῆλος ἦν φέρων βαρέως, καὶ τὸν υἱὸν ἐπιτιμῶντα πικρῶς τῷ Φιλίππῳ καὶ λοιδορούμενον οὐκ ἐκώλυσεν. ἐδόκει δ' ὁ νεανίσκος ἐρᾶν τοῦ Φιλίππου, καὶ τότε λέγων εἶπε πρὸς αὐτόν, ὡς οὐδὲ καλὸς ἔτι φαίνοιτο τὴν ὄψιν αὐτῷ τοιαῦτα δράσας, ἀλλὰ πάντων (3) αἴσχιστος. ὁ δὲ Φίλιππος ἐκείνῳ μὲν οὐδὲν ἀντεῖπε, καίπερ ἐπίδοξος ὢν ὑπ' ὀργῆς καὶ πολλάκις ἐξυλακτήσας λέγοντος αὐτοῦ, τὸν δὲ πρεσβύτερον, ὡς ἐνηνοχὼς πράως τὰ λεχθέντα καί τις ὢν μέτριος καὶ πολιτικὸς τὴν φύσιν, ἀνέστησεν ἐκ τοῦ θεάτρου τὴν δεξιὰν ἐμβαλὼν καὶ προῆγεν εἰς τὸν Ἰθωμάταν, τῷ τε Διὶ θύσων καὶ (4) θεωρήσων τὸν τόπον. ἔστι γὰρ οὐχ ἧττον εὐερκὴς τοῦ Ἀκροκορίνθου, καὶ λαβὼν φρουρὰν γίνεται χαλεπὸς καὶ (5) δυσεκβίαστος τοῖς παροικοῦσιν. ἀναβὰς δὲ καὶ θύσας, ὡς προσήνεγκεν αὐτῷ τὰ σπλάγχνα τοῦ βοὸς ὁ μάντις, ἀμφοτέραις ταῖς χερσὶν ὑπολαβὼν ἐδείκνυε τῷ τ' Ἀράτῳ καὶ τῷ Φαρίῳ Δημητρίῳ, παρὰ μέρος ἀποκλίνων εἰς ἑκάτερον καὶ πυνθανόμενος, τί καθορῶσιν ἐν τοῖς ἱεροῖς, κρατοῦντα τῆς ἄκρας αὐτὸν ἢ τοῖς Μεσσηνίοις (6) ἀποδιδόντα. γελάσας οὖν ὁ Δημήτριος "εἰ μὲν" ἔφη "μάντεως ἔχεις ψυχήν, ἀφήσεις τὸν τόπον· εἰ δὲ βασιλέως, ἀμφοτέρων τῶν κεράτων τὸν βοῦν καθέξεις", αἰνιττόμενος τὴν Πελοπόννησον, ὡς, εἰ προσλάβοι τὸν Ἰθωμάταν τῷ Ἀκροκορίνθῳ, παντάπασιν ἐσομένην ὑπο(7)χείριον καὶ ταπεινήν. ὁ δ' Ἄρατος ἐπὶ πολὺ μὲν ἡσύχαζε, δεομένου δὲ τοῦ Φιλίππου τὸ φαινόμενον λέγειν, "πολλὰ μὲν" εἶπεν "ὦ Φίλιππε Κρητῶν ὄρη καὶ μεγάλα, πολλαὶ δὲ Βοιωτῶν ἄκραι καὶ Φωκέων ἐκπεφύκασι τῆς γῆς· εἰσὶ δέ που πολλοὶ καὶ τῆς Ἀκαρνάνων, τοῦτο μὲν χερσαῖοι, τοῦτο δ' ἔναλοι τόποι, θαυμαστὰς ὀχυρότητας (8) ἔχοντες. ἀλλ' οὐδένα τούτων κατείληφας, καὶ πάντες ἑκουσίως σοι ποιοῦσι τὸ προστασσόμενον. λῃσταὶ γὰρ ἐμφύονται πέτραις καὶ κρημνῶν περιέχονται, βασιλεῖ δὲ πίστεως καὶ χάριτος ἰσχυρότερον οὐδὲν οὐδ' ὀχυρώτερον. ταῦτά σοι τὸ Κρητικὸν ἀνοίγει πέλαγος, ταῦτα τὴν Πελοπόννησον, ἀπὸ τούτων ὁρμώμενος σὺ τοσοῦτος ἡλικίαν τῶν μὲν ἡγεμών, τῶν δὲ κύριος ἤδη καθέστηκας." (10) ἔτι <δὲ> λέγοντος αὐτοῦ, τὰ μὲν σπλάγχνα τῷ μάντει παρέδωκεν ὁ Φίλιππος, ἐκεῖνον δὲ τῆς χειρὸς ἐπισπασάμενος "δεῦρο τοίνυν" ἔφη "τὴν αὐτὴν ὁδὸν ἴωμεν", ὥσπερ ἐκβεβιασμένος ὑπ' αὐτοῦ καὶ τὴν πόλιν ἀφῃρημένος.

Traduction française :

[50] Philippe, par une conduite si indigne, ayant augmenté la division des Messéniens, Aratus, en arrivant à Messène, laissa paraître tout son mécontentement, et n'imposa pas silence à son fils qui en faisait à ce prince les plus sanglants reproches. Ce jeune homme, qui, à ce qu'il paraît, aimait Philippe, lui dit alors qu'il ne le trouvait plus beau depuis qu'il s'était si mal conduit, et qu'il lui paraissait le plus laid des hommes. On s'attendait que Philippe, qui, pendant qu'Aratus lui parlait ainsi, s'était récrié plusieurs fois, lui répondrait d'un ton irrité : mais il garda le silence, et comme s'il eût pris modérément les reproches du jeune Aratus, et qu'il fût naturellement doux et honnête, il prit le vieux Aratus par la main, l'emmena hors du théâtre, vers la citadelle d'Ithome, pour y sacrifier à Jupiter, et visiter cette place, qui, étant aussi forte que la citadelle de Corinthe, et munie d'une bonne garnison, aurait été très incommode aux pays voisins, et presque imprenable. LVI. Lorsque Philippe y fut monté, et qu'il eut fait le sacrifice, le devin lui présenta les entrailles du boeuf qu'on venait d'immoler : le roi les prit dans ses mains; et les montrant à Aratus et à Démétrius de Phare, en se penchant tour à tour vers l'un et vers l'autre, il leur demanda si, d'après ce qu'ils voyaient dans les entrailles de la victime, ils jugeaient qu'il dût garder la citadelle, ou la rendre aux Messéniens. « Si vous avez l'âme d'un devin, lui dit en riant Démétrius, vous la rendrez; si vous avez l'âme d'un roi, vous retiendrez le boeuf par les deux cornes". Il désignait par le boeuf le Péloponèse, et il lui faisait entendre que s'il occupait à la fois la citadelle d'Ithome et celle de Corinthe, il tiendrait tout le Péloponèse dans sa dépendance. Aratus restait sans rien dire; mais enfin pressé par Philippe de dire son sentiment : « Philippe, lui dit-il, il y a dans la Crète plusieurs montagnes fort élevées, la Béotie et la Phocide ont un grand nombre de forteresses bâties sur des rochers escarpés; il est aussi dans l'Acarnanie, soit au milieu des terres, soit sur les côtes, plusieurs châteaux très bien fortifiés : vous n'en avez pris aucun de force, et cependant ils font tous volontairement ce que vous leur commandez. C'est aux brigands à se renfermer dans des rochers, à s'entourer de précipices ; mais un roi n'a pas de forteresse plus sûre et mieux défendue que la confiance et l'amour de ses sujets. C'est là ce qui vous a ouvert la mer de Crète; c'est ce qui vous a introduit dans le Péloponèse, c'est enfin par là que, malgré votre jeunesse, vous êtes le chef des uns et le maître des autres". Il parlait encore, lorsque Philippe remit au devin les entrailles de la victime; et prenant Aratus par la main : « Reprenons donc, lui dit-il, le chemin par où nous sommes venus. » Il faisait entendre que les représentations d'Aratus lui avaient fait une sorte de violence, et lui avaient arraché la citadelle des mains.





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Dernière mise à jour : 20/09/2007