Texte grec :
[48] Καὶ τότε πρῶτον Ἀπελλοῦ καὶ Μεγαλέου καί τινων
αὐλικῶν ἄλλων διαβαλλόντων τὸν Ἄρατον, ἀναπεισθεὶς ὁ
βασιλεὺς καὶ συναρχαιρεσιάσας τοῖς ἀπὸ τῆς ἐναντίας
στάσεως, ἐσπούδασε τοὺς Ἀχαιοὺς ἑλέσθαι (2) στρατηγὸν
Ἐπήρατον. ὡς δ' ἐκείνου μὲν καταφρονουμένου τελέως ὑπὸ τῶν
Ἀχαιῶν, τοῦ δ' Ἀράτου παραμελοῦντος, ἐγίνετο τῶν χρησίμων
οὐδέν, ἔγνω διαμαρ(3)τάνων τοῦ παντὸς ὁ Φίλιππος. καὶ
ἀνακρουσάμενος αὖθις ἐπὶ τὸν Ἄρατον, ὅλος ἦν ἐκείνου, καὶ
τῶν πραγμάτων αὐτῷ πρός τε δύναμιν καὶ πρὸς εὐδοξίαν
ἐπιδιδόντων, ἐξήρτητο τοῦ ἀνδρός, ὡς δι' ἐκεῖνον εὐδοκιμῶν καὶ
(4) αὐξόμενος· ἐδόκει τε πᾶσιν ὁ Ἄρατος οὐ μόνον δημοκρατίας,
ἀλλὰ καὶ βασιλείας ἀγαθὸς εἶναι παιδαγωγός· (5) ἡ γὰρ
προαίρεσις αὐτοῦ καὶ τὸ ἦθος ὡς χρῶμα ταῖς πράξεσι τοῦ
βασιλέως ἐπεφαίνετο. καὶ γὰρ ἡ πρὸς Λακεδαιμονίους
ἁμαρτόντας μετριότης τοῦ νεανίσκου, καὶ ἡ πρὸς Κρῆτας
ὁμιλία δι' ἧς ὅλην προσηγάγετο τὴν νῆσον ἡμέραις ὀλίγαις, ἥ τε
πρὸς Αἰτωλοὺς στρατεία γενομένη θαυμαστῶς ἐνεργός,
εὐπειθείας μὲν τῷ Φιλίππῳ δόξαν, (6) εὐβουλίας δὲ τῷ Ἀράτῳ
προσετίθει. καὶ διὰ ταῦτα μᾶλλον οἱ βασιλικοὶ φθονοῦντες, ὡς
οὐδὲν ἐπέραινον κρύφα διαβάλλοντες, ἀναφανδὸν
ἐλοιδοροῦντο καὶ προσέκρουον αὐτῷ παρὰ τοὺς πότους μετὰ
πολλῆς ἀσελγείας καὶ βωμολοχίας· ἅπαξ δὲ καὶ λίθοις
βάλλοντες ἀπιόντα εἰς τὴν (7) σκηνὴν μετὰ τὸ δεῖπνον
κατεδίωξαν. ἐφ' οἷς ὁ Φίλιππος ὀργισθείς, εὐθὺς μὲν αὐτοὺς
ἐζημίωσεν εἴκοσι ταλάντοις, ὕστερον δὲ λυμαίνεσθαι τὰ
πράγματα καὶ ταράττειν δοκοῦντας ἀπέκτεινεν.
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Traduction française :
[48] Mais il fut à peine arrivé,
qu'écoutant les calomnies d'Apelle, de Mégaléus, et de quelques autres courtisans,
contre Aratus, il favorisa dans les élections la faction opposée à ce dernier, et
persuada aux Achéens d'élire pour préteur Épératus. Ce nouveau général étant
bientôt tombé dans le plus profond mépris, et Aratus n'ayant plus voulu se mêler des
affaires, rien ne réussissait aux Achéens. Philippe sentit alors le tort qu'il avait eu; et
revenant à Aratus, il s'abandonna tout entier à lui. Dès ce moment, il vit prospérer
ses affaires; sa puissance et sa réputation s'accrurent tous les jours : il ne voulut donc
plus rien faire que par le conseil d'Aratus, comme étant le seul homme à qui il dût sa
grandeur et sa gloire. Aratus montra dans cette occasion qu'il était capable de
conduire, non seulement un gouvernement populaire, mais encore une monarchie ;
car la droiture de ses vues et la sagesse de ses moeurs brillèrent dans toutes les
actions de ce jeune prince, comme une couleur vive qui en relevait l'éclat. En effet, la
modération de Philippe à l'égard des Spartiates coupables envers lui, la conduite
sage qu'il tint avec les Crétois, et qui lui gagna en peu de jours toute leur île, son
expédition contre les Étoliens, qui eut un succès admirable, lui acquirent la
réputation d'un prince docile aux bons conseils, et méritèrent à Aratus celle d'un
magistrat capable de les donner. Aussi les courtisans de Philippe, dont la jalousie ne
faisait qu'augmenter chaque jour, voyant qu'ils ne gagnaient rien par leurs calomnies
secrètes, commencèrent à l'insulter ouvertement, à lui dire à table les paroles les plus
piquantes et les plus outrageantes. Un jour même, comme il se retirait dans sa tente
après souper, ils le poursuivirent à coups de pierres. Philippe, irrité de cette
insolence, les condamna d'abord à une amende de vingt talents; et comme ils
continuaient à brouiller et à ruiner ses affaires, il les fit punir de mort.
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