Texte grec :
[44] Ἐν δὲ ταῖς Πηγαῖς δόντες καὶ λαβόντες ὅρκους, εὐθὺς
ἐβάδιζον ἐπὶ τοὺς πολεμίους. καὶ περὶ τὴν <Κορινθίων> πόλιν
ἀγῶνες ἦσαν, εὖ πεφραγμένου τοῦ Κλεομένους (2) καὶ τῶν
Κορινθίων ἀμυνομένων προθύμως. ἐν τούτῳ δ' Ἀριστοτέλης ὁ
Ἀργεῖος φίλος ὢν Ἀράτου διαπέμπεται κρύφα πρὸς αὐτόν, ὡς
ἀποστήσων τὴν πόλιν, εἰ στρατιώτας (3) ἐκεῖνος ἔχων ἔλθοι.
τοῦ δ' Ἀράτου φράσαντος τῷ Ἀντιγόνῳ καὶ μετὰ χιλίων καὶ
πεντακοσίων εἰς Ἐπίδαυρον ἐξ Ἰσθμοῦ πλοίοις κομιζομένου
κατὰ τάχος, οἱ μὲν Ἀργεῖοι προεξαναστάντες ἐπέθεντο τοῖς τοῦ
Κλεομένους καὶ κατέκλεισαν εἰς τὴν ἀκρόπολιν, ὁ δὲ
Κλεομένης πυθόμενος ταῦτα, καὶ δείσας μὴ κατασχόντες οἱ
πολέμιοι τὸ Ἄργος ἀποκόψωσιν αὐτὸν τῆς οἴκαδε σωτηρίας,
ἐκλιπὼν τὸν (4) Ἀκροκόρινθον ἔτι νυκτὸς ἐβοήθει. καὶ
παρελθὼν μὲν εἰς Ἄργος ἔφθη καὶ τροπήν τινα τῶν πολεμίων
ἐποίησεν, ὀλίγῳ δ' ὕστερον Ἀράτου προσφερομένου καὶ τοῦ
βασιλέως ἐπιφαινομένου μετὰ τῆς δυνάμεως, ἀπεχώρησεν εἰς
(5) Μαντίνειαν. ἐκ τούτου τοῖς μὲν Ἀχαιοῖς πάλιν αἱ πόλεις
ἅπασαι προσεχώρησαν, Ἀντίγονος δὲ τὸν Ἀκροκόρινθον
παρέλαβεν, Ἄρατος δὲ στρατηγὸς αἱρεθεὶς ὑπ' Ἀργείων,
ἔπεισεν αὐτοὺς Ἀντιγόνῳ τά τε τῶν τυράννων καὶ τὰ τῶν
προδοτῶν χρήματα δωρεὰν δοῦναι.
(6) Τὸν δ' Ἀριστόμαχον ἐν Κεγχρεαῖς στρεβλώσαντες
κατεπόντισαν, ἐφ' ᾧ καὶ μάλιστα κακῶς ἤκουσεν ὁ Ἄρατος, ὡς
ἄνθρωπον οὐ πονηρόν, ἀλλὰ καὶ κεχρημένον ἐκείνῳ καὶ
πεπεισμένον ἀφεῖναι τὴν ἀρχὴν καὶ προσαγαγεῖν τοῖς Ἀχαιοῖς
τὴν πόλιν, ὅμως περιιδὼν παρανόμως ἀπολόμενον.
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Traduction française :
[44] L. Ils étaient alors tous deux à Pèges, où, après avoir prêté les serments
réciproques, ils marchèrent contre les ennemis. Il se livra plusieurs
combats autour de Corinthe, où Cléomène s'était fortifié; et les Corinthiens s'y
défendirent avec beaucoup de valeur. Cependant Aristote d'Argos, ami d'Aratus, lui
fit dire secrètement qu'il engagerait la ville à se déclarer pour lui, s'il s'en approchait
avec des troupes. Aratus communiqua cet avis à Antigonus, qui lui donna sur-le-champ
quinze cents hommes, avec lesquels Aratus s'embarqua dans un des ports de
l'isthme, et arriva promptement à Épidaure. Les Argiens n'attendirent pas son arrivée
pour attaquer les troupes de Cléomène; ils les forcèrent de s'enfermer dans la
citadelle. Au premier bruit qu'en eut Cléomène, il craignit que les ennemis, en se
rendant maîtres d'Argos, ne lui coupassent la retraite vers Lacédémone :
abandonnant donc la citadelle de Corinthe, il marcha la nuit même au secours des
siens, prévint l'arrivée d'Aratus à Argos, et mit d'abord en fuite quelques troupes
ennemies; mais Aratus étant arrivé bientôt après, et le roi ayant paru presque en
même temps avec son armée, Cléomène se retira à Mantinée. Dès lors toutes les villes
du Péloponèse entrèrent dans la ligue des Achéens; Antigonus reprit la citadelle de
Corinthe, et Aratus, élu général des Argiens, leur persuada d'abandonner à
Antigonus les biens des tyrans et ceux des traîtres. Les Argiens, après avoir mis
Aristomachus à la torture, dans la ville de Cenchrée, le précipitèrent dans la mer.
LI. Aratus fut blâmé de cette mort : on lui reprocha d'avoir laissé périr
injustement un homme qui n'était pas méchant, avec lequel il avait eu de fréquents
rapports, qui même, à sa persuasion, avait abdiqué la tyrannie, et uni sa ville à la
ligue achéenne.
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