[47] Τελευτήσαντος δ' Ἀντιγόνου, καταφρονήσαντες
Αἰτωλοὶ τῶν Ἀχαιῶν διὰ τὴν ῥᾳθυμίαν -- ἐθισθέντες γὰρ
ἀλλοτρίαις σῴζεσθαι χερσὶ καὶ τοῖς Μακεδόνων ὅπλοις αὑτοὺς
ὑπεσταλκότες, ἐν ἀργίᾳ πολλῇ καὶ ἀταξίᾳ διῆγον -- (2)
ἐπέθεντο τοῖς κατὰ Πελοπόννησον πράγμασι· καὶ τὴν μὲν
Πατρέων καὶ Δυμαίων λεηλασίαν ὁδοῦ πάρεργον (3)
ἐποιήσαντο, τὴν δὲ Μεσσήνην ἐμβαλόντες ἐπόρθουν. ἐφ' οἷς ὁ
Ἄρατος ἀγανακτῶν, καὶ τὸν στρατηγοῦντα τότε τῶν Ἀχαιῶν
Τιμόξενον ὁρῶν ὀκνοῦντα καὶ διατρίβοντα τὸν χρόνον, ἤδη τῆς
στρατηγίας αὐτῷ τελευτώσης, αὐτὸς ᾑρημένος ἄρχειν μετ'
ἐκεῖνον προέλαβεν ἡμέραις πέντε (4) τὴν ἀρχὴν ἕνεκα τοῦ
βοηθῆσαι Μεσσηνίοις. καὶ συναγαγὼν τοὺς Ἀχαιούς, τοῖς τε
σώμασιν ἀγυμνάστους ὄντας καὶ ταῖς διανοίαις ἐκλελυμένους
πρὸς τὸν πόλεμον, ἡττᾶται (5) περὶ Καφύας· καὶ θυμικώτερον
ἐστρατηγηκέναι δόξας, οὕτως αὖ πάλιν ἀπημβλύνθη καὶ
προήκατο τὰ πράγματα καὶ τὰς ἐλπίδας, ὥστε πολλάκις λαβὴν
τοὺς Αἰτωλοὺς παρασχόντας ἀνέχεσθαι καὶ περιορᾶν ὥσπερ
κωμάζοντας ἐν τῇ Πελοποννήσῳ μετὰ πολλῆς ἀσελγείας καὶ
θρα(6)σύτητος. αὖθις οὖν τὰς χεῖρας ὀρέγοντες εἰς Μακεδονίαν,
ἐπεσπῶντο καὶ κατῆγον ἐπὶ τὰς Ἑλληνικὰς πράξεις τὸν
Φίλιππον, οὐχ ἥκιστα διὰ τὴν πρὸς τὸν Ἄρατον εὔνοιαν αὐτοῦ
καὶ πίστιν ἐλπίζοντες εὐκόλῳ περὶ πάντα χρήσεσθαι καὶ
χειροήθει.
| [47] Après la mort d'Antigonus, les Étoliens conçurent le plus grand mépris pour les
Achéens, en voyant toute leur lâcheté. L'habitude que ce peuple avait prise de sè
défendre par les mains étrangères, et de se couvrir des armes des Macédoniens,
l'avait plongé dans l'oisiveté et dans l'inaction. Les Étoliens songèrent donc à se
rendre maîtres du Péloponèse : ils y entrèrent en armes, emmenèrent dans leur
marche quelque butin des terres de Patras et de Dyme, se jetèrent ensuite sur le
territoire de Messène, où ils mirent tout à feu et à sang. Aratus, indigné de ces
violences, et voyant que Timoxène, le préteur de cette année, différait de jour en jour
d'aller à l'ennemi; qu'il ne cherchait qu'à gagner du temps, parce que sa préture allait
expirer ; Aratus, dis-je, qui devait le remplacer, avança de cinq jours son entrée
dans cette charge, pour aller au secours des Messéniens. Il assembla sur-le-champ les
Achéens, qui, ayant cessé de s'exercer au métier des armes, et étant peu disposés à se
battre, furent défaits près de Caphyes. Comme Aratus parut, dans cette occasion,
s'être trop livré à son ardeur, cet échec le refroidit si fort, et lui fit perdre
tellement toute espérance, qu'au lieu de profiter des avantages que les Étoliens lui
donnèrent plusieurs fois sur eux, il les laissa se livrer impunément, dans le
Péloponèse, aux plus grands désordres, et se comporter sous ses yeux avec une
extrême licence. LIV. Les Achéens, forcés une seconde fois de tendre les mains
vers la Macédoine, appelèrent Philippe pour lui confier les affaires de la Grèce; dans
l'espérance que son affection et sa confiance pour Aratus leur ferait trouver en lui un
prince doux et traitable, dont il disposeraient à leur gré.
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