[45] Ἤδη δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἐκείνῳ τὰς αἰτίας ἐπέφερον,
οἷον ὅτε τὴν μὲν Κορινθίων πόλιν Ἀντιγόνῳ δωρεὰν ἔδωκαν
ὥσπερ κώμην τὴν τυχοῦσαν, τὸν Ὀρχομενὸν δὲ συνεχώρησαν
αὐτῷ διαρπάσαντι φρουρὰν ἐμβαλεῖν Μακεδονικήν,
ἐψηφίσαντο δ' ἄλλῳ μὴ γράφειν βασιλεῖ μηδὲ πρεσβεύειν πρὸς
ἄλλον ἄκοντος Ἀντιγόνου, τρέφειν δὲ καὶ (3) μισθοδοτεῖν
ἠναγκάζοντο τοὺς Μακεδόνας, θυσίας δὲ καὶ πομπὰς καὶ
ἀγῶνας Ἀντιγόνῳ συνετέλουν, ἀρξαμένων τῶν Ἀράτου
πολιτῶν καὶ δεξαμένων τῇ πόλει τὸν Ἀντίγονον (4) ὑπ' Ἀράτου
ξενιζόμενον, ᾐτιῶντο πάντων ἐκεῖνον, ἀγνοοῦντες ὅτι τὰς
ἡνίας ἐκείνῳ παραδεδωκὼς καὶ τῇ ῥύμῃ τῆς βασιλικῆς
ἐφελκόμενος ἐξουσίας οὐδενὸς ἦν ἢ μόνης φωνῆς ἔτι κύριος,
ἐπισφαλῆ τὴν παρρησίαν ἐχούσης. (5) ἐπεὶ φανερῶς γε πολλὰ
τῶν πραττομένων ἐλύπει τὸν Ἄρατον, ὥσπερ τὸ περὶ τῶν
εἰκόνων· ὁ γὰρ Ἀντίγονος τὰς μὲν τῶν ἐν Ἄργει τυράννων
καταβεβλημένας ἀνέστησε, τὰς δὲ τῶν ἑλόντων τὸν
Ἀκροκόρινθον ἑστώσας ἀνέτρεψε, πλὴν μιᾶς τῆς ἐκείνου· καὶ
πολλὰ περὶ τούτων δεηθεὶς (6) ὁ Ἄρατος οὐκ ἔπεισεν. ἐδόκει δὲ
καὶ τὰ περὶ Μαντίνειαν οὐχ Ἑλληνικῶς διῳκῆσθαι τοῖς Ἀχαιοῖς.
κρατήσαντες γὰρ αὐτῶν δι' Ἀντιγόνου, τοὺς μὲν ἐνδοξοτάτους
καὶ πρώτους ἀπέκτειναν, τῶν δ' ἄλλων τοὺς μὲν ἀπέδοντο, τοὺς
δ' εἰς Μακεδονίαν ἀπέστειλαν πέδαις δεδεμένους, παῖδας δὲ καὶ
γυναῖκας ἠνδραποδίσαντο, τοῦ δὲ συναχθέντος ἀργυρίου τὸ
τρίτον αὐτοὶ διείλοντο, τὰς δὲ δύο (7) μοίρας ἔνειμαν τοῖς
Μακεδόσι. καὶ ταῦτα μὲν ἔσχε τὸν τῆς ἀμύνης νόμον· καὶ γὰρ εἰ
δεινὸν ἄνδρας ὁμοφύλους καὶ συγγενεῖς οὕτω μεταχειρίσασθαι
δι' ὀργήν, ἀλλ' ἐν ἀνάγκαις γλυκὺ γίνεται καὶ τὸ σκληρόν, κατὰ
Σιμωνίδην, ὥσπερ ἀλγοῦντι τῷ θυμῷ καὶ φλεγμαίνοντι (8)
θεραπείαν καὶ ἀναπλήρωσιν προσφερόντων. τὰ δὲ μετὰ ταῦτα
πραχθέντα περὶ τὴν πόλιν οὔτ' εἰς καλὴν οὔτ' εἰς ἀναγκαίαν
ἔστι θέσθαι τῷ Ἀράτῳ πρόφασιν. τῶν γὰρ Ἀχαιῶν τὴν πόλιν
παρ' Ἀντιγόνου δωρεὰν λαβόντων καὶ κατοικίζειν ἐγνωκότων,
αὐτὸς οἰκιστὴς αἱρεθεὶς καὶ στρατηγὸς ὢν ἐψηφίσατο μηκέτι
καλεῖν Μαντίνειαν, ἀλλ' (9) Ἀντιγόνειαν, ὃ καὶ μέχρι νῦν
καλεῖται. καὶ δοκεῖ δι' ἐκεῖνον ἡ μὲν "ἐρατεινὴ Μαντίνεια"
παντάπασιν ἐξαληλίφθαι, διαμένει δ' ἡ πόλις ἐπώνυμος τῶν
ἀπολεσάντων καὶ ἀνελόντων τοὺς πολίτας.
| [45] On le chargeait encore de bien d'autres imputations.
C'était, disait-on, à son instigation que les Achéens avaient remis à Antigonus la ville de
Corinthe, comme si ce n'eût été qu'une simple bourgade; ils avaient souffert que ce
prince pillât Orchomène et y mît une garnison de Macédoniens; ils avaient ordonné,
par un décret public, qu'on n'écrirait, qu'on n'enverrait d'ambassade à aucun roi que
du consentement d'Antigonus; ils s'étaient laissé forcer à nourrir et à payer la
garnison macédonienne; ils faisaient des sacrifices, des libations et des jeux en
l'honneur de ce prince : flatteries dont les concitoyens d'Aratus avaient les premiers
donné l'exemple, en recevant Antigonus dans leur ville par le conseil d'Aratus, qui
lui avait donné à manger dans sa maison. Voilà les reproches qu'on lui faisait, sans
penser que les rênes du gouvernement une fois remises à ce prince, Aratus lui-même,
entraîné par le torrent de la puissance royale, n'était plus maître que de sa voix, dont
il n'aurait pu même sans danger user librement. Il laissait assez voir combien il
était affligé de la plupart des choses que faisait Antigonus, et en particulier de ce qu'il
avait relevé les statues des tyrans, et abattu celles des guerriers qui avaient surpris la
citadelle de Corinthe, sans que les prières d'Aratus pussent l'empêcher : sa statue
seuie avait été exceptée de cette proscription. LII. La conduite que les Achéens tinrent
à Mantinée ne se ressentit pas de l'humanité naturelle aux Grecs. Devenus maîtres de
cette ville par le secours d'Antigonus, ils firent mourir les premiers et les plus
illustres citoyens, et quant aux autres habitants, ils les vendirent ou les envoyèrent en
Macédoine chargés de fers; réduisirent en servitude les femmes et les enfants, les
vendirent, partagèrent entre eux le tiers de l'argent que produisit cette vente, et
distribuèrent aux Macédoniens les deux autres tiers. Il est vrai que toutes ces
injustices étaient dictées par la vengeance ; et quoiqu'il soit affreux d'assouvir
ainsi sa colère sur des hommes de même nation et de même origine, néanmoins,
quand on s'y voit forcé, c'est une douceur, dit Simonide, et non une dureté,
d'accorder ce soulagement et cette satisfaction à un coeur qui souffre et que le
ressentiment enflamme. Ce qu'on fit depuis dans la même ville ne saurait être
justifié; on ne peut donner un prétexte honnête à la conduite d'Aratus, ni la défendre
par aucun motif de nécessité. Antigonus avait donné Mantinée aux Argiens, qui,
ayant résolu de la repeupler, choisirent Aratus pour y établir de nouveaux habitants :
pendant sa préture, il fit décréter que la ville quitterait le nom de Mantinée pour
prendre celui d'Antigonée, nom qu'elle porte encore aujourd'hui. C'est donc lui, ce
semble, qui fut cause que l'aimable Mantinée, car c'est la qualité que lui donne
Homère, ne subsiste plus, et qu'à sa place il est resté une autre ville qui porte le nom
de ceux qui avaient détruit ses habitants.
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