[30] Ὡς δ' οὖν τὸν Ἀρίστιππον ἀνεῖλεν, εὐθὺς ἐπεβούλευσε
Λυδιάδῃ τῷ Μεγαλοπολίτῃ, τυραννοῦντι τῆς ἑαυτοῦ (2)
πατρίδος. ὁ δ' οὐκ ὢν ἀγεννὴς οὐδ' ἀφιλότιμος τὴν φύσιν, οὐδ'
ὥσπερ οἱ πολλοὶ τῶν μονάρχων ἀκρασίᾳ καὶ πλεονεξίᾳ πρὸς
ταύτην ῥυεὶς τὴν ἀδικίαν, ἀλλ' ἐπαρθεὶς ἔρωτι δόξης ἔτι νέος
καὶ λόγους ψευδεῖς καὶ κενοὺς λεγομένους περὶ τυραννίδος, ὡς
μακαρίου καὶ θαυμαστοῦ πράγματος, εἰς μέγα φρόνημα
παραδεξάμενος ἀνοήτως, καὶ καταστήσας ἑαυτὸν τύραννον,
ταχὺ μεστὸς ἦν τῆς ἐκ μοναρχίας βαρύτητος. ἅμα δὲ ζηλῶν
εὐημεροῦντα καὶ δεδοικὼς ἐπιβουλεύοντα τὸν Ἄρατον, ὥρμησε
καλλίστην ὁρμὴν μεταβαλόμενος, πρῶτον μὲν ἑαυτὸν
ἐλευθερῶσαι μίσους καὶ φόβου καὶ φρουρᾶς καὶ δορυφόρων,
εἶτα τῆς πατρίδος εὐεργέτης (4) γενέσθαι. καὶ μεταπεμψάμενος
τὸν Ἄρατον ἀφῆκε τὴν ἀρχήν, καὶ τὴν πόλιν εἰς τοὺς Ἀχαιοὺς
μετεκόμισεν. ἐφ' οἷς μεγαλύνοντες αὐτὸν οἱ Ἀχαιοὶ στρατηγὸν
εἵλοντο. (5) φιλοτιμούμενος δ' εὐθὺς ὑπερβαλεῖν δόξῃ τὸν
Ἄρατον, ἄλλας τε πολλὰς πράξεις οὐκ ἀναγκαίας εἶναι
δοκούσας (6) καὶ στρατείαν ἐπὶ Λακεδαιμονίους παρήγγελλεν.
ἐνιστάμενος δ' ὁ Ἄρατος αὐτῷ φθονεῖν ἐδόκει, καὶ τό γε
δεύτερον ὁ Λυδιάδης στρατηγὸς ᾑρέθη, ἀντιπράττοντος
ἄντικρυς Ἀράτου καὶ σπουδάζοντος ἑτέρῳ παραδοθῆναι τὴν
ἀρχήν· αὐτὸς μὲν γὰρ ὡς εἴρηται παρ' ἐνιαυτὸν ἦρχε. (7) μέχρι
μὲν οὖν τρίτης στρατηγίας ὁ Λυδιάδης εὖ φερόμενος διετέλει,
καὶ παρ' ἐνιαυτὸν ἦρχεν, (μὲν) ἐναλλὰξ τῷ Ἀράτῳ στρατηγῶν·
φανερὰν δ' ἐξενεγκάμενος ἔχθραν καὶ πολλάκις αὐτοῦ
κατηγορήσας ἐν τοῖς Ἀχαιοῖς, ἀπερρίφη καὶ παρώφθη,
πεπλασμένῳ δοκῶν ἤθει πρὸς ἀληθινὴν καὶ ἀκέραιον
ἀρετὴν ἁμιλλᾶσθαι. καὶ καθάπερ τῷ κόκκυγί φησιν Αἴσωπος
ἐρωτῶντι τοὺς λεπτοὺς ὄρνιθας, ὅ τι φεύγοιεν αὐτόν, εἰπεῖν
ἐκείνους, ὡς ἔσται ποθ' ἱέραξ, οὕτως ἔοικε τῷ Λυδιάδῃ
παρακολουθεῖν ἐκ τῆς τυραννίδος ὑποψία, βλάπτουσα τὴν
πίστιν αὐτοῦ τῆς μεταβολῆς.
| [30] XXXVI. Aratus, après la défaite et la mort d'Aristippe,
s'occupa de détruire la tyrannie de Lysiade, qui avait asservi Mégalopolis,
sa propre patrie. Ce Lysiade n'avait pas un coeur bas et insensible à
l'honneur : il ne s'était pas porté à cette usurpation, comme la plupart des autres
tyrans, pour assouvir son intempérance et son avarice; sa jeunesse, et un vif désir de
gloire dont il était animé, lui ayant fait adopter comme vrais ces discours faux et
trompeurs qui représentent la tyrannie comme l'état le plus heureux et le plus digne
d'envie, il s'empara, dans son pays, de l'autorité souveraine. Mais, dégoûté bientôt
des embarras qu'entraîne la tyrannie, enviant le bonheur d'Aratus et craignant aussi
les embûches qu'il lui dressait, il conçut le généreux dessein, d'abord de se délivrer
de ses craintes, de faire cesser la haine qu'on lui portait, de renvoyer sa garnison, ses
satellites, et ensuite de devenir le bienfaiteur de sa patrie. Il invita donc Aratus à
venir le trouver, déposa devant lui le pouvoir dont il était revêtu, et fit entrer
Mégalopolis dans la ligue des Achéens, qui, pleins d'admiration pour sa grandeur
d'âme, le nommèrent préteur. Dès son entrée dans cette charge, l'ambition qu'il eut
de surpasser la gloire d'Aratus lui fit faire plusieurs démarches qui ne paraissaient
pas nécessaires, et en particulier celle de déclarer la guerre aux Lacédémoniens :
Aratus, qui ne voulait pas qu'on la fit, parut n'agir que par envie. Lysiade fut élu
général pour la seconde fois, malgré l'opposition d'Aratus, qui en proposait un autre;
car Aratus, comme nous l'avons dit, ne commandait que tous les deux ans. La faveur
du peuple porta Lysiade à une troisième préture; et il l'exerçait alternativement avec
Aratus : mais enfin, s'étant déclaré l'ennemi personnel d'Aratus et l'ayant accusé
plusieurs fois devant les Achéens, il se fit renvoyer, parce qu'on reconnut qu'avec
une vertu feinte et simulée, il voulait lutter contre une vertu véritable et sincère. Le
coucou, dit Ésope, demandait un jour aux petits oiseaux quelle raison ils avaient de le
fuir. « C'est, lui répondirent-ils, parce que nous craignons que tu ne deviennes
faucon. » Il paraît aussi que la tyrannie de Lysiade avait laissé dans les esprits
quelque soupçon sur la sincérité de son changement.
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